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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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mais à qui ?…
    – Au roi !… Au roi !… vociférèrent les ligueurs.
    – En effet, messieurs, au roi !… mais non au roi Henri III !… Mais non à Valois !… Puisque nous avons condamné Valois, Henri III n’est plus roi !… C’est donc seulement au roi de la Ligue, au roi que vous choisirez, messieurs, que le duc de Guise a juré parfaite amitié sur l’Evangile et le Saint-Sacrement. Et à mon tour je vous jure que ce serment-là, mais celui-là seulement, il est résolu à le tenir !…
    q

Chapitre 25 LA LETTRE
    L es seigneurs guisards, qui étaient devenus mornes comme s’ils eussent perdu père et mère, en entendant le serment, devinrent instantanément radieux dès qu’ils eurent compris qu’il s’agissait tout bonnement d’un faux. Il ne fut pas besoin d’autre explication. Le serment de réconciliation ne détruisait rien… au contraire, il arrangeait tout.
    Le soir, donc, pendant la grande réception qui eut lieu au château, les gens de la Ligue montrèrent un visage serein, joyeux, et même quelque peu moqueur quand leurs yeux s’arrêtaient sur Henri III.
    Le roi qui dînait d’assez bon appétit contre son habitude, ne remarquait nullement ce qu’il y avait de singulier dans cette attitude des guisards. Mais d’autres le remarquaient pour lui. Et parmi ces autres se trouvaient Ruggieri et Catherine de Médicis.
    L’astrologue assistait au dîner du roi du fond d’un cabinet percé d’un invisible judas à travers lequel il pouvait tout voir. Catherine l’avait mis là en lui recommandant d’étudier la physionomie des Guise. Jamais la vieille reine n’avait éprouvé angoisse pareille. Il y avait un malheur dans l’air. Et ce malheur, elle en lisait la menace sur le visage des guisards.
    Quant au roi, il était tout à la joie de cette réconciliation, non pas parce qu’elle mettait un terme aux maux dont souffrait le royaume, mais parce qu’elle allait lui permettre de rentrer à Paris.
    A la même table que lui avaient pris place le maréchal de Biron Villequier, d’Aumont, Du Guast, Crillon, les trois Lorrains et quelques seigneurs de la Ligue. Les convives étaient fraternellement mêlés les uns aux autres, et si le roi n’eût été assis sur un fauteuil un peu plus élevé que les autres, on ne l’eût pas distingué de ses invités.
    Le reste des seigneurs autorisés à regarder le roi manger se tenait dans la salle du festin, mais parmi eux la fusion ne se faisait pas ; les guisards demeuraient ensemble et les royalistes s’étaient massés d’autre part. C’est ainsi qu’un groupe où se trouvaient Déseffrenat, Chalabre, Montsery, Sainte-Maline et quelques autres des Quarante-Cinq échangeait des regards de provocation avec le groupe de ligueurs où se trouvaient Brissac, Maineville, Bussi-Leclerc, Bois-Dauphin. Quant à Maurevert, il était là aussi, mais sa physionomie demeurait indéchiffrable.
    – Par Notre-Dame de Chartres, à qui en partant j’ai fait cadeau d’une belle chape de drap d’or ! s’écriait à un moment le roi de France, je voudrais bien savoir la figure que ferait le maudit Béarnais s’il nous voyait réunis à la même table !… J’en ris rien que d’y penser !
    Le roi se mit à éclater. Le duc de Guise éclata aussi, puis toute la tablée, puis tous les seigneurs debout.
    – Il me semble que je l’entends, continua le roi. Il en pousserait un ventre-saint-gris !…
    Et Henri III répéta le juron favori du Béarnais en imitant si bien son accent gascon que cette fois les rires partirent d’eux-mêmes et de bon cœur.
    – A propos, sire, savez-vous ce qu’il fait en ce moment ? demanda le cardinal de Guise.
    – Ma foi non. Et vous, duc, le savez-vous ?
    – Non, sire, répondit Henri de Guise qui riait encore, mais mon frère va vous l’apprendre.
    – Eh bien, sire, reprit le cardinal, il est retourné à La Rochelle où il va présider l’assemblée générale des protestants.
    – Quelque chose comme les états généraux de la huguenoterie, fit le roi.
    Lorsque se fut apaisé le murmure d’admiration qu’avait provoqué ce mot de Sa Majesté, Henri III reprit :
    – Nous ne le craignons plus. Qu’il assemble tout ce qu’il voudra. Nous marcherons contre lui, et avec l’aide de Dieu, avec l’aide de notre ami (il regardait le duc), nous le taillerons en pièces.
    – Sire, dit le duc de Guise, s’il plaît à Votre Majesté, nous préparerons cette

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