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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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sauver… je les tiens tous !… »
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Chapitre 12 LA FILLE
    F austa entra alors dans le couvent par la grande porte et se fit conduire chez l’abbesse, laquelle la reçut comme toujours avec ce mélange d’inquiétude et de respect qu’elle avait pour ce personnage énigmatique.
    Fausta était-elle vraiment la puissance mystérieuse devant laquelle il faut s’incliner ? Ou simplement une intrigante ?… Plus d’une fois Claudine de Beauvilliers s’était posé cette question. Or, que voulait Claudine ? Que son couvent fût enrichi, ce qui signifiait qu’elle-même serait riche.
    Nature légère, insoucieuse, incapable de méchanceté, plus incapable encore d’approfondir, la future maîtresse d’Henri IV bornait son ambition à une existence de luxe et de jouissances. Elle adorait la bonne chère, les bijoux, le linge délicat, les vêtements somptueux, enfin tout ce que peut aimer une femme de cour, mais ce que l’abbesse, de par sa profession et ses vœux, n’eût pas dû désirer.
    Aimant tout cela, on conçoit donc l’impatience avec laquelle la jolie abbesse attendait la réalisation des promesses que lui avait faites Fausta.
    Elle était dans le secret de la grande conspiration. Elle savait que Valois était condamné et que le duc de Guise devait régner. De l’avènement de Guise devait dater sa fortune.
    Ils étaient ainsi une foule, dans la Sainte Ligue, qui attendaient la fortune d’un changement de roi. A cet égard, il n’y a rien de changé et dans chaque parti qui se forme, on escompte le prochain changement de gouvernement.
    Claudine de Beauvilliers savait que son abbaye serait richement dotée par le nouveau roi. Elle savait d’autre part l’influence certaine de Fausta sur le duc de Guise. C’était plus qu’il n’en fallait pour témoigner à la mystérieuse Fausta un respect et une obéissance très sincères. Mais, au fond, elle ne comptait guère sur cette fortune à venir que comme on compte sur un héritage problématique.
    De là chez elle cette inquiétude, ces soudaines familiarités, ces respects exagérés, lorsqu’elle se trouvait en présence de Fausta. De cet état d’esprit, il résultait que Claudine de Beauvilliers avait accepté de se constituer la geôlière de la petite bohémienne Violetta, mais qu’en somme elle n’exerçait qu’une surveillance sans conviction sur sa prisonnière. Elle s’était déchargée de ces soins humiliants sur deux vieilles nonnes qu’elle avait jugées très aptes au métier de surveillantes.
    Ces vieilles sœurs à qui il ne restait presque rien de leur profession, pas même le costume, le lecteur les a vues à l’œuvre : c’étaient Mariange et Philomène. Elle avait vaguement entendu dire que les deux geôlières se faisaient aider par deux grands diables de truands d’aspect assez terrible ; mais la présence de ces deux hommes dans l’enclos ne l’avait que médiocrement effarouchée.
    Il est probable que si Fausta avait parfaitement connu l’insouciance de Claudine, elle ne lui eût pas confié la garde d’une prisonnière à laquelle elle tenait tant. Mais Fausta était comme tous ceux qui sont armés d’un pouvoir, et qui, rapidement, en arrivent à se figurer que tous leurs serviteurs leur sont dévoués.
    Lorsque Fausta entra chez l’abbesse, celle-ci était en train d’établir ses comptes. Et, navrée, elle constatait qu’il lui manquait six mille livres pour arriver à gagner la fin de l’année.
    Le couvent était doté de deux mille livres par an, mais depuis la fuite d’Henri III, le trésor royal était fermé. Ce n’était plus la pauvreté… C’était la misère. En sorte que très bravement, mais non sans ennui, Claudine passait en revue les noms des gentilshommes fortunés auxquels elle pouvait faire appel.
    Cette liste… de financiers était sous ses yeux, et Claudine la lisait attentivement lorsque Fausta parut. Claudine se leva et fit la révérence.
    – Que faisiez-vous là, mon enfant ? demanda Fausta qui, plus jeune que Claudine, pouvait cependant employer ce terme sans qu’il étonnât dans sa bouche.
    – Hélas ! madame, dit Claudine en poussant elle-même un fauteuil dans lequel Fausta s’assit, je révisais les comptes de l’abbaye…
    – Et vous trouviez ?…
    – Que nos pauvres sœurs mourront de faim sûrement, s’il ne nous tombe quelque manne du ciel…
    – Dieu a nourri son peuple dans le désert, dit gravement Fausta.
    – Nous ne sommes plus

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