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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Maurevert ?…
    – Eh ! s’écria Ruggieri, c’est bien simple. Il a sur le cœur de ne pas avoir été récompensé selon son mérite.
    La reine regarda Maurevert qui s’inclina.
    – Et il faut le récompenser, ce digne gentilhomme, reprit Ruggieri. N’est-ce pas, monsieur ?…
    Maurevert s’inclina encore.
    – Et sans doute que pour être plus sûr d’obtenir une récompense digne de vous, continua l’astrologue, sans doute que vous apportez quelque chose à la reine ?…
    – En effet, monsieur… j’apporte quelque chose à Sa Majesté… Je lui apporte… ce que je lui apportai jadis au Louvre, le dimanche soir de Saint Barthélémy…
    – Quoi donc ? fit Ruggieri, tandis que la reine pâlissait.
    – Une tête, répondit Maurevert.
    Un flot de joie sinistre monta à la tête de Catherine, qui en elle-même gronda : « Une tête !… La tête de Guise !… Oh ! je vieillis, puisque je n’ai pas compris tout de suite que si Maurevert se risquait en ma présence, c’était pour trahir son maître ! »
    – Monsieur, continua-t-elle à haute voix, veuillez me suivre. Et toi aussi, mon bon Ruggieri. Tu ne seras pas de trop pour ce qui va se dire…
    La reine traversa la salle à manger, puis le salon où le roi, dans la journée, avait reçu les Guise ; puis elle descendit non par le grand escalier qui donnait sur la cour carrée, mais par un escalier dérobé qui donnait sur son appartement. Cet appartement, situé au rez-de-chaussée, se trouvait juste au-dessous de l’appartement du roi, et en reproduisait la disposition.
    Seulement, au lieu qu’elle dormît dans la chambre qui correspondait à la chambre à coucher de son fils, elle avait fait établir son lit dans une pièce qui était placée au-dessous d’un petit salon qui précédait la chambre royale. Ces détails sont utiles pour la suite de notre récit.
    Catherine de Médicis fit entrer Ruggieri et Maurevert dans un petit oratoire et, ayant renvoyé ses suivantes, s’étant assurée qu’on ne pouvait ni les voir ni les entendre, prit place dans un fauteuil, tandis que les deux hommes demeuraient debout.
    – Que voulez-vous ? dit la vieille reine en fixant son regard sur Maurevert.
    – Pardon, Madame, intervint Ruggieri, Votre Majesté veut-elle me permettre de placer ici un mot ?
    – Parle, mon brave et fidèle ami… parle… tes paroles sont généralement l’écho de ma pensée.
    – Eh bien, fit l’astrologue, il me semble qu’avant de demander à ce gentilhomme ce qu’il veut, nous devons lui demander ce qu’il donne…
    Catherine secoua la tête. Là, elle reprenait toute l’ampleur de sa pensée. Elle devenait supérieure à Ruggieri.
    – Que voulez-vous ? répéta-t-elle à Maurevert.
    – Peu de chose, madame, dit Maurevert. Je me contenterai de trois cent mille livres.
    – C’est peu, en effet, dit Catherine pensive.
    – Cela me suffit pourtant !…
    Et il ajouta :
    – Ce que j’apporte vaut en effet un million. Et ne demandant que trois cent mille livres, j’estime donc à sept cent mille livres le plaisir que j’ai à servir les intérêts de Votre Majesté…
    « Bon ! pensa la reine prompte à comprendre. Il paraît que tu as une rude dent contre le Guise, et qu’au besoin tu le trahirais pour rien !… »
    – Ruggieri, ajouta-t-elle tout haut, fouille dans ce meuble… là… le troisième tiroir… et donne-moi l’un de ces parchemins que tu vois…
    Ruggieri obéit et plaça sur la table, devant la reine, un des parchemins demandés. Ces parchemins, c’étaient des bons sur la cassette royale tout préparés d’avance, scellés du sceau d’Henri III et signés de sa main. La reine le remplit, et la feuille se trouva alors ainsi libellée :
    – « Bon pour la somme de cinq cent mille livres que notre trésorier versera, au vu des présentes, ès main du sire de Maurevert, pour services particuliers rendus à nous… »
    Catherine tendit le bon à Maurevert qui n’eut pas un tressaillement, bien qu’il eût aussitôt remarqué la majoration énorme de la somme qu’il avait indiqué lui-même.
    – Votre Majesté est la générosité même, se contenta-t-il de dire. Mais comme il disait ces mots, il eut un frémissement. En effet, le libellé du bon portait au bas cette formule écrite d’avance :
    « Ladite somme payable à… le… »
    Ni le nom de la ville ni la date n’avaient été remplis par Catherine de Médicis. Dès lors, le bon

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