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Faux frère

Faux frère

Titel: Faux frère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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était une affaire différente. La vieille dame avait-elle découvert quelque chose ? Avait-elle surpris le criminel ?
    Corbett parcourut du regard Cheapside qui s’animait : il apercevait déjà les perruques aux couleurs criardes et les habits clinquants des prostituées. La journée s’assombrit, soudain. Il se souvint des mutilations qu’avait mentionnées Maeve et l’inquiétude s’empara de lui.
    Ses adversaires habituels – de Craon ou tout autre criminel calculateur – agissaient pour des motifs que la raison comprenait. Mais cet homme ? Son gibier était-il un dément, comme celui qu’avait décrit Ranulf la veille, un fou, habité par la haine viscérale et perverse des femmes, qui trouvait plus facile de s’attaquer à de pauvres filles de la rue, mais qui pouvait changer d’avis et frapper n’importe quelle dame seule et vulnérable ? Corbett eut envie de faire demi-tour et de rentrer chez lui. Il avait l’impression d’être sur le seuil d’un bâtiment très sombre, parcouru par un dédale de couloirs noyés dans l’ombre où le guettait un tueur. « O Seigneur ! pria-t-il, faites que je m’en sorte sans dommage ! Seigneur ! Délivrez-moi des pièges du chasseur ! »
    Au Guildhall, son humeur chagrine ne fut guère égayée à la vue d’un huissier qui, sur les marches, mettait aux enchères les pauvres biens d’un pendu : une table en piteux état, deux chaises bancales, un matelas éventré, deux dés à coudre, des chausses, une chemise, un pourpoint et une coupe d’étain cabossée, incrustée d’argent. L’homme, apparemment, avait pillé une église, mais son complice s’était enfui. Aussi un ecclésiastique d’assez piètre allure, tenant un cierge d’une main et une sonnette de l’autre, proclamait-il son excommunication d’une voix de stentor en l’accompagnant d’un torrent de malédictions.
    — Qu’il soit maudit où qu’il se trouve ! Chez lui ou aux champs, sur une route ou un sentier, dans la forêt ou sur l’eau ! Qu’il soit maudit, mort ou vif ! Qu’il soit maudit quand il mange, boit, dort, chemine, travaille ou se repose ! Qu’il soit maudit debout ou assis, quand il a faim et soif, quand il urine, défèque et saigne ! Que la malédiction retombe sur sa tête, ses tempes, son front, sa bouche, sa poitrine, son coeur, ses parties viriles, ses pieds et ses orteils !...
    Et la litanie terrifiante et tonitruante n’en finissait pas.
    — Je suppose, glissa Ranulf à Corbett, que le pauvre diable sait à quoi s’en tenir à présent !
    Corbett lui lança les rênes en réprimant un sourire.
    — Laisse nos montures dans une taverne proche et rejoins-moi à l’intérieur !
    Un mendiant, les traits dissimulés sous un masque et un capuchon, était recroquevillé sous le porche du Guildhall et implorait la charité d’une voix de crécelle. De l’autre côté, un colporteur vendait de jolis rubans. Corbett s’arrêta et leur fit signe de déguerpir.
    — Je vous connais ! déclara-t-il d’une voix égale. Vous êtes des simulateurs, des fraudeurs ! Si je m’occupe du mendiant, l’autre me délestera de ma bourse.
    Les deux misérables détalèrent. Corbett longea un couloir et traversa une cour pour gagner la résidence. Le Guildhall proprement dit n’était qu’un vaste terrain ceint d’un mur, où se dressait une grande demeure à deux étages, entourée d’autres bâtiments. Corbett attendit que Ranulf le rejoignît. Ils gravirent un escalier de bois branlant et pénétrèrent dans une immense salle aux murs chaulés où des clercs travaillaient d’arrache-pied sur de grands rouleaux de parchemin et de vélin, étalés sur une table. Aucun ne broncha à l’entrée de Corbett et de Ranulf, mais un personnage corpulent et grassouillet, assis au fond de la pièce, se leva et s’avança en se dandinant. Corbett reconnut la face rubiconde et joufflue, l’habit mal coupé et le surcot maculé de taches de graisse.
    — Messire Nettler !
    Corbett tendit la main. Nettler, shérif des quartiers nord de la ville, la serra, ses yeux bleus larmoyants brillant de joie.
    — Nous vous attendions, Hugh. Les lettres du roi sont arrivées hier soir.
    Il lorgna les scribes et baissa la voix :
    — On ne peut faire confiance à personne. Le tueur pourrait être ici, dans cette pièce. Je ne veux pas me charger de cette mission. C’est l’un de mes assistants qui va vous conseiller. Venez ! Venez !
    Ils sortirent à sa

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