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Faux frère

Faux frère

Titel: Faux frère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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jetait sur le troisième larron. Le quatrième truand avait à peine repris ses esprits que Corbett, complètement dégrisé, se lançait dans la bataille. La mêlée allait de-ci, de-là. Corbett et Ranulf se rapprochèrent pour se placer dos à dos et jouèrent de l’épée et du poignard, et la ruelle sombre retentit du cliquètement des armes, du raclement des bottes et du halètement acharné des combattants. Une fois de plus, Ranulf se rua fougueusement à l’attaque, conscient que Maltote, les poings sur les yeux, avait désespérément besoin d’aide. Les assaillants finirent par se décourager et disparurent comme des ombres. Ranulf rengaina son épée tandis que Corbett faisait mine de poursuivre leurs adversaires blessés mais encore dangereux. La démarche hésitante, il leur lança des bordées d’injures, mais comprit soudain l’inutilité de sa colère et revint vers ses compagnons. Ranulf, accroupi dans la boue, enlaçait Maltote et s’efforçait de l’empêcher de se frotter les yeux.
    — Le pauvre bougre est aveugle ! s’écria-t-il. C’est votre faute, maudit clerc ! Vous et vos pleurnicheries ! Nous aurions dû aller à Farringdon !
    — Silence ! lui intima son maître d’une voix rauque.
    Corbett s’agenouilla près de son messager qui pleurait à seaux et le força à découvrir son visage. Malgré le peu de lumière, il vit que la peau autour des orbites semblait avoir été brûlée par une pluie de cendres et que ses yeux étaient enflammés. Il revint en courant dans Walbrook, tambourinant aux portes jusqu’à ce qu’un habitant, plus brave que les autres, lui ouvrît. Ils traînèrent Maltote dans l’entrée éclairée : là le dommage apparut dans toute son ampleur. Corbett déversa frénétiquement pichet après pichet d’eau froide pour enlever la chaux. Quatre soldats du guet et un dizainier accoururent dans la rue, alertés par le bruit de l’altercation. Corbett les invectiva, leur demandant de les aider sans se préoccuper outre mesure du règlement. Le dizainier parvint à se procurer deux chevaux. Ils hissèrent Maltote sur l’un d’eux et Ranulf trottina à ses côtés. Quant à Corbett, il régla son allure sur celle de son serviteur blessé. Ils revinrent dans Budge Row pour s’engouffrer dans West Cheap et les Shambles et gagner la porte de Newgate. Les gardes les laissèrent franchir la poterne. Maltote ne pouvait retenir ses gémissements et ses plaintes tandis que Ranulf, courant près de lui, lui rappelait constamment de ne pas se frotter les yeux.
    Ils couvrirent d’une seule traite la distance jusqu’à l’hôpital St Barthélémy. Couverts de sueur et de boue, ils frappèrent à la porte à coups redoublés et réclamèrent le père Thomas à cor et à cri. On les admit rapidement et des frères lais aidèrent Maltote à mettre pied à terre. Le père Thomas, qui se trouvait dans l’église, se précipita à leur rencontre et emmena le jeune courrier. Quant à Corbett et Ranulf, on les laissa dans un long couloir vide où ils durent ronger leur frein. De derrière la porte massive leur parvenaient, pêle-mêle, les hurlements de Maltote, la voix apaisante du père Thomas et les paroles de réconfort des frères lais qui ne cessaient d’apporter des bols d’eau et des fioles d’onguent et d’herbes médicinales. Lassé des remontrances de Ranulf, Corbett s’étendit sur un banc pour essayer de dormir, tandis que le jeune homme faisait les cent pas. Une heure plus tard, il se réveilla, frais et dispos, et envoya un frère convers porter un message chez lui, à Bread Street. Puis il attendit que le père Thomas eût fini de soigner Maltote. L’aube pointait lorsque le moine apparut.
    — Non, vous ne pouvez pas le voir ! leur déclara-t-il d’une voix lasse. Je lui ai donné du vin mélangé à une potion qui le fera dormir jusqu’à la mi-journée.
    — Et ses yeux ? s’inquiéta Ranulf en agrippant l’ecclésiastique par la manche. A-t-il perdu la vue ?
    Le père Thomas se dégagea doucement.
    — Je ne puis le dire, murmura-t-il. L’eau que vous lui avez jetée au visage lui a épargné de grands dommages. J’ai débarrassé ses yeux de la chaux et ai nettoyé sa peau. C’est tout ce que je peux faire pour le moment.
    — Mais ses yeux ? s’insurgea Ranulf. Sera-t-il aveugle ?
    — Je l’ignore. Seul le temps le dira. Il est possible qu’il perde la vue d’un oeil et même – oui, Ranulf – des deux.
    Ranulf

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