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Faux frère

Faux frère

Titel: Faux frère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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regorgeaient de nourriture. Les pièces étaient faiblement éclairées, pourtant. Des hommes nous rejoignaient. J’en ai reconnu un, je crois, l’intendant du palais. Il était toujours saoul.
    — Quoi d’autre ?
    — Eh bien, comme je l’ai dit, on ne lésinait pas sur le vin. Nous nous déshabillions et dansions sur de la musique. Nos compagnons portaient des masques, mais je suis sûre, affirma-t-elle avant de marquer une pause, je suis sûre que certains étaient des moines de l’abbaye d’à côté.
    Corbett siffla entre ses dents et échangea un coup d’oeil avec le shérif adjoint.
    — Par l’enfer, Cade, j’ai déjà entendu ce genre de rumeurs. D’autres personnes, dans cette ville, sont-elles au courant ?
    Cade avait pâli.
    — Des bruits courent, marmonna-t-il.
    — Quand le roi l’apprendra, poursuivit Corbett, il entrera dans une colère inimaginable.
    Il sourit à la fille et resserra l’étreinte de ses doigts :
    — Oh, pas contre toi, Judith ! Tu n’es que du petit gibier. Tu n’as rien à craindre.
    Il fixa les yeux terrifiés de la catin.
    — Qui était le chef, l’organisateur de ces orgies ?
    — Je ne sais pas. J’ai d’abord cru que c’était l’intendant, mais celui-là, c’est un poivrot. Il était tellement ivre qu’il ne parvenait pas à ses fins avec les filles. Non, il y avait un autre homme. Grand, bien découplé, musclé, portant toujours un masque de satyre. C’était lui qui s’assurait que les pièces étaient plongées dans la pénombre, que la nourriture était correctement servie, que le vin ne manquait pas et surtout que nous étions parties à l’aube et réexpédiées en bateau.
    — Qui était-ce ?
    — Je l’ignore. Il se faisait appeler le Seigneur {28} .
    — Comment peux-tu affirmer qu’il y avait des moines ?
    La fille éclata de rire.
    — Je ne sais pas grand-chose, Sir Hugh, mais quand on est fille des rues, on pourrait remplir des douzaines de parchemins avec ce que l’on apprend sur les hommes.
    Elle haussa les épaules.
    — Il faisait sombre, certes, mais ils étaient bien nourris et soignés. De toute façon, gloussa-t-elle, seuls des moines portent tonsure !
    Corbett grimaça :
    — Donc c’étaient des beuveries, des ripailles, des danses et...
    — Oui, l’interrompit-elle en ricanant... et le reste. Nous nous mettions par couples, puis une sonnerie de trompe retentissait, on resservait des plats et du vin et cela se poursuivait jusqu’au petit matin.
    — Il y a un an, as-tu précisé ? Pourquoi ces orgies ont-elles soudain cessé ?
    — Je n’ai pas dit cela ! Ce que je crois, c’est que le Seigneur a choisi un autre groupe de filles.
    — Ah !
    Corbett se releva.
    — Bien sûr, au cas où tes compagnes et toi en auriez appris un peu trop.
    — Mais pourquoi, intervint Cade, personne n’a-t-il prévenu les autorités ?
    La catin lui lança un regard apitoyé :
    — Alexander, vous êtes un homme honnête, mais guère futé ! Qui allait parler ? Le Seigneur et ses complices ? Les filles qui auraient perdu une belle occasion de s’empiffrer et de gagner une coquette somme d’argent ? Qui aurait osé ?
    Elle releva brusquement la tête.
    — Et comme vous l’avez dit, Alexander, qui nous croirait, nous, de pauvres prostituées ?
    Corbett alla à la croisée. Dehors, dans le cloître, Ranulf et Maltote se chauffaient au soleil matinal, en pouffant de rire et en se félicitant de leur exploit de la veille.
    — Ce que tu viens de nous raconter est cohérent, Judith. À ton avis, donc, certains moines de l’abbaye se seraient laissé entraîner à ces festivités nocturnes. Peut-être l’un d’eux, pris de panique, se sera-t-il senti menacé et aura-t-il décidé de faire disparaître les preuves.
    La fille opina :
    — C’est ce que je pense. Mais il peut y avoir plusieurs tueurs, Sir Hugh. Les crimes ont eu lieu aux quatre coins de la ville.
    — C’est possible. Mais ton témoignage s’accorde avec les différents morceaux du puzzle. D’abord Lady Somerville.
    Il jeta un coup d’oeil à la catin.
    — Une des Dames de sainte Marthe qui fut brutalement assassinée à Smithfield. As-tu entendu parler de ces saintes femmes ?
    Judith fit signe que oui.
    — Apparemment, enchaîna Corbett, elle n’avait pas haute opinion des moines de Westminster. Elle citait toujours le dicton « L’habit ne fait pas le moine » et a dessiné d’impitoyables caricatures.

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