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Faux frère

Faux frère

Titel: Faux frère Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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fabrication et commença à traverser la pelouse près de la tour Blanche. Il en était au milieu lorsqu’il fut hélé par un officier aux traits taillés à la serpe qui entreprit de déchiffrer son mandat. Il n’avait pas fini que Limmer apparut et s’empressa d’intervenir.
    — Sir Hugh ! Nous les avons soumis à la question. Mais sans grand succès, jusqu’à présent ! annonça-t-il avec un geste d’excuse.
    Faisant signe à Corbett d’avancer, Limmer le précéda dans un escalier abrupt, au flanc de la tour Blanche, menant à une salle de torture située à la base d’une des tourelles. Corbett frissonna : l’endroit, bas de plafond, était glacial et humide. La lumière du jour avait peine à filtrer et on avait allumé des torches qui crachotaient dans la pénombre. Une odeur de terre humide se mêlait à la puanteur de la fumée, du charbon de bois, de la sueur et de la peur. Aucun meuble dans la pièce, à part de grands braseros en fer rassemblés au fond. Des chaînes et des anneaux pendaient aux murs. L’attention du clerc fut immédiatement attirée vers un coin où se tenait un groupe sinistre. Il s’approcha et distingua mieux les bourreaux : torse nu, le front ceint de bandeaux pour empêcher la sueur de leur couler dans les yeux, le corps luisant comme s’il était couvert de graisse, ils prenaient amoureusement soin des braisiers, y introduisant de longues barres de fer qu’ils retiraient ensuite de leurs mains protégées de chiffons. L’un d’eux prit une barre, souffla sur le bout rougi et s’éloigna vers le coin plongé dans l’ombre. Il marmonna quelque chose, puis Corbett entendit un hurlement. Il s’approcha et vit Adam of Warfield, frère Richard et William Senche : dépouillés de leurs vêtements, à l’exception de leurs chausses, ils étaient enchaînés au mur, bras tendus. Le bourreau chuchota, puis grogna avant de placer la barre sur un corps qui tressaillit de douleur. Les chaînes claquèrent contre la paroi. Il appliqua une autre barre ; le scribe qui, assis sur un petit tabouret, transcrivait fidèlement l’interrogatoire, murmura d’autres questions. Un juron, un hurlement, un sanglot... la séance se poursuivit. Corbett fit volte-face.
    — Arrêtez ça, Limmer ! jeta-t-il d’une voix sifflante. Faites cesser cela immédiatement ! Et dites au scribe de nous rejoindre dehors !
    Il retourna à l’air libre.
    — Oh, Seigneur Jésus ! s’écria-t-il. Protégez-moi de ces horreurs !
    Il s’assit sur l’une des poutres et regretta d’avoir bu du vin, car il avait la gorge sèche et n’arrivait pas à concilier sa posture indolente dans l’herbe verte sous le ciel limpide avec les atrocités qu’il venait de voir. Limmer sortit, accompagné du scribe, un chauve joufflu et rougeaud qui semblait aimer son travail et considérait les scènes abominables auxquelles il assistait comme une des facettes sinistres, mais nécessaires, du monde d’ici-bas.
    — Les prisonniers ont-ils avoué ?
    Limmer se rembrunit.
    — Oui et non ! répondit le scribe sèchement.
    — C’est-à-dire ?
    — Eh bien, Sir Hugh, nous devons fixer certaines limites. Frère Richard n’est coupable que d’avoir bu trop de vin et enfreint la règle monastique. On lui a fait peur, mais on ne l’a pas torturé. Je recommande fortement qu’il soit relâché.
    Corbett croisa le regard dur de ses yeux bleus et approuva d’un signe de tête.
    — D’accord. Mais qu’on le garde jusqu’à ce soir ! Ensuite, qu’il soit remis à l’évêque de Londres. Quoi d’autre ?
    — L’intendant, William Senche, est coupable de forfaiture envers le roi.
    — Rien d’autre ?
    — Patience, Sir Hugh. Il a avoué connaître un criminel notoire, Richard Puddlicott. De plus, la grande truanderie ne lui est pas étrangère, car son frère est chef geôlier à la prison de Newgate. William Senche fut contacté par Puddlicott et ils conspirèrent ensemble pour s’enrichir aux dépens d’autrui.
    Le scribe s’humecta les lèvres.
    — D’après la confession de Senche, Richard Puddlicott... Ah ! avant que vous me posiez la question, Sir Hugh, nous ne savons pas à quoi ressemble précisément ce maraud, sinon qu’il a une barbe et des cheveux noirs et qu’il est toujours vêtu d’une coule et d’un capuchon.
    Il haussa les épaules.
    — Croyez-le si vous le voulez ! Enfin, revenons à la confession de l’intendant. Un jour, le truand et lui rôdaient dans

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