Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
sans que rien pût faire comprendre si elle était satisfaite, ou simplement émue.
    – C’est bien, dit-elle, retire-toi, et va te reposer. Tu as agi en fidèle serviteur et en bon diplomate.
    L’homme se releva, s’inclina devant Fausta et disparut. Alors Fausta demeura pensive.
    Elle considérait cet étui d’argent d’un regard morne, et comme s’il eût contenu sa condamnation. Enfin, elle l’ouvrit, en tira un parchemin scellé aux armes pontificales de Sixte-Quint, et le lut attentivement par deux fois.
    C’était bien ce que le messager avait annoncé : l’acte cassant le mariage du duc de Guise et de Catherine de Clèves. Il n’y manquait que la signature du duc.
    Lorsqu’elle eut terminé cette lecture, Fausta appela. Sa suivante Myrthis parut.
    – Est-ce qu’il est venu ? demanda-t-elle.
    – Pas encore, répondit la suivante.
    – Et le vieux Bourbon ?
    – Il ne doit venir qu’à onze heures et demie.
    – Quand il arrivera, fais-le entrer où tu sais, ainsi que Mayenne et le cardinal de Guise. Je pense que tout a été apprêté dans le grand salon ?
    – Vos instructions ont été suivies à la lettre.
    – Dès que le duc arrivera, fais-le entrer ici. Et les autres, là…
    Myrthis se retira. Fausta alla ouvrir la porte qui ouvrait sur le grand salon. Il régnait là une demi-obscurité. Deux flambeaux étaient allumés. Mais cette faible lumière suffisait sans doute à Fausta, qui, de la porte, sans s’avancer, examina quelques minutes l’immense salle déserte.
    Alors, elle poussa un long soupir, referma la porte avec beaucoup de soin, et revint se placer dans le fauteuil qu’elle occupait tout à l’heure.
    – Le 23, à dix heures du soir ! murmura-t-elle sourdement, résumant dans ce mot les pensées qui l’assiégeaient.
    Cela voulait dire : Ce jour-là, Henri de Valois sera mort. Ce jour-là, Henri de Guise sera roi, et moi reine de France.
    – Reine ! poursuivit-elle. Reine de ce beau royaume, dotée d’une puissance qui, dans mes mains, peut devenir un instrument redoutable ! Oui, c’est quelque chose… mais ce n’est pas tout !…
    – Monseigneur le duc de Guise ! annonça une voix.
    Fausta releva lentement la tête, et vit le duc qui s’inclinait devant elle. Il était nerveux, agité. Cette fièvre spéciale qui saisit les grands criminels au moment de l’action irréparable mettait une flamme sombre dans son regard, et sur son front couvert d’une ardente rougeur, la large cicatrice de sa blessure apparaissait livide.
    – Me voici à vos ordres, madame, dit le duc d’une voix où perçait une sourde impatience. Mais vraiment n’eût-il pas mieux valu ne plus nous voir jusqu’au jour…
    Il s’interrompit.
    – Jusqu’au jour où Henri III va succomber, acheva la Fausta avec une froideur glaciale.
    Le duc s’inclina.
    – C’est-à-dire, continua-t-elle, jusqu’au jour où je dois unir ma destinée à la vôtre, duc !
    Guise tressaillit. Il y eut entre ces deux personnages un moment de silence gros de menaces. Ainsi, dans les ciels de plomb qui pèsent parfois sur la terre, règnent de ces silences angoissants, à la minute qui précède le coup de tonnerre. Voyant que Guise ne relevait pas les paroles qu’elle venait de prononcer, Fausta reprit :
    – Ainsi, mon duc, tout est prêt… grâce à moi. Le filet est bien tendu. La trame en est serrée. Valois doit mourir. Ce que vous n’eussiez jamais osé préparer, je l’ai préparé, moi. J’ai distribué à chacun son rôle. J’ai disposé le guet-apens de façon que pas même l’intervention divine ne puisse sauver Valois, c’est-à-dire vous empêcher d’être roi, vous !
    – Tout cela est vrai, madame, dit Henri de Guise d’une voix altérée, et ses sourcils se froncèrent. C’est vrai, là où nous autres hommes nous hésitions, vous avez déployé l’audace froide et l’implacable méthode d’une grande conquérante. Là où nos cerveaux, à nous autres batailleurs, s’obscurcissaient, le vôtre a vu clair. Vous avez tout prévu, tout agencé dans les moindres détails. Je le confesse, madame… Si Valois meurt, c’est peut-être mon bras qui le frappe, mais c’est vous qui le tuez.
    – Je voulais vous entendre dire ces vérités, dit Fausta. Mais vous savez que ce n’est pas tout. Vous savez que j’ai envoyé un courrier à Alexandre Farnèse. D’après les dates que j’avais prévues, Alexandre Farnèse, à cette heure, est sûrement en

Weitere Kostenlose Bücher