Fausta Vaincue
de répudier Catherine de Clèves qui le trompait et faisait de lui le mari le plus ridicule de France, mais il se voyait deviné par la terrible Fausta, et il était dès lors en son pouvoir.
Le regard qu’il jeta à Fausta fut tel que celle-ci vit clairement que la corde était tendue à se rompre, et que le Balafré était sur le point de lui sauter à la gorge. Mais elle était de ces intrépides joueuses qui risquent le tout pour le tout. Mourir ou s’assurer de la puissance ! Elle appuya plus rudement son doigt sur le parchemin et répéta :
– Signez !… Signez, duc. Dans quelques minutes, il sera trop tard ! Le Balafré grinça les dents. Il se courba lentement sur la table, et de sa grosse écriture violente signa !… Alors Fausta alla ouvrir la porte du grand salon à double battant. Et le salon immense apparut, vivement éclairé.
Aux yeux de Guise, alors, un spectacle étrange se montra. Au fond du salon, un autel avait été dressé… ce n’était plus un salon, c’était une chapelle !… Sur l’autel, près du tabernacle, le vieux cardinal de Bourbon attendait, prêt à célébrer la messe.
Le cardinal de Guise, le duc de Mayenne, la duchesse de Nemours, la duchesse de Montpensier étaient assis dans des fauteuils et semblaient attendre une cérémonie qu’ils connaissaient d’avance. Alors, Fausta se tourna vers le Balafré, atterré de ce qu’il voyait et devinait, et elle dit :
– Duc, donnez la main à votre fiancée et conduisez-la à l’autel !…
Le duc eut un mouvement de recul, avec un soupir, une sorte de râle furieux. Une fois encore, son regard de meurtre se posa sur Fausta… Mais, comme tout à l’heure, cette résistance se brisa sous le regard noir, flamboyant et dominateur de Fausta. Et livide, la rage au cœur, il tendit sa main à Fausta…
Ils marchèrent à l’autel.
Le premier geste de Fausta fut de tendre au cardinal de Bourbon la bulle de divorce. Et alors la messe commença… la messe de mariage qui unissait Fausta au duc de Guise !…
« Maintenant, gronda-t-elle en elle-même, maintenant, je suis reine de France ! Maintenant, je tiens le pouvoir ! Maintenant, le monde va connaître la conquérante. Maintenant, nulle puissance ne peut m’empêcher de devenir la suprême impératrice dans l’empire de Charlemagne reconstitué par moi !… »
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Chapitre 34 L’EFFONDREMENT
L a chambre du roi donnait sur la cour carrée. En avant, il y avait une antichambre. Et en avant de cette antichambre, c’était le salon dans lequel nous avons introduit le lecteur. Ainsi donc, après avoir franchi le porche du château de Blois et monté le grand escalier, on arrivait à ce salon. Nos lecteurs n’ont pas oublié que lorsque le roi tenait conseil dans le salon, les gentilshommes de Guise l’attendaient sur l’escalier, ou sur la terrasse de la Perche aux Bretons, ou enfin dans la cour carrée.
En entrant dans le salon et en allant chercher la porte du fond à droite, on se trouvait dans l’antichambre du roi. C’est cette antichambre qui devient en ce moment le centre de notre scène. Il s’y ouvrait trois portes. L’une par laquelle nous venons d’entrer et qui ouvrait sur le salon. La deuxième en face, qui ouvrait sur la chambre à coucher du roi. La troisième, à gauche, qui ouvrait sur un cabinet donnant sur une cour intérieure.
A la suite de ce cabinet, qui était vaste et spacieux, il y avait une autre pièce qui donnait sur un escalier d’intérieur. Cet escalier aboutissait en haut aux combles du château, et en bas à l’appartement de Catherine de Médicis.
Maintenant, retenez ceci : lorsque Guise, ayant monté l’escalier, trouvait le roi dans le salon, il s’arrêtait là, naturellement, et laissait dans l’escalier la formidable escorte qu’il amenait toujours avec lui. Mais lorsque le conseil privé ne se tenait pas dans le salon, le Balafré gagnait l’antichambre royale après avoir fait entrer son escorte dans le salon.
Dans l’antichambre, voici ce qui se passait régulièrement. Il y avait là toujours des courtisans, et Guise demandait :
– Où est Sa Majesté ?
Alors quelqu’un montrait toujours du doigt, soit la porte de la chambre à coucher, soit la porte du cabinet de travail. Selon l’une ou l’autre indication, le Balafré traversait l’antichambre, soit droit devant lui pour aller à la chambre du roi, soit en obliquant à gauche pour gagner le cabinet. Et il entrait familièrement,
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