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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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haut. Les frères Médicis y font bon marché de la foi chrétienne et
de l’honneur des femmes. L’adultère et la débauche s’étalent librement dans
leur cour. Ils ont appelé en leurs conseils des gens de petit lieu cependant
que par l’exil, la mort ou simplement le dédain, ils en écartaient ceux qui
depuis toujours contribuaient à la richesse et au bon renom de la ville... Mais
Dieu ne les oublie pas !
    Fiora
regardait avec stupeur ce moine qui semblait pris d’une sorte de transe. Les
yeux fixés à la voûte comme s’il attendait qu’elle s’ouvrît pour livrer passage
au châtiment céleste, il s’était dressé et, appuyé des deux poings à la table,
il vociférait sa fureur fanatique... et sa haine des Médicis...
    – Croyez-vous
qu’un jour viendra où l’Antéchrist s’éloignera de nous ? demanda la mère
Maddalena, les mains jointes et des larmes dans les yeux.
    Fray
Ignacio redescendit brusquement sur terre et essuya la sueur qui perlait à son
crâne chauve :
    – C’est
ce qu’espère Sa Sainteté et je n’ai été envoyé ici que pour lui apporter le
secours de mes yeux et de mes oreilles. Je suis étranger donc impartial mais ce
que j’ai vu et entendu jusqu’à présent me fait regretter que la puissante
machine de l’Inquisition, si florissante lorsqu’elle était entre nos mains, ait
été finalement confiée aux frères prêcheurs qui ne s’en soucient guère. Il
serait cependant souhaitable qu’elle reprenne rigueur dans ces pays et d’ailleurs,
la reine Isabelle de Castille par qui j’ai été envoyé à Rome, souhaiterait que
le pape en autorisât l’installation dans ses royaumes dont elle poursuit la
reconquête sur les Maures infidèles... mais il me semble que nous nous
éloignons un peu du cas de cette fille que tout ceci ne saurait concerner. Elle
nous regarde avec des yeux ronds qu’il lui faudra apprendre à baisser !
    – Pas
si éloignés que cela, très révérend frère. N’est-elle pas le pire exemple de ce
que produit une éducation où Dieu n’entre pas ?
    – Lire
des livres n’a jamais empêché quiconque de servir et d’aimer le Seigneur,
protesta Fiora indignée. Je crois être aussi bonne chrétienne que...
    – Que
moi, peut-être ? Tu t’oublies Fiora ! ...
    – Laissons
cela, ma sœur, et finissons-en ! coupa fray Ignacio sèchement. Pour l’instant,
je suis ici pour essayer de sauver une âme s’il en est encore temps. Tu m’as
dit tout à l’heure que tu craignais la mort, fille pécheresse ? Je veux
bien te croire car tu es, en effet, jeune... et belle, même si cette beauté est
l’œuvre du Malin. Alors je te pose une question simple : veux-tu vivre ?
    – Je
vivrai si Dieu le veut et si le fleuve ne m’engloutit pas, dit Fiora calmement.
    – Tu
es courageuse, je le reconnais... à moins que tu ne comptes sur l’aide... de l’Autre ?
    – L’autre ?
Quel autre ?
    – Ne
fais pas l’innocente car tes yeux n’ont rien d’innocent. Je parle de celui qu’invoquent
sorciers et sorcières et tu as tout ce qu’il faut pour en être une. J’ai vu de
tes pareilles sourire en face d’un bûcher...
    – Ne
m’avez-vous fait venir ici que pour m’insulter ? s’écria Fiora révoltée.
Je ne suis pas une sorcière, pas plus que ne l’étaient mes malheureux parents
dont le seul crime fut d’aimer qui leur était défendu !
    – Je
ne te conseille pas de les évoquer trop souvent ! Mais soit, je veux bien
te croire : tu n’es pas une sorcière, fit le moine d’une voix soudain
changée, aussi douce et enveloppante qu’elle avait été dure et coupante. Tu n’es
qu’une brebis égarée par de mauvais maîtres. C’est pourquoi je te propose de te
sauver.
    – As-tu
donc le pouvoir de m’éviter d’être jetée à l’eau alors que toute la ville
attend cela avec impatience ?
    – Je
vois que tu n’as guère d’illusions sur ce que tu peux attendre de tes anciens
amis ? dit fray Ignacio avec un mince sourire. Cela dit, il ne m’est pas
possible de t’éviter l’ordalie. La seule personne qui le puisse, c’est
toi-même.
    – Moi ?
    – Qui
d’autre ? Et il suffit de bien peu de chose : reconnais devant moi,
ici même, que tu as accusé faussement... peut-être sous l’empire du chagrin – tu
vois que je m’efforce de te comprendre ! – cette pauvre femme...
Souviens-toi qu’elle a saisi comme une chance la terrible épreuve que j’ai
proposée. Elle ne peut donc

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