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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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éclaircir leurs cheveux au moyen d’une
multitude d’onguents et en prenant d’interminables bains de soleil, leur
chevelure étalée sur un grand chapeau de carton sans fond, elle était incapable
d’estimer à sa juste valeur une chevelure souple et brillante sans doute mais regrettablement
foncée.
    – Mon
père m’aime, murmura-t-elle les larmes aux yeux. Il ne me voit pas telle que je
suis. Moi je sais que personne ne m’aimera jamais avec cette tignasse. Surtout
pas...
    Elle
se tut brusquement et rougit à l’idée qu’elle avait failli laisser échapper le
secret de son cœur. Elle ne savait pas que, ce secret, Léonarde l’avait percé
depuis longtemps. Ne voulant pas augmenter le chagrin de l’enfant, elle fit
comme si elle n’avait pas entendu.
    – Il
ne faut pas faire attendre messer Francesco, dit-elle doucement. Nous finirons
la coiffure plus tard. Puis, effleurant d’un doigt caressant la joue de la
petite, elle ajouta, avec beaucoup de tendresse : si vous n’en croyez pas
votre miroir, mon cœur, croyez-en votre vieille Léonarde... et tous ces garçons
qui vous font la cour : vous êtes bien plus jolie que vous ne le croyez et
je sais que, plus tard, vous serez très belle. Allez, à présent !
    Fiora
ne répondit pas. Elle n’était pas convaincue. Bien sûr elle ne se jugeait pas
horrible : c’eût été de la mauvaise foi ; bien sûr, il ne manquait
pas de prétendants empressés autour de la fille du très riche et très puissant
messer Beltrami mais justement parce que son père possédait l’une des plus
grosses fortunes de la ville, elle n’arrivait pas à croire en leur sincérité et
elle eût donné joyeusement toute cette fortune pour posséder les cheveux d’or
rouge de Simonetta...
    Au
seuil de la chambre, elle demanda :
    – Où
est mon père ?
    – Dans
son studiol o [i] .
    Fiora
sortit et se trouva dans la large galerie à colonnes qui, au premier étage du
palais, faisait le tour du cortile - la cour intérieure – orné de
deux statues antiques et d’orangers plantés dans de grands pots de majolique
verte et bleue. Bien qu’on fût au cœur de l’hiver, le temps était doux et
ensoleillé, la mauvaise saison, en Toscane, se traduisant plus volontiers par
de la pluie que par de grands froids, et la neige y était rare. Fiora, qui n’aimait
pas vivre enfermée et qui passait au jardin le meilleur de son temps libre,
respira cet air léger qui portait avec lui des odeurs de pain chaud et d’épices
fines sur un fond de musique lointain. C’était jour de fête aujourd’hui, 28
janvier, parce que Lorenzo de Médicis voulait célébrer avec faste l’accord qu’il
venait de signer contre le Turc avec la Sérénissime République de Venise. Il y
aurait joute, banquet et danses...
    Le
chemin que Fiora avait à parcourir n’était pas long : les appartements de
Francesco se trouvant au même étage que ceux de sa fille mais de l’autre côté
de la cour. Khatoun, qui ne la quittait jamais, trottant sur ses talons, Fiora
se dirigea rapidement vers eux.
    Khatoun
était tartare et avait le même âge que sa jeune maîtresse. C’était une petite
créature menue et gracieuse qui, avec son visage triangulaire, ses yeux étirés
vers les tempes et son petit nez plat, ressemblait tout à fait à un chaton.
Elle en avait la gaieté et le naturel joueur et caressant. Elle aimait la
maison Beltrami, Fiora et la vie douillette qu’elle menait auprès d’elle. Le
fait d’être née esclave ne la tourmentait aucunement pour l’excellente raison
que personne n’aurait eu l’idée de le lui faire sentir, Fiora ne l’aurait pas
permis.
    Comme
dans toute l’Italie, les esclaves étaient nombreux à Florence, surtout ceux du
sexe féminin, et l’opulence d’une maison s’estimait à la fois à leur nombre et
à leurs qualités, voire à l’étrangeté de leur apparence. Certains étaient rares
et on se les disputait, comme ce couple de danseuses mauresques et cette naine
noire que la duchesse de Ferrare enviait furieusement à la duchesse de Milan,
Bianca-Maria Sforza.
    Les
bourgeois des villes riches comme Florence, Milan, Venise ou Gênes pouvaient
aussi s’offrir ce luxe coûteux qui valait aux esclaves d’être traités plus
souvent en familiers qu’en vulgaires domestiques. Les armateurs vénitiens ou
génois les importaient des marchés de la mer Noire, d’Asie Mineure, de la
péninsule balkanique, d’Espagne où les Maures tenaient encore

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