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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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nez
avait de la fierté, comme d’ailleurs tous les traits de son visage, et elle
dégageait une odeur de marjolaine inattendue dans cette cave. Car la pièce dans
laquelle on avait porté Fiora avait bien l’air d’en être une. Une voûte de
pierres noircies qui devaient dater des Césars s’arrondissait au-dessus de la
table mais, en tournant un peu la tête, Fiora put voir qu’elle disparaissait
derrière une série de planches épaisses sur lesquelles s’entassaient des pots,
des fioles, des boîtes, des paquets d’herbes et d’étranges vases de verre ou
encore de gros livres aux reliures fatiguées : un ensemble qui lui rappela
le cabinet de Démétrios à Fiesole et lui fit oublier qu’en effet l’exploration
de sa blessure n’avait rien d’agréable.
    – Je
n’aime pas les lésions causées par un stylet, fit Anna en se redressant. Elles
plongent souvent plus avant que celles faites avec une lame plus large.
Celle-ci est moins profonde que je ne craignais, mais on dirait qu’elle a
ouvert une cicatrice ? Tu as déjà été blessée à l’épaule ? demanda-t-elle
à Fiora.
    – Oui.
J’ai reçu un coup d’épée il y a un peu plus de deux ans.
    – Du
travail bien fait. Qui t’a soignée alors ?
    – Je
ne pense pas que tu le connaisses, bien que ce soit un Italien. Il s’appelait
Matteo de Clerici et il était le médecin du dernier duc de Bourgogne...
    Le
rire de l’Infessura lui coupa la parole. Un grand rire sonore et joyeux qui n’allait
pas tellement à son personnage d’oiseau de nuit.
    – On
ne dirait jamais, à te voir, que tu es un vieux guerrier, donna Fiora ! Ainsi,
tu as connu le Téméraire, ce prince fabuleux ?
    – J’ai
vécu auprès de lui jusqu’à sa mort, mais, dit Fiora avec un pâle sourire, n’es-tu
plus républicain pour t’intéresser ainsi à un prince ?
    – Le
prince est mort et cela change tout. Son histoire me passionne comme tout ce
qui est Histoire en général. Il faudra que tu m’en parles, donna Fiora ! Puis,
se tournant vers Anna : Peux-tu la garder quelques jours le temps qu’elle
aille mieux ? Ensuite je l’emmènerai chez moi. Je ne te cache pas que les
sbires du pape la cherchent et sans doute à présent ceux de Borgia.
    Anna,
qui nettoyait la plaie avec du vin aux herbes avant de l’enduire d’un baume à l’odeur
piquante, ne se détourna pas de son ouvrage :
    – Je
peux la garder quatre ou cinq jours et je pense que ce sera suffisant si la
fièvre ne la prend pas. Mon père s’est rendu à Pérouse au chevet d’un vieil
ami. C’est une chance !
    – Le
rabbin Nathan ne sait-il plus ouvrir sa porte à l’infortune ? demanda
Stefano avec une sévérité où entrait de la déception.
    – Pas
à toutes. Les bonnes dispositions du pape envers la communauté juive de Rome
lui sont précieuses.
    – Au
pape aussi. Il tire de vous pas mal d’or !
    – Sans
doute, mais il nous laisse vivre en paix et même il nous protège contre nos
voisins. Qu’il nous retire son appui et les Cenci, ces fauves hargneux qui sont
assis à notre porte et qui nous guettent, auraient tôt fait de nous mettre à
mal et de brûler nos maisons. Cela compte.
    – Que
d’histoires ! s’écria Khatoun qui jusque-là avait gardé le silence, se
contentant de tenir dans les siennes la main de Fiora qu’elle portait à sa joue
de temps en temps, comme elle le faisait autrefois quand elles vivaient
ensemble au palais Beltrami. Pourquoi ne viendrait-elle pas chez nous ? Je
suis sûre que la contessa Catarina, ma nouvelle maîtresse, serait heureuse de l’accueillir.
Elle est la seule, à Rome, qui se soit inquiétée d’elle et qui a toujours tout
fait pour l’aider. Le palais est grand et...
    – Mais
c’est le palais Riario, coupa l’Infessura. Autant la jeter dans la gueule d’un
tigre...
    – Et
puis, reprit Anna, donna Catarina va accoucher sous peu. Tu le sais bien,
Khatoun, puisque tu es venue seule, ce soir. A ce propos, il est temps que je
te donne ce que tu es venue chercher et que tu rentres chez elle.
    – Oh
non ! protesta Khatoun. Pas tout de suite ! Je viens juste de
retrouver ma chère maîtresse qui a été pour moi comme une sœur et tu veux me
chasser ? J’ai tant de choses à lui dire, tant de questions à lui poser...
    – Plus
tard, les questions ! Elle n’a que trop parlé ! Nous allons la monter
dans un lit et toi tu repartiras. Ton escorte doit trouver le temps long. Tu
pourras revenir

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