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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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posséder toutes les qualités d’audace, de vigueur et de sang-froid nécessaire pour le grand acte.
    Je suis, madame, de Votre Altesse Royale, le très dévoué serviteur, et j’espère qu’au jour prochain de la victoire, je ne serai pas oublié dans les prières que vous adresserez à votre illustre frère. En attendant, j’adresse les miennes au ciel. »
    La lettre portait comme signature un signe sans doute convenu et servant de pseudonyme. Comme on le voit, Bourgoing donnait déjà de l’Altesse royale à la duchesse, comme si Guise eût été sur le trône.
    Ayant achevé sa lecture, Maurevert replia la lettre, la plaça dans son pourpoint, s’enveloppa de sa cape, éteignit le flambeau qu’il avait allumé, et murmura :
    – Il faut que la vieille Médicis ait cela tout de suite… d’abord parce que cette lettre complète la première, ensuite parce qu’il faut que je m’en débarrasse à l’instant… Allons au château !
    Malgré ses paroles, il ne bougea pas. Debout dans les ténèbres, enveloppé de son manteau, il réfléchissait profondément. Et parfois un frisson le parcourait. Un quart d’heure se passa sans qu’il eût fait un geste.
    – Voyons, gronda-t-il tout à coup, relisons. C’est une pensée insensée qui m’a traversé l’esprit quand j’ai lu ces mots…
    Il battit le briquet et ralluma son flambeau. Et il se remit à lire, la tête dans ses deux mains. Il ne relisait qu’un passage, toujours le même. Et tout ce qui était relatif au meurtre du roi lui était indifférent.
    Un bruit dans le couloir, une planche qui venait de craquer sans doute, le fit tressaillir violemment. Il se leva d’un bond, la dague au poing, l’œil exorbité, la sueur au front…
    « On a marché là !… qui vient de marcher ?… »
    Au bout d’un temps qui fut sans doute assez long, ses nerfs se détendirent… Le flambeau à la main, il alla examiner le couloir… Il n’y avait personne. Alors, de nouveau, il plaça la lettre dans sa poitrine, éteignit la lumière, et comme tout à l’heure, murmura :
    – Allons…
    Mais il ne bougea pas. Et dans les ténèbres profondes, seul, immobile, le menton dans une de ses mains, il se reprit à méditer.
    Est-ce que Maurevert avait des remords ?… se repentait-il de sa trahison ?… Etait-ce le spectre du moine qui déjà assiégeait sa conscience ?… Ou simplement cherchait-il le parti qu’il pouvait tirer de la lettre ?… Balançait-il, au dernier moment, entre Guise et Valois ?… Rien… non ! rien de cela !…
    Ce n’était ni le calcul de l’ambition ou du lucre, ni le remords qui l’immobilisait dans les ténèbres… c’était la peur !… Car lorsqu’il se décida enfin à se mettre en route, bas, très bas, comme s’il eût redouté de s’entendre lui-même, il murmura :
    – Celui qui doit tuer le roi est accompagné d’un gentilhomme… l’œil froid et moqueur… fière tournure… grand… robuste… qui est ce gentilhomme ?…
    Lorsqu’il eut descendu l’escalier extérieur qui aboutissait à la chambre n° 3, lorsqu’il eut fait cent pas dans la rue, il s’arrêta encore et haussa violemment les épaules :
    – Allons donc ! gronda-t-il. Ce ne peut être lui !… Pourquoi serait-ce lui ?…
    Et arrivé devant le porche du château, vers lequel il s’était machinalement dirigé sans doute, la même préoccupation n’avait cessé de le hanter jusqu’à lui faire oublier le motif de sa visite nocturne, car il prononça sourdement :
    – La Cité était cernée de toutes parts. Un renard n’eût pas trouvé le moyen d’en sortir. La Seine était surveillée. Près de quatre cents hommes sont restés sur les bords et dans les barques jusqu’au soir. Il est mort…
    Furieusement, il crispa les poings et gronda :
    – Oui !… Mais alors… pourquoi n’a-t-on pas retrouvé le cadavre ?…
    – Au large ! cria une voix dans la nuit.
    C’était la sentinelle placée devant le porche, qui venait d’apercevoir Maurevert. Celui-ci tressaillit, s’enveloppa de son manteau jusqu’à cacher son visage et, de sa place, dit tranquillement :
    – Prévenez M. Larchant qu’il y a un courrier pour Sa Majesté. Larchant, c’était le capitaine des gardes qui, sous le commandement direct de Crillon, veillait à la sûreté du château.
    Ces mots « arrivée d’un courrier pour le roi » avaient le pouvoir de tout mettre en mouvement. Maurevert le savait.
    La sentinelle appela,

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