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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Démétrios ramassa alors le manteau noir que Pietro
avait abandonné et le lui remit pour qu’elle en enveloppât la jeune femme puis
tendit la main à celle-ci.
    – Viens !
dit-il. Et ne crains rien ! Elle va, comme je le lui ai ordonné, nous
accompagner jusqu’à la porte...
    Pippa,
en effet, aussi indifférente que si elle était seule, allumait une chandelle au
candélabre et se dirigeait vers la porte. Mais Fiora résista à la main qui
voulait l’entraîner :
    – Et
Khatoun ? Je ne peux pas partir sans elle !
    – La
petite Tartare qui t’es si dévouée ? Où est-elle ?
    Fiora
eut un geste vague :
    – Je
ne sais pas. Quelque part dans cette maison... avec un homme... un étranger.
Pippa a dit qu’elle allait la donner à quelqu’un qui saurait l’apprécier... Il
faut la trouver !
    Démétrios
fronça les sourcils :
    – C’est
impossible cette nuit. Cette maison est grande et on ne peut pas fouiller
partout. De plus, je ne peux pas endormir une foule comme j’ai endormi cette
femme. Il faut partir sans elle.
    – Non !
dit Fiora. Je me refuse de l’abandonner. Dieu sait ce qui lui arriverait,
livrée seule à ces démons !
    – Je
n’ai pas remarqué que tu puisses grand-chose pour la protéger. Mais,
rassure-toi : elle ne risque rien. Pippa connaît trop la valeur marchande
d’une jolie fille. D’ailleurs demain je l’enverrai chercher. La Virago ne
résiste pas longtemps à l’or et elle en aura. Viens à présent, il faut faire
vite !
    Pippa
attendait au seuil comme une servante bien stylée. Quand Démétrios et Fiora la
rejoignirent, elle se mit en marche en les précédant, levant sa chandelle pour
éclairer leur chemin. On longea un couloir plongé dans la nuit et qui
débouchait sur une cour intérieure, celle-là même sur laquelle donnait la
chambre-étuve de Fiora. Des cris et des rires se firent entendre quand on passa
sous une voûte où débouchait un escalier. C’était si proche que la fugitive
sentit une angoisse à la pensée qu’une porte pouvait s’ouvrir, libérant
quelques-uns de ceux qui là-dedans menaient une véritable bacchanale.
    – N’aie
pas peur, chuchota Démétrios. Avec elle nous n’avons rien à craindre. D’ailleurs,
elle a évité la grande salle... Et nous sommes presque dehors...
    Au
bout d’un dernier couloir, Pippa ouvrit une porte et s’écarta pour laisser
passer ses compagnons. Puis referma derrière eux. Avec une joie infinie, Fiora
regarda le grand ciel bleu sombre, piqueté d’étoiles, dans lequel l’ombre des maisons
rapprochées de la ruelle découpaient un ruban scintillant. Elle respira à
pleins poumons l’air humide qui charriait des odeurs de poisson, d’huile et de
bois brûlé et serra plus fort la main de Démétrios :
    – Gomment
te remercier... commença-t-elle, mais il la fit taire.
    – Plus
tard nous aurons tout le temps de causer. Pour le moment, il faut nous mettre à
l’abri jusqu’à la fin de la nuit. Au lever du jour, quand les portes seront
ouvertes, je te conduirai chez moi, à Fiesole...
    – Où
allons-nous ? ...
    – Chez
l’ami à qui je dois cette défroque... et quelques autres choses...
    Ils
sortirent de la ruelle avec d’infinies précautions et seulement lorsqu’ils
eurent acquis la certitude que le pas de la milice s’éloignait au lieu de se
rapprocher. En face d’eux s’étendait ce qui ressemblait à un amas de ruines et
qui, en fait, était un chantier inachevé : celui d’un grand palais ne
comportant qu’un rez-de-chaussée et une partie de l’étage mais qui n’en était
pas moins impressionnant par les pierres énormes, à peine dégrossies,
rugueuses, barbares de son appareil [xiii] .
    Les
gens du quartier ne s’en approchaient pas car il avait mauvaise réputation. L’homme
qui l’avait voulu, Luca Pitti, l’un des plus riches de Florence, en avait
demandé les plans à Brunelleschi, l’architecte génial qui avait érigé le
Baptistère et coiffé le Duomo de son énorme bulle corail. Il le voulait le plus
grand, le plus riche de la ville, à la hauteur de son ambition effrénée. Après
la mort de Cosimo, le grand-père de Lorenzo, Pitti avait conspiré avec
Soderini, le gonfalonier d’alors, pour arracher le pouvoir des mains plus
faibles de Piero le Goutteux, son fils, mais le complot avait échoué et Pitti,
ruiné et exilé, était parti mourir loin de la ville bien-aimée. L’imagination
populaire qu’une fin si simple ne

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