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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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au temps où Moïse d’un coup de baguette faisait jaillir l’eau des rochers, et j’ai beau chercher, je ne vois pas comment je pourrai donner quelque satisfaction aux innombrables créanciers de ce malheureux couvent.
    – Ne parlons que de vous, dit Fausta. Combien dépensez-vous en une année ?…
    – Hélas ! j’ai perdu l’habitude du luxe… c’est tout au plus si pour ma personne et mon entourage direct je dépense vingt-mille livres par an…
    – Le couvent étant doté de deux mille et en supposant qu’il en dépense dix, où trouvez-vous les vingt-huit mille livres dont vous avez besoin.
    Claudine ne put retenir un léger rire. La question que Fausta lui posait si gravement n’avait qu’une réponse possible. Elle ne la fit pas, et sous le regard clair, ferme et lumineux de celle qui lui parlait ainsi, se contenta de hausser légèrement les épaules. En même temps, ses yeux tombèrent sur la liste qu’elle avait rejetée sur la table où elle écrivait. Fausta vit la direction de ce regard, saisit la feuille dans ses mains, la parcourut, reposa lentement le papier sur la table et doucement murmura :
    – Pauvre femme !…
    Ce mot de pitié empourpra les joues de Claudine comme l’eût fait un outrage. Peut-être Fausta avait-elle voulu et cherché cette révolte de l’orgueil naturel.
    – Madame, dit Claudine d’une voix tremblante, tandis que deux larmes perlaient à ses paupières, est-ce ma faute ?… Riche, je serais libre tout au moins de mon corps ; pauvre, d’une telle pauvreté que souvent il n’y a pas de pain ici, je…
    Elle s’interrompit brusquement, puis reprit en se redressant :
    – Lorsque la cellerière [6] vient me dire que ces pauvres filles ne dîneront pas le soir, lorsque je sais que depuis deux, quelquefois trois jours, le feu est éteint dans la cuisine du couvent, alors, madame, je regarde autour de moi, et comme je n’ai plus de bijoux à vendre, je vends… ce que je puis !
    Parole sublime, ô jolie Claudine de Beauvilliers !
    – Au surplus, continua l’abbesse, il est certain que j’ai fait beaucoup pour M. de Guise. Qu’a-t-il fait pour moi ?… J’ai amené à la Ligue des gentilshommes dont le concours lui est précieux. Je lui ai donc donné tout ce que je pouvais lui donner. Que m’a-t-il donné, lui ? Des promesses… C’est peu, madame !
    – Pour un peu, dit froidement Fausta, vous passeriez au parti royal…
    – Au parti de Valois ! Et même à celui de Navarre ! Nous voulons vivre, madame ! Je veux vivre ! Qui donc saurait m’en faire un crime ?…
    Claudine était au point où l’avait voulu Fausta.
    – Mon enfant, dit celle-ci avec une grande douceur, vous êtes donc à bout de forces et de patience ?
    – Je crois que beaucoup, dans la Ligue, sont comme moi, madame ! Et que serais-je devenue depuis ces temps de trouble où… pardonnez-moi, madame !…
    – Parlez franchement. Je le veux !…
    – Eh bien !, vous avez deviné la nature de mes ressources. Mais depuis que M. de Guise tient Paris…
    Claudine s’arrêta encore…
    – Vos amants songent plus à se harnacher ou à courir aux conciliabules qu’à chercher les joies de l’amour, dit tranquillement Fausta.
    – C’est cela même, madame, fit Claudine stupéfaite et souriante. Que serais-je donc devenue si vous n’aviez eu pitié de moi et de ma pauvre abbaye ?…
    – Voyons, dit Fausta avec une sorte de bonhomie, vous disiez qu’il vous manquait…
    – Je ne le disais pas, madame, mais il me manque six mille livres…
    – En sorte que si je mettais encore à votre disposition une vingtaine de mille livres…
    – Ah ! madame ! je serais sauvée… pour cette fois encore ! s’écria Claudine dont les yeux étincelèrent de joie.
    – Et vous pourriez attendre patiemment le grand événement !…
    – Certes !… surtout s’il ne se fait pas trop désirer, ajouta Claudine en riant.
    – Eh bien !, écoutez, mon enfant. Dans peu de jours… prenons une date  : le vingt-deux d’octobre, par exemple…
    – Ce jour me convient, madame.
    – Eh bien !, ce jour-là, envoyez en mon palais un homme sûr : il vous rapportera les deux cent mille livres convenues.
    Claudine fit un bond.
    – Qu’avez-vous, mon enfant ? demanda paisiblement Fausta.
    – Vous venez de dire… balbutia Claudine… mais c’est une erreur…
    – J’ai dit deux cent mille livres, et ce n’est pas une erreur…
    Claudine de

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