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Faux frère

Faux frère

Titel: Faux frère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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se retourna et cogna de toutes ses forces sur le mur du couloir.
    — Corbett, poursuivit le médecin, je dois vous laisser. Je vous ferai donner constamment de ses nouvelles.
    Corbett emprisonna chaleureusement ses mains dans les siennes avant d’agripper Ranulf et de le pousser sans ménagement hors de l’hôpital, malgré ses vives protestations et ses jurons. À la porte, ils croisèrent le frère lai qui revenait de Bread Street.
    — J’ai tout raconté à Lady Maeve, leur déclara-t-il. Elle est très inquiète. Elle voudrait que vous rentriez immédiatement.
    Corbett le remercia et ils se remirent en marche vers Newgate. Ils avaient à peine parcouru la moitié de la rue lorsque le clerc entendit le frère convers le héler :
    — Sir Hugh ! Sir Hugh !
    — Oui, mon frère ?
    — Quand j’ai quitté votre demeure, un petit mendiant m’a arrêté. Il faisait des bonds comme un vrai diablotin. Il m’a dit qu’il avait un message pour vous.
    — Lequel ?
    — «Le Français s’apprête à partir avec armes et bagages. »
    — C’est tout ?
    — Oui, Sir Hugh.
    Le frère convers repartit à toutes jambes. Ranulf faisait grise mine à présent et semblait penser à tout autre chose, bien que la violence du combat se lût encore sur son visage et dans son regard. Il ramassa une pierre et la lança dans la rue aussi loin qu’il le put.
    — Qu’est-ce que cela signifie, Messire ?
    Corbett s’immobilisa et regarda le moine qui s’éloignait.
    — Je vous ai posé une question, mon maître !
    — Je sais, Ranulf, mais ne va pas monter sur tes grands chevaux ! Nos assaillants nous ont probablement suivis toute la journée. Si vous étiez allés à Farringdon, ils vous y auraient tendu une embuscade. Et même si nous étions restés chez nous, ils auraient peut-être attaqué la maison.
    — Qui a payé ces fripouilles ?
    Corbett eut un sourire crispé.
    — Maltote est en bonnes mains. Lady Maeve sait où nous sommes. Allons-nous restaurer.
    Il désigna une modeste taverne, A la Table de l’Archer, qui ouvrait tôt pour servir sa clientèle de bouchers et d’équarrisseurs des abattoirs des Shambles :
    — Que dirais-tu de manger un morceau et de boire une chope de petite bière ?
    — Alors que Maltote souffre mille morts ! s’indigna perfidement Ranulf.
    — Je sais, répliqua Corbett d’une voix égale. Mais il nous faut réfléchir au message que nous a transmis le frère lai : de Craon s’apprête à lever le camp. Je le soupçonne fortement d’avoir commandité ces tueurs.
    Avec un haussement d’épaules, Ranulf suivit le clerc dans l’estaminet, de l’autre côté de la rue. Ils étaient les premiers clients dans la salle silencieuse. Une souillon ensommeillée et un gâte-sauce au visage noirci leur apportèrent de la bière et des petits pâtés juste sortis du four. Corbett ordonna à Ranulf de cesser ses jérémiades, puis entreprit de faire honneur au repas en essayant de se remémorer en détail sa rencontre avec de Craon. Ranulf finit par se radoucir :
    — Messire, qu’est-ce qui vous fait croire que de Craon est derrière ce guet-apens ?
    — Ranulf, tu es entré dans la maison du Français à Gracechurch Street, ou, du moins, tu l’as vue, n’est-ce pas ? As-tu remarqué quelque chose de bizarre ?
    — Elle était toute délabrée et sale. J’ai pensé que c’était là une étrange résidence pour l’envoyé du roi de France. Ce que je veux dire, Messire, c’est que la rue était encombrée d’immondices bien que les charrettes à détritus fussent vides.
    Corbett s’étrangla à moitié sur son pâté.
    — Mais c’est vrai ! chuchota-t-il.
    Les images se succédèrent dans son esprit : la rencontre avec de Craon et de Nevers, le vieux jardinier dans le cimetière de l’abbaye de Westminster, la rue silencieuse, la charrette à ordures vide, apparemment abandonnée, Puddlicott à Paris, puis à Londres.
    — Écoute, Ranulf, le temps presse ! Voici ce que tu vas faire : loue un cheval et galope ventre à terre jusqu’au Guildhall, comme si Maltote t’accompagnait. Cade y sera. Qu’il ordonne au capitaine du port d’arrêter tout chargement sur la Tamise. Ensuite, que les gardes de la ville se rassemblent au coin de Thames Street. Et cela en moins d’une heure !
    Il s’empara de la chope de son serviteur.
    — Pars immédiatement ! Nous ne pouvons peut-être pas faire grand-chose pour les yeux de Maltote, mais nous

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