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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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des frères Médicis ne sont jamais de
très longue durée. En outre, Marco Vespucci commence à sécréter de l’aigreur.
Un mari jaloux c’est encombrant. Tu devrais savoir cela, toi : votre
palais est voisin de celui des Vespucci. Mais, au lieu d’attendre, tu ferais
mieux de regarder autour de toi : Luca Tornabuoni est plus beau que
Giuliano et il est fou de toi. D’ailleurs... quand on parle du loup...
    Le
jeune homme en question venait de déboucher d’une rue en compagnie de plusieurs
compagnons. Tout de suite, les deux jeunes filles furent entourées par une
bande joyeuse et bavarde qui les sépara de leur escorte et les mena
triomphalement jusqu’au lieu du tournoi. Luca Tornabuoni avait osé, à la faveur
du tumulte, prendre la main de Fiora et la garder dans la sienne après y avoir
posé un baiser furtif :
    – Vos
beaux yeux auront-ils aujourd’hui pour moi un regard plus doux que d’habitude ?
pria-t-il en français. Elle lui sourit et pensa qu’en effet il était très beau,
avec sa haute taille qui l’obligeait à lever un peu la tête bien qu’elle fût
grande, son profil de médaille, ses épais cheveux noirs et bouclés et ses yeux
sombres qui étincelaient en la regardant.
    – Pourquoi
aujourd’hui ? fit-elle taquine.
    – Parce
que c’est jour de fête, parce qu’il fait beau, parce que vous êtes plus belle
que jamais, parce que...
     
    Qui
veut être heureux se hâte
    Car
nul n’est sûr du lendemain...
     
    Il
avait achevé sa phrase en fredonnant cette chanson qu’avait composée Lorenzo de
Médicis, qui était sa chanson favorite et qui, de ce fait, devenait l’évangile
de toute la jeunesse de Florence. Plus bas, il ajouta ardemment :
    – Laissez-moi
parler à votre père, Fiora ! Acceptez de devenir ma femme !
    – Même
si j’acceptais, mon père ne dirait pas oui. Il me trouve trop jeune...
    – Alors,
donnez-moi au moins un espoir, un gage. Je vais combattre pour vous...
    Luca
était l’un de ceux qui allaient se mesurer à Giuliano de Médicis dans la joute
de cet après-midi. Touchée, malgré tout par cette prière passionnée, elle lui
tendit son mouchoir qu’il glissa aussitôt sous son pourpoint :
    – Merci,
ma douce dame, s’écria-t-il joyeusement. Il faut à présent que je remporte la
victoire pour vous faire honneur...
    – De
toute façon, remarqua Chiara, ce n’est pas Fiora qui te couronnerait en
admettant que tu gagnes. Ce n’est pas elle la reine de la joute.
    – Pourquoi :
en admettant ? Doutes-tu de mon courage ?
    – Ni
de ton courage ni de ta valeur, beau chevalier mais il ne serait pas convenable
que Giuliano soit battu puisque sa dame est reine.
    Le
jeune homme les quitta aussitôt. On arrivait à la place Santa Croce à l’entrée
de laquelle des tentes de soie multicolores avaient été dressées pour les
combattants Des pages, rouge et or, et des palefreniers donnaient leurs soins
aux chevaux superbement caparaçonnés suivant les couleurs de leurs maîtres... C’étaient
tous des chevaux de prix venant des écuries célèbres du marquis de Mantoue ou
bien des chevaux arabes fournis par Venise. Seul Giuliano de Médicis devait
monter un admirable destrier alezan offert récemment, avec une jument de même
robe par le roi de France à son frère Lorenzo. Louis XI, dont on disait
cependant que la cour était la moins fastueuse d’Europe, était un connaisseur
en la matière et savait se montrer royal quand il s’agissait de ses alliés ou
de ses amis. Ce cheval en était la preuve.
    Devant
la façade de brique rose, très simple, de l’église Santa Croce [iii] une grande
tribune drapée de pourpre et d’or avait été dressée pour le maître de Florence
et ses invités. Le trône de la reine du tournoi en occupait le centre. De
chaque côté, se faisant face, de hauts balcons de bois avaient été dressés le
long des maisons. Les dames et les demoiselles de la ville y prenaient place
dans leurs plus beaux atours, accompagnées de leurs époux, de leurs pères ou de
leurs amants. Elles composaient ainsi une double guirlande colorée et
scintillante digne d’une cour royale, et le petit peuple qui s’entassait
derrière des barrières tendues de soie dans des habits aux couleurs joyeuses ne
déparait pas le tableau. Ce n’étaient partout que rubans, banderoles et
bannières qu’un vent léger faisait voltiger. Tout cela bruissait, frissonnait,
et Florence, en ce beau jour, n’était plus que soie, or et

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