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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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fend le cœur. Peut-être y a-t-il un moyen de tout arranger…
    – Ah ! vous me sauveriez la vie !… Voyons le moyen ?…
    – Ce serait de voir la duchesse tout de suite. Je suis assez bien en cour pour prendre sur moi de la faire éveiller.
    – Partons ! dit le moine. Où demeure la duchesse ?
    – Près du château, répondit Maurevert. Allons, remettez votre froc, et prenez courage : je me charge de tout.
    – Ah ! je puis dire que c’est une heureuse idée que j’ai eue d’entrer au
Grand Saint-Matthieu !
En rentrant au couvent, je mettrai un cierge à la chapelle de ce digne saint dont la protection se manifeste ici…
    – A votre place, j’en mettrais deux, dit Maurevert avec un livide sourire d’ironie. Partons. Suivez-moi, et ne faites pas de bruit. Il est inutile de réveiller l’auberge, vous comprenez ?
    – Mais comment allons-nous sortir ?
    – Vous l’allez voir, dit Maurevert qui, traversant le couloir après avoir éteint les flambeaux, pénétra dans la chambre qui portait le numéro 3, c’est-à-dire la chambre que le moine, sur sa recommandation, avait demandée.
    Maurevert ouvrit la fenêtre. Et alors, frère Timothée put se rendre compte qu’un de ces escaliers extérieurs, comme il y en avait à bien des maisons, partait de cette fenêtre pour aboutir à la rue.
    Si le moine eût été moins tourmenté, et par ses pensées et par le vin, il eût pu s’étonner que Maurevert lui eût justement recommandé cette chambre et non une autre. Mais il n’en pensait pas si long. Il descendit et Maurevert le suivit, en laissant la fenêtre ouverte derrière lui.
    A ce moment-là, il était près de minuit. Loin de se dissiper, comme cela arrive quelquefois dans la nuit, le brouillard était devenu plus opaque. L’obscurité était profonde. Dans les rues de Blois, pas un être vivant ne se montrait. Frère Timothée marchait gravement près de Maurevert.
    « A quoi pense-t-il ? se demandait celui-ci. Se défie-t-il ?… »
    Frère Timothée ne pensait à rien : il cherchait simplement à conserver son équilibre, car le froid le surprenant au sortir de l’hôtellerie, la tête commençait à lui tourner. Maurevert gagna les abords du château, et se mit à contourner les fossés remplis d’eau. Tout à coup, il s’arrêta, et d’une voix étrange :
    – Alors, vous dites que cette lettre est cousue dans l’intérieur de votre froc ?
    – Là ! fit le moine avec un rire épais. Bien malin qui viendrait la chercher là !
    Et il se touchait la poitrine.
    – Et vous dites que c’est grave ?…
    – Tout… ce qu’il y a… de plus grave !
    – Et que vous ne la donneriez à personne au monde ?…
    – Pas même… à vous !…
    – Eh bien ! tu me la donneras tout de même, gronda sourdement Maurevert.
    En même temps, son bras se leva. L’éclair de sa dague traversa l’espace. Au même instant, le moine jeta un grand cri et s’affaissa. La dague de Maurevert avait pénétré dans la gorge de frère Timothée au-dessus de la cuirasse…
    Maurevert regarda autour de lui. Rien ne bougeait… Le cri du malheureux moine, s’il avait été entendu, n’avait éveillé aucune alerte. Froidement, Maurevert se baissa, tâta le froc, sentit le papier, déchira l’étoffe du bout de sa dague, et saisit la lettre… Puis, soulevant le cadavre, il le dépouilla de son froc, et alors il le poussa dans l’eau du fossé. Quant au froc, il l’emporta chez lui.
    C’est ainsi que périt frère Timothée, victime de sa gourmandise et de son dévouement.
    Rentré dans sa chambre, Maurevert ouvrit tranquillement la lettre et se mit à la lire. Voici ce qu’elle contenait :
    « Madame,
    J’ai l’honneur et la joie d’aviser Votre Altesse Royale que notre homme s’est soudainement décidé à se mettre en route pour Blois. Il emporte le poignard, le fameux poignard qui lui fut octroyé par l’ange que vous connaissez.
    Si Valois en réchappe, cette fois, il faudra qu’il ait le diable au corps. Je ne sais si l’homme aura le courage de vous venir voir, et c’est pourquoi je vous préviens. Il serait à souhaiter que Votre Altesse Royale pût le découvrir dans Blois et lever ses derniers scrupules, s’il en a : je crois qu’un regard de vous y suffira.
    Je vous prie d’observer qu’il est accompagné d’un gentilhomme qui sans aucun doute est des nôtres. Grand, robuste, fière tournure, l’œil froid et moqueur, ce gentilhomme m’a paru

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