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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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jeune fille, elle jeta si furieusement que l’on
crut entendre siffler une vipère :
    – Mon
voile devrait y suffire. Quant à toi, vile bâtarde qui te permet de me traiter
en égale, ôte-toi de mon chemin !
    Fiora
n’était pas fille à se laisser insulter sans répondre :
    – Tu
n’oserais pas répéter cela devant mon père ! Avec lui tu es sucre et miel
et ici tu es chez un ami de mon père.
    – Écoutez-la
jacasser ! ricana l’autre. C’est une princesse que cette fille, ma
parole...
    – Je
suis plus qu’une princesse puisque je suis la fille de Francesco Beltrami...
    – Tu
en es bien sûre ?
    Si la
question perfide troubla Fiora, elle n’en laissa rien paraître. Redressant
fièrement la tête, elle lança :
    – Mon
père, lui, en est sûr ! C’est plus que n’en pourraient dire certains
autres hommes...
    Cornelia
Donati qui s’était remise du choc du bocal vint se ranger aux côtés de la jeune
fille.
    – Ne
te mêle donc pas de discuter avec cette vipère, petite ! Ton père est homme
de bien, on le sait. On l’estime. On n’en dit pas toujours autant des Pazzi.
Passe ton chemin, Hieronyma ! Nous t’avons assez vue.
    – Je
pars mais nous nous retrouverons, Cornelia Donati ! Quant à celle-là, le
jour est proche où je la tiendrai à merci dans ma maison et où elle saura ce qu’il
en coûte de me défier publiquement.
    Et
elle sortit dans un grand envol de voiles et de drap violets, sa couleur
favorite parce qu’elle estimait qu’elle seyait particulièrement à son opulente
blondeur. Laissés à eux-mêmes, les occupants de la boutique s’entre-regardèrent
stupéfaits par la dernière sortie de Hieronyma :
    – Qu’est-ce
qu’elle a voulu dire par là ? demanda Chiara. Je ne vois pas bien comment
elle pourrait tenir Fiora en sa maison ?
    – A
moins de lui faire épouser son fils ? susurra Cornelia...
    – Cet
affreux gnome, bossu et bancal ? s’indigna Chiara. Il faudrait que messer
Francesco fût devenu fou... ce qu’il ne sera jamais.
    – C’est
pourtant ce qu’elle souhaite, dit la grosse Colomba. Une de ses servantes m’en
a touché deux mots l’autre jour chez le marchand de chandelles. Donna Hieronyma
estime que c’est le meilleur moyen pour que la fortune des Beltrami demeure
dans la famille. Chacun sait, en effet, que donna Fiora est l’héritière de son
père...
    – Ce
qui n’est que justice ! affirma Cornelia Donati. Mais je conçois que la
Hieronyma guigne cette fortune qui, sans Fiora, lui revenait. On ne se résigne
pas facilement à une telle perte. D’autant que son défunt époux n’étant pas le
fils aîné, elle n’a pas grand-chose à attendre du vieux Jacopo. La part qu’il
laissera ira au malheureux Pietro. Cela ne fera pas grand-chose pour lui et sa
mère...
    Fiora
ne disait rien. Elle était figée d’horreur à la simple pensée de ce qu’elle
pourrait devenir aux mains de cette femme. De cette femme qui avait parlé comme
si elle était sûre de son fait. Heureusement, Léonarde s’en aperçut et entoura
ses épaules d’un bras protecteur :
    – N’allez
pas vous mettre martel en tête, mon cœur ! Il arrive à tout le monde de
faire des rêves impossibles. Celui de donna Hieronyma restera ce qu’il est :
un rêve...
    Mais
elle n’était pas trop rassurée elle-même car elle n’avait pas aimé la petite
phrase qui laissait supposer que Beltrami pourrait n’être pas le père de Fiora.
Elle se rassura cependant : pour savoir la vérité, il faudrait que cette
Hieronyma fût le diable, ou tout au moins sa fille. Elle se promit tout de même
d’en dire un mot à Beltrami.
    Désireux
d’alléger une atmosphère qu’il jugeait tout à fait néfaste à son commerce, le
bon Landucci offrit à ces dames un doigt de vin de Chypre pour leur faire
oublier le moment désagréable qu’elles venaient de vivre chez lui.
    – Moi
j’ai trouvé cela plutôt amusant, dit Chiara.
    – Pas
moi ! fit l’apothicaire. Donna Hieronyma pourra se chercher un autre
fournisseur. Je ne la recevrai plus.
    – Dans
ce cas, il n’y a vraiment aucune raison pour que je n’achète pas cet incarnat ?
fit Cornelia qui ne perdait pas de vue la cause de la bataille. Je l’ai conquis
de haute lutte, il me semble.
    – Il
me semble à moi aussi, dit Landucci en riant. Et il ordonna à l’un de ses
garçons d’emballer le petit pot.
    Leurs
achats terminés, Fiora et Léonarde, Chiara et Colomba se séparèrent. Il

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