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Faux frère

Faux frère

Titel: Faux frère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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cordelette de son habit.
    — Je pense que si ! déclara-t-il.
    — Allez-vous-en, bonhomme ! s’interposa Ranulf. Vous êtes en présence de Sir Hugh Corbett, garde du Sceau privé, émissaire spécial du roi.
    — Je suis navré, vraiment navré ! bégaya le frère Richard, implorant Warfield du regard.
    — Ne vous tracassez pas, frère Richard !
    Le sacristain lui donna une bonne claque sur l’épaule :
    — Tout va bien.
    Warfield sourit à Corbett :
    — Frère Richard est mon assistant et s’acquitte de ses tâches avec un zèle louable.
    — C’est très bien, trancha Corbett. Alors vous pouvez nous conduire à l’entrée de la crypte.
    Il se retourna, non sans avoir surpris le coup d’oeil d’avertissement qu’échangèrent Warfield et son bon vivant d’assistant.

 
    CHAPITRE V
    Adam of Warfield les conduisit à l’église abbatiale. Les nefs, bordées de colonnes de pierre et plongées dans un silence d’outre-tombe, s’étendaient devant eux. L’air sentait le moisi et Corbett perçut l’odeur douce-amère de l’encens et des fleurs fanées. Les ombres mouchetées alternaient avec les flots de lumière qui se déversaient par les vitraux des hautes baies. Ils descendirent la nef. Leurs pas résonnaient sous l’immense voûte et leur respiration même semblait trouver son écho. Ils gagnèrent le transept sud, barré par une impressionnante porte en chêne renforcée de pointes de fer et de plaques d’acier. Sur le bord qui jouxtait le linteau, on avait apposé des scellés, gros cercles de cire écarlate où figurait le sceau du Trésor. La porte avait trois verrous, chacun fermé par deux cadenas.
    — A chaque cadenas, expliqua Adam of Warfield, correspondent deux clés. Le roi en détient une, le lord-maire l’autre.
    Il désigna la serrure :
    — Elle a été scellée, elle aussi.
    Corbett s’accroupit pour mieux examiner le grand disque de cire pourpre marqué du sceau du chancelier.
    — Tout est intact, constata-t-il. Mais comment procéderait-on si notre souverain voulait y entrer ?
    — J’ai posé la question aux barons de l’Échiquier, répondit Cade. Ils ont été très clairs : il est interdit d’ouvrir la porte sauf en présence du roi lui-même. Jusqu’à présent, il a assez d’or et d’argent. S’il lui en faut plus, il donnera l’ordre de fondre les lingots encore entreposés dans la Tour.
    Cade eut un sourire caustique.
    — Nous sommes en paix avec la France : cela signifie qu’il n’est nullement obligé de faire des coupes franches dans le Trésor.
    Corbett acquiesça. Tout semblait parfaitement en règle et les commentaires de son interlocuteur lui rappelaient les commérages de la Cour : les officiers du Trésor s’étaient, devant lui, félicités de ce que le roi n’eût pas encore besoin de fondre son argenterie pour payer ses troupes.
    Corbett tapota la porte.
    — Et derrière, il y a l’escalier, non ?
    Adam of Warfield poussa un soupir d’exaspération :
    — Oui, mais il a été mis hors d’usage. Quiconque essaierait de forcer cette porte serait vite repéré. Vous désiriez rencontrer les Dames de sainte Marthe, je crois ?
    Et sans attendre la réponse, le sacristain et frère Richard les emmenèrent dans le cloître carré, bordé d’arcades, véritable îlot verdoyant d’herbe luxuriante, agrémenté en son centre d’une fontaine autour de laquelle les oiseaux s’ébattaient en gazouillant. Ils franchirent une petite porte, longèrent des couloirs et atteignirent enfin la salle capitulaire.
    Corbett entendit un brouhaha qui s’éteignit dès qu’ils passèrent le seuil. Il cligna des yeux : il faisait très sombre, bien que l’on eût retiré les vantaux des fenêtres et allumé des bougies dans les recoins obscurs et sur la table de chêne. L’atmosphère était à la désolation. Corbett le sentit lorsque le groupe de femmes, assises autour de la table, s’arrêta de parler et se tourna vers lui. D’abord il ne vit, dans la pénombre, que de vagues silhouettes indistinctes, mais, en se concentrant, il s’aperçut qu’elles portaient toutes des coiffes bleu foncé, attachées avec des lacets dorés, des robes et des tabliers de différentes teintes, sous des tabars {16} de la même couleur que leur coiffe. Il parvint, avec peine, à distinguer le motif représenté : le Christ et une jeune femme agenouillée à ses pieds, sainte Marthe, sans doute. Puis il aperçut des chevilles nues sous la

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