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Faux frère

Faux frère

Titel: Faux frère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Devant mes objections, elle a réaffirmé que le mal rôdait dans l’abbaye.
    Lady Neville haussa les épaules.
    — Je sais que cela a l’air bizarre, mais c’est ce qu’elle a déclaré.
    — Lady Somerville se consacrait-elle beaucoup à ces oeuvres ?
    — Non, répondit Lady Fitzwarren. Ce qui rend ses déclarations plus étranges encore. Vous comprenez, elle souffrait de douleurs rhumatismales aux jambes. Marcher lui était pénible, mais les médecins lui assuraient que c’était bon pour sa santé. Son travail, c’était surtout la buanderie de l’abbaye ou plutôt la sacristie de l’autre côté du chapitre. Elle avait la haute main sur les linges d’autel, les serviettes et les habits liturgiques.
    — Et la mort du père Benedict ?
    — Sir Hugh ! Il a péri dans un incendie. Nous en avons éprouvé un immense chagrin. C’était un prêtre âgé et très gentil, en plus d’être notre chapelain. Pourquoi cette question ?
    — Comment était-il avant sa mort ? A-t-il révélé quelque chose sortant de l’ordinaire ?
    — Étrange que vous le mentionniez, Sir Hugh, intervint Lady Neville. Oh ! poursuivit-elle, hochant la tête, il n’a rien dit de particulier, mais il était devenu très discret et même distant.
    Elle eut une moue dubitative.
    — Mais j’ignore pourquoi ! Que Dieu l’accueille en son sein !
    — C’est ce que vous avez remarqué après que Lady Somerville lui eut rendu visite ?
    — Oui, mais je ne sais pas ce qu’ils se sont dit. Elle avait des soucis et le père Benedict était notre chapelain.
    Corbett se leva.
    — Y a-t-il autre chose, Mesdames ?
    Elles firent, à l’unisson, signe que non.
    — Peut-être, osa Corbett, pourrais-je avoir un aperçu de votre travail ?
    — Nous sortons justement ce soir, proposa Lady Fitzwarren.
    Le clerc revit brusquement le visage de son épouse.
    — Non, non ! C’est impossible !
    — Où travaillez-vous, en fait ? demanda Ranulf.
    — Dans notre quartier, répondit Lady Neville. Farringdon.
    Corbett ressentit une pointe de jalousie en observant le sourire qu’adressa la jeune femme à Ranulf.
    — Nous pensons qu’il vaut mieux travailler dans un quartier où nous sommes bien connues et en sécurité, là où, le cas échéant, nous pouvons compter sur l’aide des dizainiers. Demain soir, peut-être ?
    Corbett s’inclina en souriant :
    — Peut-être !
    Les deux Dames les raccompagnèrent au chapitre. Corbett regarda ses compagnons avec méfiance. Cade avait toujours eu la réputation d’être taciturne, mais depuis qu’il était entré dans la salle capitulaire, il était la discrétion même, une ombre. Quant à Ranulf, il avait mis le holà à ses ricanements et ses railleries sous cape.
    En traversant à nouveau le chapitre vide, Corbett s’arrêta soudain à mi-chemin.
    — Puis-je jeter un coup d’oeil à la sacristie ? C’est par ici, m’avez-vous dit.
    Lady Fitzwarren le guida jusqu’au mur du fond et ouvrit une porte. La sacristie n’était guère plus qu’une longue pièce oblongue où coules, capuchons et habits étaient suspendus à des chevilles enfoncées dans les parois. Sur les étagères s’empilaient soigneusement des linges d’autel, des serviettes de lavabo, des amicts {18} des étoles et des chasubles. Corbett ne vit rien de suspect, certainement rien qui aurait pu expliquer la profonde inquiétude de Lady Somerville. Il ressortit et prit congé des deux femmes devant le chapitre, s’inclinant sur la main qu’elles lui tendaient. Corbett rougit en se détournant : Lady Neville avait pressé ses doigts plus qu’elle ne l’aurait dû, il en était certain !
    Ils contournèrent l’abbaye et revinrent à leurs montures. Ranulf gardait encore le silence, mais Cade recouvra l’usage de la parole. Il semblait fasciné par Lady de Lacey et fit naître un sourire sur les lèvres d’un Ranulf rêveur en décrivant avec force détails comment la vieille dame n’hésitait pas à investir le Guildhall pour haranguer le lord-maire et les échevins à propos de n’importe quelle idée lui passant par la tête. Ils enfourchèrent leurs montures et franchirent la porte nord. Sur la route, Corbett s’arrêta et se retourna pour contempler la masse sombre de l’abbaye de Westminster. Il serra les rênes avec énergie. Quelles forces maléfiques s’étaient donc emparées de cette superbe abbaye et avaient à ce point terrifié le père Benedict et Lady

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