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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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méprisent les Juifs ?
    – En
voilà une idée ! J’ai trop souffert du mépris des autres pour avoir de ces
dédains. Seulement, tu sais qui je suis, n’est-ce pas ?
    – On
a fait assez de bruit autour de toi.
    – Alors
tu sais aussi que je suis recherchée par la police du pape, et je ne voudrais
pas mettre qui que ce soit en danger. Borgia avait les moyens de se défendre si
l’on m’avait sue chez lui, mais une femme juive...
    – Anna,
elle aussi, a de grandes protections. En outre, durant les semaines que tu as
passées chez le vice-chancelier, les recherches se sont un peu calmées. Le pape
enrage. Après avoir fait visiter quatre fois le palais du cardinal d’Estouteville,
il a fini par se faire à l’idée que tu as pu quitter Rome. Du moins il fait
semblant. Viens, à présent, il est temps de nous mettre en marche.
    – C’est
loin, le ghetto ?
    – Presque
aussi loin que chez moi, mais nous avons le moyen de te simplifier le chemin.
    Soutenue
fermement par Stefano, Fiora marcha doucement jusqu’au Tibre qui coulait
au-delà du mausolée. Zeus avait pris la lanterne dans sa gueule et éclairait le
chemin, leur permettant d’éviter les buissons et les éboulis de pierres. Héra,
le nez au vent, fermait la marche. Arrivés à la berge sur laquelle reposaient
deux ou trois barques, Infessura en tira une à l’eau et y installa Fiora aux
pieds de laquelle se couchèrent les chiens.
    – Ce
bateau, murmura Fiora inquiète, tu sais à qui il appartient ?
    – Oui.
Sois tranquille ! Jamais l’Infessura ne fera tort à l’un de ses frères
humains. Je le ramènerai une fois que tu seras en sûreté. D’ailleurs, Pietro s’est
blessé il y a deux jours et ne s’en sert pas.
    Fouillant
dans l’aumônière de Juana, Fiora tira l’une des trois pièces qui restaient et
la tendit à son guide :
    – Alors,
tu lui donneras ça. S’il ne travaille pas en ce moment, il sera content d’avoir
cet or.
    Dans
la nuit environnante – on avait masqué la lanterne – Fiora vit briller les
dents de son guide et l’entendit rire doucement :
    – Je
savais bien, dit-il, que tu valais la peine que l’on t’aide. Désormais, je suis
ton ami.
    La
barque glissait sur l’eau noire du fleuve. Stefano s’efforçait de la maintenir
au plus obscur, sans beaucoup d’efforts car le courant l’aidait. Ils
parcoururent ainsi la grande courbe au plus profond de laquelle étaient le
Vatican, ses tours, ses gardes et ses espions, mais le petit esquif, mené de
main de maître, ne faisait aucun bruit hormis, de temps en temps, un clapotis
léger qui pouvait évoquer un oiseau en train de pêcher.
    Le
voyage parut interminable à Fiora. Le froid de la nuit la glaçait jusqu’aux os
et sa blessure, sur laquelle elle ne cessait d’appliquer une main, lui donnait
des élancements dans le cou. Pourtant, elle ne se sentait pas abattue et s’amusa
même un instant à la pensée qu’arrivée enrhumée au palais Borgia, elle avait
toutes les chances d’attraper un autre rhume à présent qu’elle en était sortie.
    Infessura
arrêta sa barque en face de l’île Tiberina et vint aider sa passagère à en
descendre :
    – Tu
es lasse, n’est-ce pas ? demanda-t-il remarquant qu’elle pesait plus
lourdement sur son bras, mais rassure-toi, nous sommes presque arrivés. Voilà
le palais Cenci, ajouta-t-il en désignant la masse noire d’une construction
farouche aux allures de forteresse, grâce aux moellons cyclopéens qui
formaient, au rez-de-chaussée, une muraille aveugle à l’exception d’une porte
étroite et haute puissamment bardée de fer. La maison du rabbin Nathan est en
face, près de la synagogue. Anna est sa fille.
    La
ruelle dans laquelle ils cheminaient prudemment à cause des immondices sentait
l’huile rance et la pourriture. Les maisons n’y étaient que d’informes
constructions de petites briques et de torchis que dominait de haut le noble
palais. Enfin, au bout d’une placette, Infessura s’arrêta devant une demeure
plus grande et mieux construite que les autres. Elle était de bonnes pierres
qui poussaient l’étage en encorbellement au-dessus d’une voûte ronde, menant
sans doute à une cour arrière, et d’une porte au montant de laquelle se
trouvait la mézouza. Cette petite niche, fermée par une grille de bronze,
laissait voir, en s’ouvrant, une formule biblique écrite en caractères
hébraïques sur un morceau de parchemin jauni. Elle indiquait à tous que

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