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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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être coupable. Reconnais que tu t’es trompée et je
ferai en sorte d’apaiser ceux d’ici...
    – Et,
si j’accepte, qu’adviendra-t-il de moi ensuite ?
    – Tu
resteras d’abord dans le couvent, confiée aux soins de mère Maddalena. Ce sera
plus prudent car tu le dis toi-même : ces bons Florentins ne voient plus
en toi... qu’une fille de rien. Tu ne pourrais recouvrer les biens de ton père :
Médicis sera trop heureux de les garder par-devers lui. Tu serais honnie, jetée
au ruisseau...
    – Pourquoi
serais-je obligée de rester ici ? Je pourrais quitter Florence !
    – Mais
tu quitteras Florence. Quand les esprits seront un peu apaisés et qu’on t’aura
un peu oubliée, je te ferai conduire à Rome où Sa Sainteté, sur ma prière, t’accueillera.
Tu pourras alors choisir entre un couvent agréable ou le service de quelque
noble dame. La nièce du pape, par exemple : la comtesse Catarina... Elle
recevrait certainement avec bonté, une jeune femme indignement abandonnée et
spoliée par les Médicis.
    Fiora
d’abord désorientée par le ton si soudainement amical du moine espagnol et qui
ne saisissait pas dans quel dessein il tenait tellement à la faire renoncer à
son accusation, comprit d’un seul coup. Venu enquêter sur la dépravation et les
exactions supposées de Lorenzo et de Giuliano, fray Ignacio comptait faire d’elle
l’un des pions de son jeu. Bien que peu au fait de la politique, elle en savait
assez cependant pour ne pas ignorer que Sixte IV, ennemi mortel des Médicis,
parce que désireux d’offrir Florence à son neveu Girolamo Riario, l’époux de
Catarina Sforza, s’efforçait de réunir autour de lui tous les ennemis du maître
de la cité convoitée. Fiora rejoindrait à
    Rome
Francesco Pazzi le vaincu de la giostra dont on chuchotait que le
pape l’intéressait à ses affaires d’argent et qui avait transféré à Rome, avec
la bénédiction du vieux Jacopo, la majeure partie de la fortune familiale.
Cependant Hieronyma reconnue hautement innocente et pure constituerait une
insulte vivante pour Lorenzo qui avait tenté de défendre Fiora... et, très
certainement elle réussirait à se faire attribuer par la Seigneurie une bonne
part de la fortune des Beltrami.
    Voyant
que la jeune femme gardait le silence, fray Ignacio s’impatienta :
    – Eh
bien ? Qu’as-tu à dire à présent ? Je crois que ce que je t’offre est
généreux ?
    – Je
le crois aussi, dit la prieure. J’accepte, pour ma part, de te garder ici où tu
seras traitée comme la protégée de l’Eglise que tu vas être...
    Fiora
les considéra l’un et l’autre : elle, avec ses yeux encore humides d’un
stupide attendrissement, lui, avec le tic agaçant de sa bouche qu’il mordillait
puis humidifiait. Ils lui répugnaient autant l’un que l’autre.
    – Je
vous remercie tous deux... bien sincèrement de l’intérêt généreux que vous me
portez mais je préfère affronter le jugement de Dieu. J’espère qu’il me
permettra de prouver que j’ai raison !
    Fray
Ignacio qui s’était rassis, jaillit de son siège comme si un ressort s’était
soudainement déclenché :
    – Pauvre
folle ! Tu viens de signer ta condamnation à mort ! hurla-t-il tandis
que sa compagne levait les mains et les yeux au ciel.
    – Tu
n’en sais rien, révérend père ! Je peux survivre à la noyade.
    – Mais
pas au feu ! J’avais raison : tu n’es qu’une sorcière et si, par
malheur, le fleuve te rejette vivante, c’est au bûcher que je te ferai
condamner ! Comme j’y ferai peut-être condamner un jour le Médicis et toute
sa bande. Je n’ignore pas qu’il garde auprès de lui un médecin grec magicien et
voyant qui ne peut être qu’un suppôt de
    Satan !
Quand le pape aura étendu sa main sur cette cité maudite, ils brûleront tous...
mais toi, tu brûleras avant eux pour la plus grande gloire de Dieu !
    Il ne
se possédait plus et, dans la lumière ondoyante des chandelles, sa bouche
écumante tordue par la rage, et ses yeux flamboyants lui donnaient le masque
même d’un démon.
    – Il
en sera ce que Dieu voudra. Mais tu devrais le laisser se charger lui-même de
sa gloire. Il s’y entend certainement mieux que toi !
    – C’est
ton dernier mot ? Tu refuses ?
    – Je
refuse. Et maintenant, avec ta permission, je souhaiterais regagner ma cellule.
Il se fait tard... et je voudrais prier en paix.
    – Sacrilège !
Le feu de l’enfer t’attend après celui

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