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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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visage.
    – C’est
vrai, dit Francesco gravement, et c’est pourtant bien toi car les traits sont
semblables. Ce portrait, mon enfant, c’est celui de ta mère. La ressemblance n’était
pas évidente quand tu étais toute petite mais, à mesure que tu as grandi, elle
s’est développée, accentuée...
    – Ce
n’est pas vrai ! s’écria Fiora prête à pleurer. Tu t’illusionnes, père.
Elle est très belle et moi je ne le suis pas...
    – Qui
t’a mis cette idée dans la tête ? fit Beltrami stupéfait.
    – Personne
mais aucune femme ne saurait être belle avec des cheveux noirs !
    – Ma
parole, tu es folle ? Mais je vais te démontrer que tu te trompes...
    Se
levant, Francesco alla jusqu’à l’une des armoires marquetées en trompe-l’œil qu’il
avait disposées contre les murs de son studiolo. Fiora savait,
pour les avoir maintes fois admirées, que ces armoires contenaient des
merveilles : livres rares aux précieuses reliures, émaux lumineux, objets
d’argent, d’ivoire ou d’or, statuettes chryséléphantines ou danseuses d’albâtre
translucide et cent autres jolies choses. Il prit, dans l’une d’elles qu’il déverrouilla
avec une clef dorée pendue à son cou par une chaînette, un petit coffre d’argent
qui ressemblait à un reliquaire et le posa sur une tablette, l’ouvrit et en
sortit, avec des gestes qui étaient ceux d’un prêtre touchant l’hostie, le petit
hennin de dentelle qui avait été la dernière coiffure de Marie de Brévailles,
le regarda un instant puis y posa ses lèvres. Fiora vit que ses mains
tremblaient et qu’il y avait des larmes dans ses yeux quand il se tourna vers
elle.
    – Laisse-moi
faire ! murmura-t-il.
    Rejetant
en arrière la chevelure noire de sa fille, il dégagea son front qui était haut
et bien formé, fixa la coiffure presque à la racine des cheveux, enveloppa le
visage du pan de dentelle puis, prenant au mur un miroir, il le posa près du
portrait et mena Fiora devant ce miroir :
    – Regarde !
dit-il seulement.
    La
dentelle avait un peu jauni mais, ainsi séparé de son cadre habituel, le visage
que reflétait le miroir et celui du portrait étaient étrangement semblables. C’était
le même teint délicat d’ivoire rosé, la même bouche au pli rieur, le même nez
fin et surtout les mêmes yeux d’un gris nuageux.
    – Alors ?
demanda Francesco, soutiendras-tu encore que tu es laide ?
    – N...
on. Mais pourquoi ne suis-je pas blonde comme elle ? Si j’avais ces cheveux
d’or, je suis sûre que les poètes me chanteraient et peut-être que j’aurais pu
être un jour la reine de la giostra...
    – Comme
madonna Simonetta ? sourit Beltrami, une flamme de gaieté dans les yeux. J’espère
que ma petite fille ne va pas s’aviser d’être sottement jalouse ? Certes,
tout Florence admire cette ravissante femme mais, avant que notre Lorenzo n’épouse
madonna Clarisa...
    – Qui
est rousse ! précisa Fiora têtue.
    – Qui
est rousse... et pas très jolie. Avant donc ce mariage, tout Florence n’avait d’yeux
que pour la belle Lucrezia Donati que Lorenzo aimait et qui était brune, comme
toi.
    Avec
les mêmes gestes légers et pieux que tout à l’heure, Francesco ôtait la
coiffure et s’apprêtait à la serrer quand Fiora l’arrêta :
    – Père !
Ces taches brunes sur la dentelle, que sont-elles ?
    Francesco
devint très pâle et considéra sa fille avec une sorte d’égarement. Soudain
fébrile, il acheva de disposer la relique, referma le coffret, le rangea puis
revint vers le portrait qui semblait accaparer toute la lumière de ce beau
matin et lorsqu’il prit, pour le recouvrir, un grand morceau de velours noir,
Fiora l’arrêta :
    – Laisse-moi
la regarder encore ! pria-t-elle. Je la connais si peu ! Ni toi ni
Léonarde ne m’en parlez jamais. Je ne sais qu’une chose : c’était une noble
dame du pays de Bourgogne...
    – C’est
que, vois-tu, l’histoire en est triste, douloureuse même. Nous n’en parlons que
très rarement, Léonarde et moi. Quant à toi, tu es encore trop jeune.
    – On
n’est jamais trop jeune pour apprendre à connaître sa mère. Je n’ai que vous
pour m’en parler et, à présent, cette image mais, si je l’interroge, elle ne me
répondra pas puisque messer Sandro n’a fait que copier ma figure.
    – Tu
es capable, toi, à ton âge, de recevoir le message d’un portrait ? dit
Francesco surpris.
    – Bien
sûr. J’ai vu chez elle le

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