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Faux frère

Faux frère

Titel: Faux frère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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hameaux d’origine.
    Corbett ressentit la compassion sous les paroles laconiques de Lady de Lacey, sa sincère sollicitude pour des êtres plus infortunés qu’elle. Il comprit que la congrégation existait déjà depuis au moins vingt ans et qu’elles avaient tissé des liens étroits avec les hôpitaux St Barthélémy et St Antoine où les médecins prodiguaient des soins gratuits tandis que la guilde des apothicaires leur vendait herbes médicinales et remèdes à prix très réduit. Quelle différence, songea Corbett, avec les têtes de linotte que l’on voyait à la Cour, croulant sous les bijoux, parées de satin, ne pensant, dans leurs petites cervelles de coquettes, qu’à leur beauté et aux délices de la table !
    La réunion s’acheva enfin sur des prières. Tandis que les Dames s’apprêtaient à quitter les lieux, en adressant des sourires timides aux trois hommes et en chuchotant entre elles, Lady Fitzwarren et Lady Neville les conduisirent dans une petite pièce jouxtant la salle capitulaire. Lady de Lacey lança soudain à Corbett, d’une voix de stentor, qu’elle espérait que le roi se couvrait bien les épaules et buvait les potions qu’elle lui envoyait.
    — Le roi a toujours souffert de rhumatismes, clama-t-elle assez fort pour que tout Westminster l’entendît. Et quand il était enfant, il passait son temps à attraper froid et à renifler. Par la sainte messe, je regrette de ne pas être à ses côtés ! Un solide destrier sous moi, et je donnerais une bonne leçon à ces foutus Écossais !
    La porte se referma derrière eux et la voix de la vieille dame ne leur parvint plus qu’étouffée.
    Lady Fitzwarren eut un sourire contraint, mais sa compagne, adossée contre le mur, le visage entre les mains, était prise de fou rire.
    — Veuillez excuser Lady de Lacey, murmura Lady Fitzwarren lorsqu’ils prirent place sur des tabourets autour d’une table basse et branlante.
    — Elle devient sourde comme un pot, elle parle parfois comme un charretier, mais elle a un coeur d’or.
    Lady Fitzwarren fit la moue :
    — Nous n’avons pas de vin, je crois.
    Corbett affirma en haussant les épaules que cela n’avait pas d’importance. Son attention, en fait, se portait plus sur son serviteur qui ne quittait pas Lady Neville des yeux. Il suivit son regard. « Qu’elle est belle ! se dit-il. Elle a la douceur d’une colombe ! » Il serra les poings. Il lui fallait oublier le passé et avertir Ranulf que Lady Mary Neville n’était pas de celles à qui il pouvait conter fleurette et faire les yeux doux.
    — Eh bien !
    Lady Fitzwarren se pencha vers eux.
    — Vos questions, Messire ?
    Elle toussota en jetant un coup d’oeil à sa compagne.
    — Nous étions au courant de votre venue, enchaîna-t-elle. Le roi nous avait annoncé votre visite, mais Lady de Lacey agit toujours ainsi !
    Elle lissa son tabar bleu.
    — Vous voulez nous interroger sur la mort de ces jeunes filles ?
    — Oui, Madame.
    — Nous ne savons rien. Oh ! nous avons bien essayé de découvrir la vérité, mais même les femmes avec qui nous oeuvrons n’ont aucun indice, aucune idée, aucun soupçon de l’identité de l’assassin.
    Elle s’humecta les lèvres.
    — Vous comprenez, nous travaillons avec des malheureuses, abandonnées même de Dieu – tout au moins en apparence, car nous sommes convaincues qu’il n’en est rien, bien sûr. Ce qu’elles font, qui elles connaissent, où elles vont, qui profite d’elles... tout cela ne nous intéresse pas. Même le salut de leur âme nous importe peu. Nous prenons soin d’elles en tant que personnes, en tant que créatures prises au piège de la misère et de l’ignorance, et leurrées par de vaines promesses dans le marécage des fausses richesses. Nous sommes persuadées que si nous les tirons de ce mauvais pas, elles reviendront dans le droit chemin.
    Corbett la dévisagea. Il ne la comprenait pas. Elle était dure et aimable à la fois, idéaliste et pragmatique. Il lorgna Ranulf : si seulement ce dernier cessait de contempler Lady Neville, si seulement celle-ci s’arrêtait de le regarder avec ces yeux de biche qui ravivaient tant de souvenirs dans son âme !
    — Alors vous ne savez rien ? demanda-t-il.
    — Absolument rien.
    — Vous non plus, Lady Mary ?
    Corbett se tourna vers elle, sans vouloir entendre le soupir agacé de Lady Fitzwarren. La jeune femme s’éclaircit la gorge.
    — Lady Catherine n’a pas menti.
    Sa

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