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Faux frère

Faux frère

Titel: Faux frère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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direction du Guildhall.
    La journée promettait d’être belle. Marchands et apprentis abaissaient déjà leurs étals, fixant les poteaux, relevantles auvents et exposant leurs marchandises. L’air s’emplissait de la fumée de charbon de bois qui s’échappait des cabanes d’artisans derrière Cheapside.
    Les charrettes, chargées de l’approvisionnement de la cité, roulaient à grand fracas sur les pavés, leurs conducteurs claquant du fouet et invectivant leurs chevaux. Des vendeurs, en justaucorps de toile ou de cuir, ne perdaient pas de vue les mendiants tapis dans les coins d’ombre entre les maisons. Ceux-là étaient des simulateurs, pas de vrais malheureux, mais des gueux, des fraudeurs, prêts à de petits larcins avant que le commerce ne batte son plein. Quatre hommes de guet amenèrent, d’un pas martial, un groupe de voyous, d’ivrognes, de voleurs, de prostituées débraillées et de mauvais garçons vers la Grande Citerne, près de laquelle la plupart passeraient toute la journée enfermés dans une cage où ils seraient en butte aux quolibets des honnêtes citoyens dont ils avaient troublé le sommeil.
    Lorsque les cloches de St Mary-le-Bow commencèrent à carillonner, Corbett leva les yeux et vit que l’on éteignait l’énorme fanal qui servait de repère aux Londoniens pendant la nuit. Puis d’autres cloches se mirent en branle, appelant les fidèles à l’office de prime. Ranulf se délecta du spectacle qui l’entourait, mais bien vite, en jetant un regard noir vers son maître, il se plaignit à haute et intelligible voix d’avoir l’estomac dans les talons. Ils s’arrêtèrent à l’étal d’une rôtisserie et, les rênes négligemment enroulées autour du bras, ils avalèrent du boeuf bien épicé, servi dans de petites écuelles. Ranulf parla de son fils, fruit illicite d’une de ses innombrables aventures amoureuses. Corbett l’écouta attentivement. Ranulf aurait aimé que son enfant passât quelque temps dans la maison de Bread Street. Corbett sourit bravement, mais sentit le coeur lui manquer. Lord Morgan, Ranulf et le rejeton de Ranulf... la paix et l’harmonie de son foyer seraient irrémédiablement compromises !
    Corbett avala un morceau de viande puis se rinça les doigts dans un bol d’eau de rose présenté par un gamin hâve dont les yeux lui dévoraient le visage. Il semblait crever de faim, aussi le clerc lui glissa-t-il une piécette en lui disant :
    — Achète-toi de quoi manger, mon garçon !
    Il s’essuya les mains sur un linge et s’assura que l’enfant lui obéissait. Puis ils descendirent Cheapside à pied, marchant près de leurs chevaux. Corbett écoutait d’une oreille distraite la description enthousiaste que Ranulf faisait de son fils, tout en se remémorant les événements de la nuit : après des ébats passionnés et fous, Corbett et Maeve étaient descendus dans la cuisine se restaurer un peu, avant de retourner se coucher. Il se rappela le ton badin de Maeve et ses commérages à lui sur la vie à la Cour. Son épouse, pourtant, avait pris l’air grave en apprenant les raisons de son retour à Londres.
    — J’ai entendu parler de ces crimes ! avait-elle déclaré en s’asseyant sur le lit et en s’enveloppant dans les draps. D’abord, personne n’y a prêté attention. Dans la capitale, des prostituées sont tuées ou disparaissent sans que cela empêche quiconque de dormir, mais, avait-elle ajouté en hochant la tête, la mort de ces femmes, la façon dont elles ont péri... est-ce vrai que...
    — ... Que quoi ? avait demandé Corbett, l’esprit soudain en éveil.
    — On dit que l’assassin...
    Maeve avait ramené les genoux contre son menton en frissonnant.
    — On dit que ce tueur mutile les corps.
    Corbett lui avait jeté un coup d’oeil surpris :
    — Qui vous a raconté cela ?
    — C’est la rumeur. Nombre de dames, maintenant, ont peur de sortir le soir, mais le dernier crime a eu lieu pendant la journée.
    Maeve lui avait appris alors le meurtre d’une fille de joie retrouvée mutilée, sous le porche d’une église près de Greyfriars.
    Corbett avait doucement caressé son bras nu.
    — Pourquoi avoir peur ? C’était toutes des putains et des courtisanes.
    — Et alors ?
    Maeve avait relevé la tête d’un mouvement vif.
    — Ce sont des femmes quand même et Lady Somerville n’était pas une ribaude.
    Corbett s’était tu. Il était quasiment sûr que la mort de Lady Somerville

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