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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Et maintenant, qu’on me laisse seul.
    Tout le monde sortit, les gentilshommes guisards ou royalistes pour se préparer à la cavalcade projetée, Guise pour s’entretenir dans la cour carrée avec ses deux frères et quelques conseillers, Crillon pour préparer l’escorte royale et montrer aux Lorrains qu’il était en état de ne rien redouter. La reine mère demeura seule auprès d’Henri III.
    – Eh bien, ma mère, dit gaiement le roi, nous allons donc rentrer à Paris ?…
    Catherine demeura silencieuse.
    – Dès que les conférences seront terminées, continua Henri, nous nous mettrons en route. Eh bien, je vous avoue que j’y songe avec plaisir. Je commençais à m’ennuyer !
    – Oui, dit alors la vieille reine, voilà ce qui vous tient le plus à cœur. Rentrer dans Paris ! Reprendre vos amusements favoris dans le Louvre et ailleurs, courir les travestissements, préparer fêtes sur fêtes, au risque de voir se déchaîner encore les bourgeois las de payer vos folies et d’entretenir vos mignons !…
    Henri III bâilla. Il subissait les mercuriales de sa mère comme des radotages de vieille femme.
    – La belle avance, reprit durement Catherine, de rentrer au Louvre, si vous y rentrez diminué, fantôme de roi n’ayant plus qu’une ombre de pouvoir !
    – Et pourquoi serais-je diminué ? Voyons, expliquez-moi cela, ma mère. Vous savez la confiance que j’ai en votre jugement et en vos sages avis.
    – Oubliez-vous donc que les états généraux sont réunis et que la liste des doléances et réclamations, si vous y faites droit, suffit à vous réduire à l’état de roi sans royaume !
    – Bon ! pour un ou deux d’Epernon qu’on me demande de renvoyer !…
    – Et le reste ! les garanties exigées ! le droit accordé à vos pires ennemis de vérifier les finances…
    – Le reste ne compte pas, madame ! Nul ne songe sérieusement à ces doléances qui étaient une façon de me faire sentir la mauvaise humeur de la seigneurie… mais puisque me voici réconcilié avec les Lorrains…
    – Vous croyez donc à cette réconciliation ?
    – Pourquoi n’y croirais-je pas, si M. de Guise le jure sur le Saint-Sacrement ? dit Henri III avec une sincérité qui fit sourire amèrement Catherine.
    Henri III qui fut à coup sûr un roi débauché – Henri III, qui ne cachait nullement son goût pour la débauche, fut certainement le roi le plus sincèrement croyant qu’il y ait eu en France. Sa piété égalait celle de Louis XI. Un serment sur le Saint-Sacrement était donc pour lui la preuve irréfutable de la bonne foi de Guise.
    – Ce n’est pas, ajouta-t-il, que je croie beaucoup aux bons sentiments naturels de M. le duc : je pense au contraire qu’il ne fait ce serment que contraint et forcé. A quoi peut-il aboutir, s’il ne se réconcilie avec moi ? poussé par la Ligue, il faut qu’il se déclare ou rebelle ou sujet fidèle. Il sait trop ce que la rébellion lui coûterait, et il fait sa soumission. Je ne lui en ai donc aucune reconnaissance ; mais toujours est-il que s’il jure la main sur l’autel, je serai bien forcé de le croire !
    – Prenez garde, mon fils !…
    – Oh ! madame, fit le roi se méprenant au sens de cet avertissement, Crillon aura certainement pris les précautions nécessaires… et justement le voici ! ajouta-t-il pour couper court à l’entretien.
    Catherine de Médicis poussa un soupir, jeta un profond regard sur son fils et se retira lentement, tandis que Crillon faisait en effet son entrée dans le salon et annonçait au roi qu’on n’attendait plus que son bon plaisir pour se mettre en route vers la cathédrale…
    Le roi descendit aussitôt dans la cour carrée et sourit à la vue de ses gentilshommes qui formaient une masse imposante, à la vue plus imposante encore des gens d’armes que Crillon avait disposés. Il monta à cheval. Tous l’imitèrent aussitôt.
    Le roi sortit du château précédé d’une fanfare de trompettes, d’une compagnie de mousquetaires et encadré par un triple rang de ses gentilshommes. Le duc de Guise venait immédiatement derrière lui et se trouvait ainsi séparé de ses partisans. Toute cette formidable et brillante cavalcade se dirigea vers la cathédrale dans une sorte de recueillement inquiet. On n’osait parler. Chacun se demandait si cette cérémonie ne cachait pas un guet-apens.
    Le chapitre de la cathédrale prévenu en toute hâte s’était réuni, et revêtu de ses

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