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Faux frère

Faux frère

Titel: Faux frère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Somerville ? Quel fléau – connu d’eux seuls – avait causé leurs morts atroces ? Corbett regarda une gargouille et la créature de pierre sembla bondir sur lui.
    — Quand cette enquête sera terminée, s’exclama-t-il, il faudra que le roi prenne les choses en main ici ! Il y a quelque chose de pourri dans notre belle abbaye !
    Il lança son cheval au petit galop. La silhouette, en habit et capuchon, qui se cachait à l’étage supérieur du chapitre, observa les trois hommes qui s’éloignaient dans Holborn. Un chapelet dans sa main crispée, l’ombre ricana avant de siffler avec toute l’animosité d’un serpent.
    La petite troupe mit pied à terre à L’Évêque d’Ely. Cade prit congé de ses compagnons en alléguant d’autres obligations, l’air morne. Corbett le suivit du regard jusqu’à ce qu’il tourne à droite, dans Shoe Lane.
    — Quelle mouche l’a piqué ? murmura-t-il. Pourquoi est-il devenu si silencieux tout d’un coup ? Qu’a-t-il à cacher ?
    Ranulf se contenta de hausser les épaules et le clerc décida de poursuivre son chemin. Ils se joignirent à la cohue qui se pressait dans Newgate. La rue se rétrécissait et ils se retrouvèrent vite bloqués par les lourdes charrettes apportant les produits de la campagne environnante : fruits, seigle, avoine, quartiers de viande, oies caquetantes et poulets en cage. Le bruit devint assourdissant : les énormes chevaux de trait avançaient à grand-peine, les roues des chariots foulant les pavés en un roulement de tonnerre et soulevant des nuages de poussière. L’air vibrait d’étranges jurons, d’altercations soudaines, de claquements de fouets et de tintements de harnais. Corbett tourna à gauche avant la porte de la ville, précédant Ranulf dans une ruelle encombrée de bris de pavés qui obstruaient le caniveau, au milieu. Il leur fallut avancer lentement car le sol était parfois défoncé par de larges ornières et des trous profonds, certains comblés par des fagots de genêt et des copeaux de bois et d’autres transformés en fosses où l’on déversait la fange des maisons riveraines.
    — Messire, où allons-nous ?
    — A St Barthélémy ! Je veux mettre à nu l’âme d’un assassin.

 
    CHAPITRE VI
    Ils traversèrent une rue et s’engouffrèrent dans un passage où il faisait noir comme dans un four, tellement les maisons se pressaient les unes contre les autres, leurs pignons se rejoignant pour occulter le jour. Ils parvinrent enfin au vaste champ de foire de Smithfield. La foule, encore dense, s’agglutinait autour du marché aux chevaux. Des gens fortunés, surtout, se montraient avides d’acquérir aux enchères des juments arabes. De jeunes damoiseaux en pourpoints épais, outrageusement rembourrés aux épaules et resserrés à la taille, arboraient manches bouffantes de velours, satin et damas et des chausses multicolores qui mettaient en valeur le galbe de leurs mollets et le volume de leur braguette. Ils escortaient des dames aux atours non moins resplendissants : superbes robes de brocart au décolleté carré, relevées sur le devant par des lacets de soie, et coiffes élaborées surmontant des fronts hauts et des sourcils impitoyablement épilés. Corbett eut un petit sourire quand il les compara dans son souvenir avec les Dames de sainte Marthe à l’habit sobre et aux visages vierges de tout fard.
    Jouant des coudes dans la cohue, ils passèrent devant le grand bûcher où l’on exécutait les criminels et arrivèrent à l’arche d’entrée de l’hôpital St Barthélémy. Ils pénétrèrent dans une cour où se trouvaient les communs, écuries, forges, etc., puis dans la longue salle voûtée, parallèle à l’église du prieuré. Un vieux soldat, devenu serviteur, qui réchauffait ses os au soleil de ce bel après-midi, s’offrit à les guider. Ils longèrent des couloirs et aperçurent des salles d’une propreté irréprochable où l’on avait ouvert les fenêtres et changé récemment la jonchée parsemée à présent d’herbes odorantes. Chaque chambre comptait trois ou quatre lits : Corbett distingua les malades, dont la tête reposait sur des oreillers immaculés. C’étaient, pour la plupart, des malheureux que les moines recueillaient et soignaient ou à qui ils permettaient, au moins, de mourir dignement. Le vieux briscard s’arrêta devant une porte et frappa à l’huis. « Entrez ! » cria-t-on. Les deux hommes se retrouvèrent dans une chambre à

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