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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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sous-entendus, vos questions qui,
elles, sentent la basse police ? Qu’avez-vous à faire de ces deux
malheureux qu’un peu de pitié eût laissé vivre, de cette enfant à qui un peu d’humanité
eût conservé au moins une mère et que j’ai sauvée de la haine d’un homme infâme
qui allait l’écraser sur la tombe ignoble où la prétendue justice de vos ducs
avait jeté ses parents ? Me croyez-vous assez simple pour ne pas lire
clairement dans votre jeu ? Depuis que vous êtes entré ici, vous m’avez
parlé argent puis, tout aussitôt, vous m’avez raconté cette affreuse histoire
que vous avez déterrée le diable seul sait où...
    – Ce
qui veut dire ?
    – Qu’en
dépit de vos éperons d’or de chevalier, en dépit de cet ordre illustre dont l’insigne
pend sur votre poitrine, vous n’êtes rien d’autre qu’un maître chanteur,
messire de Selongey !
    Philippe
devint blême et, machinalement, porta la main à la garde de l’épée qui pendait
à son côté :
    – Vous
m’insultez !
    – Non.
Je vous traite selon vos mérites ! A présent, sortez ! Vous n’aurez
pas de moi un seul florin !
    Dressés
face à face, ils étaient si proches que l’un pouvait sentir le souffle un peu
haletant de l’autre mais le but de Selongey n’était pas de pousser cet homme à
bout. Il se détourna, s’éloigna vers la fenêtre qui donnait sur la place
presque sombre à présent et, un instant, regarda aller et venir les habitants
de cette ville étrange où la noblesse de la naissance ne signifiait rien et n’accordait
pas un droit obligatoire au respect. Seul l’argent comptait et l’homme qui
était en face de lui était l’un .des plus riches.
    – Je
vous ai dit de sortir ! répéta Beltrami d’une voix où se sentait la
lassitude...
    – Non.
Je me suis mal exprimé et je vous en demande excuses. J’espérais, en effet,
intéresser l’homme d’affaires que vous êtes à celles de mon maître qui est le
plus noble prince de tout l’Occident. Il vous en aurait eu une royale
reconnaissance... à la hauteur de la couronne qu’il coiffera un jour. Mais ce n’est
pas uniquement cela que j’étais venu vous demander ce soir...
    – Que
voulez-vous donc ?
    – Que
vous m’accordiez la main de votre fille. Je veux l’épouser...
    La
stupeur laissa le négociant sans voix avec l’impression désagréable que les
murs se mettaient à tournoyer autour de lui. Il alla jusqu’à une armoire
dissimulée dans la boiserie, y prit un flacon de vin de Chianti et un gobelet d’argent
qu’il remplit et vida presque du même mouvement. Alors il se sentit mieux pour
affronter la nouvelle bataille qui ne pouvait manquer de venir.
    – Vrai
dieu ! remarqua Philippe avec un demi-sourire. Je ne pensais pas vous
causer une telle émotion !
    – Laissez-là
mon émotion. Vous voulez épouser Fiora ? Vous ?
    – Moi,
oui !
    – Alors
que vous m’avez laissé entendre que vous n’ignorez rien de ses origines, nobles
sans doute mais entachées d’infamie par la main du bourreau ? ... Tout au
moins selon les lois de votre pays et de votre caste.
    – Selon
les lois de tous les pays et de toutes les castes. Croyez-vous que votre
fortune pourrait la sauver du mépris si l’on savait ici, dans cette incroyable
république, qu’elle est le fruit d’un inceste doublé d’un adultère qui s’est
achevé sur un échafaud, condamné à la fois par l’Église et par le prince ?
    Francesco
Beltrami sentit un frisson glacé courir le long de son échine et retourna vers
le feu comme vers un ami secourable. Ce démon avait raison et il le savait
bien.
    – Et
vous, fit-il amèrement, investi de la confiance d’un grand prince, vous comte
de Selongey, chevalier de la Toison d’or, vous qui êtes sans doute l’un des
premiers dans votre pays, vous voulez pour femme cette enfant dont vous dites
vous-même que sa naissance est marquée d’infamie. Pourquoi ?
    – Je
ne chercherai pas à vous dissimuler la vérité, dit Selongey rudement. D’abord
parce que je l’aime...
    – Allons
donc ! Vous n’avez fait que l’entrevoir par deux fois : à la giostra et au palais Médicis...
    – Je
l’ai rencontrée une troisième fois dans l’église de la Sainte Trinité. Mais une
seule rencontre suffisait. Sa beauté... m’a serré le cœur. C’est comme un
charme qui s’est emparé de moi...
    – Et
vous pensez que c’est cela l’amour ? Qu’il suffit d’un instant

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