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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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était
déjà tard et, si le palais Beltrami était proche, le chemin était encore assez
long pour les habitantes du palais Albizzi. La nuit allait venir.
    Cornelia
Donati partit avec Chiara et Colomba tandis que l’apothicaire donnait à ses
valets l’ordre de fermer boutique. Lui-même avait à faire à la Seigneurie afin
d’y rencontrer le prieur de son quartier pour une question délicate : son
voisin des pompes funèbres s’était arrogé le droit de vendre certaines drogues
destinées à l’embaumement de ses clients, drogues qui étaient du ressort
exclusif de l’apothicaire. Landucci devait se dépêcher car ce prieur était son
ami et ne serait peut-être plus apte à le secourir dans quinze jours. En effet,
les prieurs n’étaient élus que pour deux mois, circonstance qui faisait vivre
Florence dans une perpétuelle agitation électorale...
    – Il
faut aussi que je voie messer Francesco, confia-t-il à Fiora en guise d’adieu,
mais j’irai demain à ses entrepôts de la via Calimala... Il m’appuiera
certainement.
    L’Angélus
sonnait, accompagné du claquement de centaines de volets de bois qu’un peu
partout les commerçants ou leurs garçons appliquaient sur les boutiques. Les
élégants promeneurs du pont Santa Trinita commençaient à quitter la place pour
se rendre vers d’autres lieux d’agrément. Un groupe bruyant entourait un jeune
homme petit et mince mais vêtu avec une incroyable recherche d’une casaque de
satin blanc sur des chausses de velours blanc cousues de dentelles d’argent.
Une cape, des bottines et un béret de velours rose, ce dernier agrémenté d’une
longue plume de héron, composaient un costume devant lequel tous les autres s’extasiaient.
Une chaîne d’or soutenant une lourde médaille, des bagues à tous les doigts, le
jeune élégant s’avançait à pas comptés, tournant la tête de tous côtés pour
voir s’il récoltait un suffisant tribut d’admiration.
    Fiora,
elle aussi, avait vu. Tirant brusquement Léonarde par la manche, elle la fit
entrer avec elle sous l’arche d’une maison qui abritait l’entrée d’une étroite
ruelle.
    – Qu’est-ce
qui vous prend ? protesta la vieille dame.
    – Ne
voyez-vous pas ce qui nous arrive là ? Ce fat de Domenico Accaiuoli avec
sa bande de courtisans.
    – Que
vous a-t-il fait ? Je croyais qu’il était de vos amis ? Ne vous
fait-il pas la cour ?
    – Est-ce
que cette sorte de garçons sait faire la cour à une fille ? Il me la
ferait de meilleur cœur si j’étais un garçon comme lui. Il veut une épouse
fortunée, sans doute, mais je ne suis même pas certaine qu’il saurait lui faire
des enfants. En tout cas, la pauvre ne le verrait pas souvent franchir le seuil
de sa chambre...
    Abasourdie,
Léonarde regarda Fiora avec la mine d’une poule qui s’aperçoit soudain qu’elle
a couvé un canard :
    – Où
allez-vous chercher cela ? Ce n’est tout de même pas moi qui vous l’ai
appris ?
    Fiora
se mit à rire et serra plus fort contre elle le bras de sa gouvernante.
    – Vous
êtes bien trop convenable ! C’est Chiara qui me l’a dit. Son cousin
Tommaso fait partie de la bande de Domenico. Et, entre filles, on parle..,
    – Je
vois qu’en effet vous êtes plus savante qu’on ne le pourrait croire, fit
Léonarde vaguement scandalisée.
    – Ne
faites pas cette mine ! Vous n’aimez pas plus Domenico que je ne l’aime.
Soyez certaine que, lorsque je me marierai, ce sera avec un homme digne de ce
nom.
    Instantanément,
son esprit évoqua la puissante silhouette de Philippe de Selongey et, au
souvenir du baiser qu’elle en avait reçu, elle ressentit un petit frisson
devenu familier. Elle l’éprouvait chaque fois qu’elle évoquait cette minute
inoubliable qui l’avait bouleversée, cette minute qu’elle ne revivrait sans
doute jamais plus...
    – Si
vous n’y voyez pas d’inconvénient, nous pourrions peut-être rentrer, à présent,
bougonna Léonarde, le chemin paraît libre. Et il fait diantrement froid dans
cette ruelle ; sans compter les odeurs de latrines qu’on y respire. Au
moins, messer Domenico sent bon.,.
    Elles
sortirent de leur cachette et reprirent leur chemin :
    – Trop
bon, dit Fiora. Sa mère et ses sœurs ne sont pas si parfumées. Un homme, cela
doit sentir le savon sans doute mais aussi le cuir, l’herbe fraîche... et même
un peu le cheval, ajouta-t-elle rêveusement, donnant libre cours à ses souvenirs
et ayant oublié qu’elle

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