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Favorites et dames de coeur

Favorites et dames de coeur

Titel: Favorites et dames de coeur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pascal Arnoux
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Laval se remettait d’une grave maladie, Françoise mourut soudain le 16 octobre 1537. Enterrée une semaine plus tard, elle fut unanimement regrettée ; une épitaphe de Clément Marot orna son tombeau et François I er lui dédia ces vers mélancoliques :
    […] Elle a souffert qu’en son vivant je l’aimasse :
Ô quel record que le temps point n’efface !
L’âme est en haut : du beau corps c’en est fait
Ici dessous ! […]

ANNEXE
    Légende autour d’un décès
    La mort subite de Françoise de Châteaubriant au mois d’octobre 1537 ne souleva pas de commentaire ni de suspicion chez les dizaines voire centaines de proches, amis, domestiques, maîtres d’hôtel et aumôniers. Mais en 1538, une rumeur accusa Jean de Laval d’avoir séquestré sa femme plusieurs années dans un donjon, pour se venger de son infortune conjugale. Nous avons vu plus haut ce qu’il faut penser de cette prétendue séquestration.
    La suite est encore plus rocambolesque : il lui aurait fait ouvrir les veines par deux chirurgiens assistés de six hommes d’armes, autant dire huit bavards potentiels. Le sang aurait coulé sur le plancher et une tache indélébile serait restée dans le bois du parquet. Enfin, pour ajouter une note fantastique à cette histoire déjà peu crédible, le fantôme de Françoise apparaîtrait, comme de juste, chaque 16 octobre à minuit, nimbé de lumière, flanqué du roi, de chevaliers, de moines et de religieux, tandis que plusieurs diables cornus entraîneraient le mari homicide dans la mare de sang accusatrice…
    L’ennui est que cette légende existe en Bretagne ailleurs qu’à Châteaubriant, qu’elle est bien antérieure au décès de Françoise et qu’elle fait fi des centaines de témoins connus qui gravitaient autour du couple. On sait aujourd’hui qu’elle fut propagée par les héritiers de Jean de Laval, parce que celui-ci avait fait amender des lois coutumières afin de tester à sa guise ; il avait ainsi amputé d’un tiers les parts d’héritage de ses collatéraux. Ces derniers ripostèrent par cette malveillante rumeur.
    Celle-ci atteignit la cour entre-temps. Intrigué, le roi ordonna au connétable Anne de Montmorency de mener une enquête discrète. Elle n’eut pas d’autre résultat qu’un quitus de la gestion honnête du gouverneur. Seul fait curieux, qui parut donner du poids aux accusateurs de Jean de Laval, ce dernier légua une grande partie de ses biens au connétable.
    La santé de Jean de Laval ne fut jamais très bonne. Il ne s’était pas vraiment remis de la mort de Françoise, quoi qu’il eût pu lui reprocher. Il mourut le 11 février 1543, sincèrement regretté par ses administrés, dont il avait su se faire apprécier par ses actions et ses bienfaits. François I er avait comblé ce bon serviteur d’argent, de terres, de titres, et de cadeaux divers. Le procès intenté par ses héritiers ne fut clos qu’en 1604, deux générations après son décès !

ANNE DE PISSELEU
    « La plus belle des savantes
et la plus savante des belles »
    Née en 1508 à Fontaine-Lagavanne 27 . Troisième fille de Guillaume de Pisseleu, seigneur d’Heilly, et de sa seconde femme, Anne Sanguin de Meudon. Mariée en 1530 à Jean de Brosse, sans postérité.
    La « tombeuse » de Françoise de Foix
    Née d’un homme prolifique, trois fois marié et père de trente enfants, Anne d’Heilly n’avait pour seule dot que ses charmes. Mathurin de Lescure nous assure que de bonne heure, elle fut dressée à « chasser le roi 28  ».
    On sait bien que l’éducation des enfants coûte cher, même à la campagne ; le sire d’Heilly dut caser les siens et intrigua pour que François I er acceptât de faire d’Anne une demoiselle d’honneur de la reine mère, fin 1521 ou début 1522. Il se targua pour cela d’un lointain cousinage royal : sa mère Jeanne descendait en ligne directe de Robert de Dreux, cinquième fils du roi Louis VI le Gros.
    Arriviste forcenée, animée d’une volonté de fer, la blonde Anne voulait être la première. Cela signifiait supplanter la brune Françoise de Foix dans le cœur du souverain : vivant à la cour depuis 1522, Anne avait observé le triomphe de la belle favorite. Avec calcul, elle trouva une protectrice en Louise de Savoie, et la haine inassouvie de la reine mère pour la maison de Foix servit ses desseins secrets.
    Louise de Savoie résolut de transformer la « docile » Anne en machine de guerre – et

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