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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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des hommes !
    Il
criait si fort que, craignant sans doute qu’il ne fût entendu par toute la
communauté, la mère Maddalena se hâta de rappeler la sœur Prisca en frappant
dans ses mains. La religieuse ne devait pas être loin car elle reparut
aussitôt. L’instant suivant, Fiora reprenait derrière elle le chemin de son
logis. Elle y était à peine revenue qu’elle entendit les nonnes sortir de la
chapelle. Fiora perçut leur pas glissant et des chuchotements : les filles
de Santa Lucia devaient se demander pourquoi la mère prieure n’avait pas
assisté à l’office du soir. Puis il n’y eut plus aucun bruit sinon, dans le
voisinage, les aboiements furieux d’un chien et, un peu plus tard, l’appel
répété des soldats de garde, qui, sur les remparts, se répondaient d’une tour à
l’autre.
    Fiora
vit qu’en son absence on lui avait apporté son souper. Il se composait de pâtes
au fromage avec une sauce au basilic. Mais le tout était froid. Elle en mangea
un peu. Trouvant le plat collant, elle se rabattit sur le pain et l’eau. En
dépit du fait qu’elle n’avait pas bougé de la journée, elle se sentait
fatiguée, mais c’était surtout l’esprit qui était las... Quand les portes du
couvent s’étaient refermées sur son passage, Fiora avait espéré goûter au moins
un peu de calme. Or depuis qu’elle était entrée dans ce lieu fait pour la
prière et la méditation, elle n’avait rencontré que la méchanceté, la
mesquinerie, le mépris. Ce soir, il lui avait fallu affronter un couple de
fanatiques, décidés à employer tous les moyens pour lui faire servir leurs
desseins tortueux. Le moine l’avait même menacée du bûcher. Elle n’avait pas
cédé en dépit de la peur que ce moine lui inspirait et elle en était
heureuse...
    Elle
songea qu’il ne lui restait plus que deux jours et son cœur se serra en face du
temps qui fuyait inexorablement. Son destin commencé dans une prison devait-il
vraiment s’achever dans une autre prison ? Elle pensa à sa mère, à tout ce
qu’elle avait enduré. Comme Marie avait dû souffrir, dans son corps et dans son
cœur, durant les heures pénibles de l’accouchement, surveillée par des geôliers
sans pitié avec l’idée affreuse que ce petit être sorti de sa chair, elle n’aurait
pas le droit de le regarder vivre et que, certainement, il serait voué à la mort
à brève échéance ! Des jours, des nuits d’agonie peut-être avec le glaive
du bourreau pour seule espérance... Mais, au moins, elle était soutenue par son
amour tout proche, un amour qu’à l’heure dernière elle avait pu prendre par la
main tandis que celui de Fiora criait dans le désert... Comme tout eût été
différent si Philippe l’avait aimée vraiment, aimée comme Jean – ce Jean en qui
elle ne parvenait pas à voir un père – avait aimé Marie !
    Un
jour, l’étrange époux apprendrait que cette Fiora à laquelle il avait juré de l’aimer
et de la défendre, de la garder en sa maison pour le meilleur et pour le pire,
était morte misérablement. Lui donnerait-il seulement un regret, une larme ?
Mais non, un Selongey ne devait pas savoir pleurer. Ce qu’il éprouverait serait
plus certainement un grand soulagement. La honte n’existait plus, la souillure
était effacée... Il pourrait joyeusement se tourner vers une autre femme... une
femme qui peut-être occupait déjà sa vie et ses pensées ?
    Fiora
ne réussit pas à prier, ce soir-là. Dieu était trop loin, trop indifférent
puisqu’il permettait que pèse sur une innocente le poids d’une malédiction
imméritée. Quant aux représentants de sa gloire et de sa bonté qu’il avait mis
sur le chemin de sa victime, il s’en fallait de beaucoup qu’ils eussent montré
les doux visages du Crucifié et de Sa tendre Mère... Et ce fut en pleurant que
Fiora s’endormit.
    La
journée du lendemain fut morne. Tôt le matin, une autre sœur converse vint
enlever l’écuelle encore pleine et procéder à un rapide nettoyage de la cellule
mais elle tint les yeux obstinément baissés durant tout le temps que dura son
travail et ne répondit à aucune des paroles que Fiora lui adressa.
    Personne
ne reparut tant que dura le jour. Constatant qu’on ne lui apportait même pas à
manger, Fiora pensa que l’on avait décidé de lui appliquer un sévère régime de
pénitence, conséquence évidente de son attitude en face de l’espèce de tribunal
que constituaient la veille la prieure et le

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