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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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j’en suis persuadée, elle sera douce... et soumise !
    Le
regard de Pietro vacilla. Il respira deux ou trois fois, très fort, et lâcha
son fouet :
    – Tu
as raison. Célébrons d’abord les noces ! Amène-la-moi !
    Pippa
ne se le fit pas répéter. En dépit de la défense désespérée fournie par Fiora,
elle l’arracha de son abri précaire et la força à se coucher sur le lit où la
jeune femme immédiatement se pelotonna sur elle-même. Son cœur cognait
éperdument dans sa poitrine car, avec un cri de rage, Pietro avait repris son
fouet et lui en cinglait les épaules et le dos qu’elle lui offrait. Il allait
frapper encore mais la Virago, comprenant qu’il était capable de tuer sa
précieuse pensionnaire, arrêta son bras.
    – J’tai
déjà conseillé un peu d’patience, seigneur ! Inutile de frapper : le
sang te tacherait. J’vais t’la tenir !
    – Tiens-la
bien alors ! Elle est capable de me griffer !
    – Sois
sans crainte ! J’y veillerai. Déshabille-toi seulement ! et, tout
bas, elle chuchota dans l’oreille de Fiora : Pour l’amour de Dieu,
laisse-toi faire ! Il est capable d’te tuer !
    Que
Pippa invoquât l’amour de Dieu en un pareil lieu et un pareil moment donnait le
juste degré de son inquiétude mais elle n’avait pas besoin du secours de
quiconque : elle eût tôt fait de briser la résistance de la malheureuse
qui se retrouva étendue en travers du lit, les épaules et les bras solidement
maintenus.
    Cependant
Pietro ôtait son grand manteau qu’il jetait dans un coin :
    – Je
ne me déshabille jamais pour dépuceler une fille. Elles trouvent ce vêtement
plus agréable. Il les excite !
    Le
pourpoint qu’il portait était en effet constellé de petites plaques de fer
pointues qui sans causer de blessures graves devait égratigner cruellement la
peau de ses compagnes.
    – Par
tous les diables ! souffla Pippa stupéfaite. Elle savait bien pourtant que
le fils de Hieronyma n’était pas normal et, dans sa maison, elle avait
rencontré bien des hommes cruels mais celui-ci la confondait.
    Voyant
qu’il approchait, Fiora ferma les yeux très fort et serra nerveusement les
jambes mais le monstre les lui ouvrit d’un violent coup de genou puis, se
libérant, entra en elle brutalement... mais se retira aussitôt griffant les
seins et le ventre de la jeune femme qui ne put retenir un gémissement :
    – Elle
n’est plus vierge ! hurla-t-il.
    – Elle
n’est plus vierge ? répéta Pippa ahurie. Tu dois t’tromper seigneur !
Tu y as été fort !
    – Je
ne suis pas fou, Pippa, et j’ai toujours su quand une fille était neuve ou pas !
Celle-ci a déjà servi... mais elle va me dire à qui ? Tu entends, sale
petite putain ? Avec tes grands airs tu ne valais pas mieux que les filles
qui traînent dans les tavernes du fleuve ! Alors tu vas parler !
    Il se
jeta sur elle à nouveau, saisit sa gorge et commença à serrer, serrer. Pippa
poussa un cri :
    – Comment
veux-tu qu’elle parle si tu l’étrangles ? Lâche-la... Je t’dis de lâcher !
    Elle
saisissait déjà le monstre aux poignets quand soudain un homme surgit sans qu’elle
pût deviner d’où il sortait, un homme drapé de haillons qui lui donnaient l’air
d’une chauve-souris si grand et si noir qu’elle crut voir le diable en
personne. Mais elle eut à peine le temps d’apercevoir l’éclair de la dague dont
par deux fois, il frappa Pietro dans le dos...
    Le
bossu ne poussa qu’un cri et s’affaissa. Ses mains lâchèrent prise juste à
temps pour Fiora qui suffoquait. Pippa, qui se tenait à genoux de l’autre côté
du lit pour mieux immobiliser la jeune femme, se releva péniblement.
    Ses
yeux affolés allèrent du corps inerte à l’homme en haillons qui, d’une main et
sans effort apparent, saisissait le mort par le col de son pourpoint et l’enlevait
de Fiora sur laquelle il pesait péniblement pour le rejeter à terre avec dégoût
comme une chose immonde. Le corps de la jeune femme apparut, couvert de petites
griffures où perlait le sang ; il ne remua pas. Les ailes du nez pincées,
Fiora respirait avec difficulté...
    – T’as
fait du beau ! murmura Pippa qui regardait avec horreur la tache de sang s’élargissant
dans le dos de Pietro. Et d’abord, qui tu es, toi ?
    – Quelqu’un
qui t’aurait fait pendre... ou peut-être même brûler si ce monstre avait tué
madonna Beltrami chez toi. C’était déjà assez grave de retenir

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