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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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pourquoi me demandes-tu ce que tu dois en faire ?
    – Je
ne sais pas tout... et tu es le maître. Tu connais à présent la vérité en ce
qui la concerne. Pourquoi ne pas lui faire rendre justice ? Son père n’a
eu à se reprocher qu’un mensonge bien naturel et elle est tout à fait
innocente. N’a-t-elle pas assez souffert ?
    – Si
tu entends par rendre justice la rétablir dans son palais, ses biens et
remettre les choses dans l’état où elles se trouvaient naguère, c’est impossible.
Le peuple ne le permettrait pas. L’image qu’il a d’elle est celle d’une
créature diabolique. Il faudrait la faire garder jour et nuit. Et puis... Je
suis moins sûr que je ne l’étais de la loyauté de défunt Beltrami...
    – Comment
est-ce possible ? s’indigna Marsile Ficino. Il était l’homme le plus
généreux, le plus franc et le plus honnête que je connaisse... après toi !
    – Alors
comment expliques-tu ceci ?
    Lorenzo
alla prendre dans une armoire un coffret de malachite, l’ouvrit et en tira un
rouleau de parchemin qu’il déroula et tint devant lui entre ses deux mains :
    – Angelo
Donati à qui j’ai confié, d’accord avec la Seigneurie, l’administration
provisoire des affaires de Beltrami a reçu, de la banque Fugger, à Augsbourg,
la demande de remboursement d’une lettre de change, remise par Francesco
Beltrami à messire Philippe de Selongey, lettre d’une valeur de cent mille
florins d’or...
    – Peste !
dit Ficino : la belle somme ! Une rançon royale !
    – Pour
quel prisonnier ? Le plus curieux est, qu’à la demande de Selongey, la
somme a été versée directement au trésor du duc Charles de Bourgogne. Voilà
pourquoi, aujourd’hui, je doute de la loyauté de Beltrami. Il savait mon
étroite alliance avec le roi Louis de France et cependant il a contribué – et
en quelles proportions ? – au trésor de guerre de son ennemi qui, de ce
fait, est le nôtre. Si le Téméraire menait à bien son rêve d’empire, la guerre
éclaterait aussitôt entre nous, la Savoie et Milan, ses alliés, devenus
tout-puissants... Moi j’appelle cela de la trahison !
    – Ne
juge pas tant que tu n’as pas en main toutes les données du problème, fit
Démétrios. Il doit y avoir à cela une raison... simple mais qui t’échappe pour
le moment.
    Fais
crédit à ce mort que tu aimais et dis-moi ce que tu décides pour sa fille !
– Garde-la chez toi ! C’est encore là qu’elle sera le plus en sécurité à
condition qu’elle n’en sorte sous aucun prétexte et qu’elle s’arrange pour n’être
vue de personne.
    On la
connaît à Fiesole. Pour la suite, nous verrons : il faut que je
réfléchisse !
    Le ton
était sec et Démétrios pensa qu’il eût été maladroit, voire dangereux, d’insister.
Lorenzo, il le savait, pouvait se montrer impitoyablement cruel s’il se croyait
trahi et les profondeurs de son âme avaient des obscurités insoupçonnées. Il se
leva pour partir et salua profondément :
    – Je
rapporterai tes paroles à donna Fiora mais, avant de te quitter, puis-je te
demander une faveur ?
    – Demande !
    – Cette
pauvre enfant est en peine d’une certaine Léonarde qui l’a élevée et à qui elle
est très attachée. Cette femme a disparu le jour où le palais a été pillé. Il
se peut que donna Chiara Albizzi sache où elle se trouve. Or je ne peux me
rendre chez elle sans éveiller les soupçons et déplaire peut-être à sa
famille...
    – Si
Chiara sait quelque chose, je le saurai. Va en paix !
    Comme
il disait ces mots, le silence qui enveloppait le palais Médicis éclata sous
les accents d’une joyeuse musique et de l’écho d’une chanson qui accompagnaient
le pas des chevaux et les sonnailles des mules. Une brillante cavalcade
encombrait la rue et se bousculait pour pénétrer dans la cour du palais.
Giuliano et ses amis revenaient d’une partie de campagne et emplissaient la via
Larga d’une étonnante fresque colorée. Les costumes étaient roses, blancs,
corail, vert pâle ou jaune soleil et c’était comme si le vent, passant sur tous
les jardins de Florence, avait emporté les pétales des fleurs pour les déposer
au cœur de la ville. Les montures étaient harnachées de rouge ou de bleu liseré
d’or ; les jeunes femmes portaient toutes de grands bouquets de lilas
blanc dont le parfum sensuel les enveloppait d’une nouvelle séduction. Tous les
visages avaient la fraîcheur du printemps, tous les

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