Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Faux frère

Faux frère

Titel: Faux frère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
une carrière criminelle aussi longue que diverse. Né à Norwich, il s’était avéré si brillant écolier qu’il avait poursuivi ses études dans l’un des collèges de Cambridge. Reçu à ses examens, il était entré dans les ordres mineurs. Mais il avait vite abandonné sa vie de clerc pour suivre une autre voie : celle, plus lucrative, de marchand de laine, fromage et beurre. Il avait voyagé quelque temps à l’étranger et séjourné à Gand et à Bruges où la roue de la fortune avait brusquement tourné. L’Angleterre se trouvant incapable de rembourser des prêts consentis par des marchands de Bruges,
    Puddlicott avait été l’un des Anglais arrêtés en représailles et jetés dans un cachot flamand. Il avait réussi à s’échapper en tuant deux gardes, mais nourrissait depuis une rancune féroce envers Édouard d’Angleterre.
    De retour à Londres, il y avait entamé sa carrière criminelle, escroquant des orfèvres de Cheapside, volant un banquier lombard et dérobant des objets précieux dans les églises. Il était particulièrement doué pour abuser de la confiance des autres, car il pouvait endosser les identités les plus diverses pour se faire remettre de l’argent sous des prétextes hautement fallacieux. Des officiers l’avaient, plus d’une fois, surpris, mais Puddlicott, maître dans l’art de se déguiser, avait toujours pu prendre la poudre d’escampette. Tout en sirotant son vin, Corbett s’émerveillait de ses exploits. Personne n’était à l’abri de ses tours pendables. Marchands avisés, officiers pleins de suspicion, veuves faussement naïves, soldats matois, paysans durs au gain, tous avaient été victimes des manigances de Puddlicott.
    Corbett se figea en lisant les dates. Un agent du gouvernement avait entendu dire que Puddlicott était en Angleterre à l’automne précédent. Puis il avait été vu au printemps et enfin observé à Paris par un agent anglais. Corbett reposa le parchemin et s’étendit sur le lit. Était-ce possible ? se demanda-t-il. Le Seigneur qu’avait décrit Judith, le grand maître des orgies du palais de Westminster, pourrait-il être Richard Puddlicott en personne ? Mais pourquoi ? Le scélérat ne ferait-il qu’exprimer son mépris de l’autorité en débauchant des moines et en ayant commerce avec des prostituées ? Corbett commençait à entrevoir la vérité et il n’y avait qu’un moyen de la prouver. Il entendit du bruit dans l’escalier. Ranulf frappait à la porte à coups redoublés.
    — Messire ! Messire ! Cade est revenu ! Les barges sont prêtes.
    Il se leva, vida son gobelet et descendit. Il régla son écot et sortit dans la cour où Cade, l’air encore penaud, serrait et desserrait nerveusement ses grandes mains.
    — Tout est prêt, Cade ?
    — Oui, Sir Hugh. Ils vous attendent à Wool Quay.
    — C’est à Westminster, n’est-ce pas ? beugla Ranulf.
    Il applaudit.
    — Ce sont ces coquins de moines !
    Il donna un coup de coude malicieux à Maltote.
    — Maintenant nous allons nous amuser ! murmura-t-il. Tu vas voir comment notre maître à la longue figure exerce son pouvoir.
    Le maître à la longue figure, comme le surnommait secrètement Ranulf, se hâtait dans le passage qui aboutissait au quai. Trois grands navires étaient amarrés à Wool Quay. Un officier de la Tour vint à leur rencontre.
    — Sir Hugh, je suis Peter Limmer, sergent d’armes.
    Il désigna les bateaux remplis d’archers portant broignes de cuir et coiffés de casques d’acier coniques. Chacun était armé d’une épée, d’une dague et d’une lourde arbalète.
    — Parfait ! approuva Corbett à voix basse. En route pour Westminster ! Vous exécuterez mes ordres à la lettre !
    L’officier dégingandé, aux cheveux coupés ras, opina. Ils montèrent à bord. On lança des ordres et les barges se laissèrent dériver dans le mitan du fleuve.

 
    CHAPITRE X
    Le trajet fut sans histoires. Seul le bruit cadencé des rames, le craquement du cuir et le cliquètement des armures brisaient le silence ouaté de l’épais brouillard qui montait encore de la Tamise. Corbett se sentait coupé de l’animation de la ville. De temps en temps, ils croisaient une autre embarcation. Soudain, Limmer lança des ordres pour passer sous les arches du pont de Londres, là où l’on pouvait le plus aisément manoeuvrer. Les eaux bouillonnaient autour des larges radiers qui protégeaient les bateaux des piles massives du pont.

Weitere Kostenlose Bücher