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Faux frère

Faux frère

Titel: Faux frère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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trouvait dans la cour du palais et hurlait des ordres aux gardes, palefreniers, hommes d’armes et officiers. Il leur fallait tout ranger dans les coffres, charger les bêtes de bât et dépêcher des messagers. Il sera à Sheen demain matin et il y requiert votre présence.
    Corbett surprit le rictus narquois de Ranulf.
    — Tu m’accompagneras ! lui lança-t-il sèchement. Seigneur Dieu ! murmura-t-il. Demain le roi, après-demain Lord Morgan ! Crois-moi, Ranulf, notre sainte mère l’Église a parfaitement raison d’affirmer que le mariage est une aventure où seuls les insensés ont hâte de se lancer.
    — Qu’allons-nous faire, mon maître ?
    La joie mauvaise qu’avait ressentie Ranulf en voyant le désarroi des puissants s’était évaporée. En outre, il se défiait toujours du roi et se montrait d’une rare sollicitude envers Corbett lorsqu’il croyait la carrière de son « maître à la longue figure » en péril. Corbett jeta un coup d’oeil par la fenêtre ; le soleil se couchait et le son des cloches appelant à vêpres leur parvenait faiblement.
    — Nous allons sortir ! déclara-t-il. Nous en donner à coeur joie, boire bière et vin à tire-larigot et chanter à tue-tête. Car, comme on disait à Rome, celui qui va mourir doit faire la fête.
    Ranulf regarda Maltote et grimaça. Ils avaient projeté de rendre visite à Lady Neville à Farringdon, mais Corbett insista. Ils prirent donc leurs capes et leurs baudriers et quittèrent la maison. Cheapside était déserte à cette heure. Corbett pressait le pas comme si la marche pouvait chasser l’anxiété qui le taraudait quand il songeait à sa rencontre imminente avec son souverain. Ils entrèrent à la taverne des Trois Roses, à Cornhill, et, tandis que ses deux serviteurs conversaient à bâtons rompus, il réfléchissait, devant son verre, aux problèmes auxquels il se heurtait. Plus il buvait, plus il se sentait désespéré à la pensée qu’il n’avait prouvé que deux faits : d’une part, que les moines de Westminster avaient enfreint la règle, et, d’autre part, que le Trésor royal avait été pillé par le plus grand larron du royaume.
    Trois heures après, c’est un Corbett complètement abattu qui sortait en titubant de l’estaminet, soutenu et encadré par Ranulf et Maltote. Ils se mirent en route dans les rues vides, plongées dans l’obscurité. Ranulf se doutait que son maître n’était pas vraiment saoul, mais seulement éméché, car il avait passé une heure à le sermonner : le mariage entre personnes d’un rang inégal était voué à l’échec, Lady Mary Neville se moquait certainement de lui et se jouait de ses sentiments. À présent, Corbett était retombé dans son mutisme, car il s’était soudain souvenu de De Craon et s’efforçait de se rappeler ce qui l’avait intrigué lors de sa rencontre avec le Français. Ils atteignirent l’extrémité de Walbrook et tournèrent dans Budge Row. Ils franchirent le ruisseau protégé par une grille branlante et commencèrent à descendre une ruelle étroite qui longeait l’église St Étienne. Maltote braillait une chanson sans queue ni tête. Soudain, des hommes encapuchonnés les attaquèrent, s’attendant manifestement à ce que les trois compagnons marchent de front. Mais ce n’était pas le cas, aussi Maltote subit-il le plus gros de l’assaut : il reçut de la chaux vive en plein visage et s’écroula dans la boue, hurlant de douleur, ses yeux n’étant plus que brûlure atroce. Le reste de la chaux parsema les cheveux et les joues de Corbett et de Ranulf, sans toutefois toucher leurs yeux. Les assaillants, au nombre de quatre, chacun armé d’une épée et d’un bouclier, se glissèrent hors de l’ombre et s’avancèrent vers le clerc et son compagnon, frappés de stupeur. Ils ne s’occupèrent pas de Maltote, hurlant à genoux qu’il ne voyait plus rien. Surpris et médusés, Corbett et Ranulf reculèrent. Puis, comprenant la gravité du guet-apens, Ranulf dégaina épée et poignard et fondit sur ses agresseurs comme un fou furieux. C’étaient des tueurs à gages, des sicaires habitués à l’étrange danse des combats de rue et non au courage aveugle d’un Ranulf. Celui-ci fonça sur leur chef, l’envoya rouler sur le sol, le souffle coupé. Un autre reçut un coup de poignard dans l’épaule et, le poing crispé sur sa blessure, d’où jaillissait le sang, remonta la ruelle en chancelant tandis que Ranulf se

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