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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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vous offre, je vais vous montrer la gloire éblouissante qui vous attend si nous unissions à jamais nos forces… Dès le lendemain de la mort de Valois, Alexandre Farnèse entre en France.
    – Farnèse ! fit le duc en tressaillant.
    – C’est-à-dire l’armée qui devait débarquer en Angleterre et qui, l’Invincible Armada [10] étant détruite, attend des ordres du roi d’Espagne… à moins que je n’envoie, moi, les miens à Farnèse !…
    L’œil de Guise étincela.
    – Je crois que nous commençons à nous entendre, dit Fausta. Donc, Valois mort, Farnèse vous apporte son épée appuyée de cinq mille lances, douze mille mousquets, dix mille estramaçons de cavalerie, et soixante-dix canons… ce qui, joint aux troupes royales dont vous devenez seul chef, vous constitue l’armée qui vous permet de vous emparer du roi de Navarre. Henri de Béarn pris et… exécuté comme fauteur d’hérésie, vous gagnez les chefs huguenots en leur promettant quelques privilèges… Alors vous êtes à la tête de la plus formidable armée de l’Europe !… Alors vous allez à Reims vous faire couronner dans la vieille basilique !… Alors, par une simple marche triomphale, vous pacifiez le royaume !… Alors enfin vous franchissez les monts. Mantoue, Vérone, Venise, Bologne, Milan, Turin, et enfin Rome tombent en votre pouvoir ! Ce que n’ont pu faire ni Louis XII ni François I er , vous l’accomplissez ; un vaste empire devient votre domaine… Puis, par un retour foudroyant, nous traversons la France, nous marchons sur les Flandres et les Pays-Bas… vous êtes un potentat plus formidable que Charles Quint, vous reconstituez l’empire de Charlemagne, et d’un froncement de sourcils vous faites trembler le monde moderne.
    Guise haletant, Guise, transporté, ébloui, fasciné, prêt à s’agenouiller devant cette femme qu’il rêvait de poignarder quelques minutes avant, Guise s’écria :
    – Pardon !… oh ! pardon !… Je vous ai méconnue !… Et pourtant vous avez accompli déjà de grandes choses !… Mais j’avais un bandeau sur les yeux, je ne vous voyais pas comme je vous vois ! Vous êtes bien la souveraine non seulement par la redoutable puissance occulte dont vous disposez, mais par le génie, par la pensée, par la volonté qui sont les armes des grands conquérants, comme le poignard est l’arme des simples soldats comme moi !…
    A ces mots, le Balafré jeta sa dague, s’agenouilla, courba la tête et dit :
    – Ordonnez, je suis prêt à obéir !…
    Ce rêve éblouissant que Fausta venait de faire miroiter à ses yeux, il était certes capable de le réaliser s’il en avait les moyens, c’est-à-dire l’armée et l’argent. Il n’avait pas seulement le courage et l’audace, il avait encore sur un champ de bataille la sûreté du coup d’œil, la promptitude de la décision, l’habileté du dispositif. Il avait bien toutes les qualités ou tous les vices du
conquistador.
Chef d’Etat, chef d’armée, il eût, dans une ruée à travers l’Europe, égalé ceux que l’histoire appelle des génies conquérants. Seulement, il lui manquait cet Etat, il lui manquait cette armée. Et il n’était pas capable de se le créer : là s’arrêtait son génie…
    Il y a ainsi par le monde des gens à qui il n’a manqué que les cent mille francs de départ pour être de prodigieux remueurs d’argent. Il y a des gens à qui il n’a manqué qu’une armée pour être de grands remueurs de sang. Guise était de ceux-là. Fausta le complétait. Fausta lui ouvrait l’horizon, démolissait la barrière où il était enfermé comme un fougueux étalon, et lui disait : « Tu es libre maintenant de dévorer l’espace en culbutant de ton vigoureux poitrail ceux qui voudraient t’arrêter en route !… »
    – Duc, répondit Fausta en acceptant l’hommage du Balafré avec cette sérénité majestueuse qui lui était particulière, duc, ce n’est pas votre obéissance que je vous demande. Je vous ai indiqué les grandes choses que vous pouvez accomplir, je vous ai montré que sans moi vous n’êtes rien, qu’avec moi vous êtes maître de l’Europe…
    – Que voulez-vous donc ? dit le duc en se relevant.
    – Votre nom ! répondit Fausta.
    – Mon nom !…
    – La moitié de votre puissance. La moitié de votre gloire. M’asseoir près de vous sur le trône où vous allez prendre place !… Etre enfin la reine comme vous allez être le roi !…

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