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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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demain et chaque fois que tu le voudras, ajouta-t-elle en
voyant s’emplir de larmes les yeux de la petite esclave tartare. Aide-nous à la
porter là-haut !
    Allumant
une chandelle à la grosse lampe à huile qui éclairait la pièce, elle se dirigea
vers les marches pour en soulever le rideau tandis que Stefano et Khatoun
aidaient Fiora, dûment pansée, à descendre de la table où elle était couchée.
Par un étroit escalier de pierres branlantes où une corde tenait lieu de rampe,
on gagna l’étage. Sur un palier tapissé de bois se trouvait une porte qu’Anna
dédaigna. Elle lui tourna même le dos et appuya sur une grossière moulure. Un
panneau s’ouvrit qu’elle franchit pour aller allumer trois grandes bougies de
cire fine placées dans un candélabre d’argent. Le décor s’éclaira, pour l’étonnement
de ceux qui suivaient la jeune femme. Séparées par d’épaisses tentures de
velours noir présentement relevées dans de lourds crochets d’argent, il y avait
là trois pièces à la suite l’une de l’autre, trois pièces décorées avec un luxe
tout oriental qui révélait la richesse réelle du rabbin et de sa fille. Peu de
meubles. Seulement des lits bas et larges, quelques coffres peints, des tables
basses incrustées d’ivoire, une profusion de coussins chatoyants et des tapis,
surtout des tapis. Ceux d’Arménie ou du Caucase, aux longs poils aussi épais
que l’herbe des champs, couvraient les dalles de pierre ; ceux, à trame
lâche, qui étaient souples et soyeux, décoraient les murs. Posé à même le sol,
un grand vase à parfum en bronze laissait monter une vapeur odorante qui
luttait victorieusement contre les effluves malodorantes de la rue et, devant
les fenêtres closes qui extérieurement portaient des cordes à linge, des
rideaux de cendal jaune soleil doublé, côté rue, d’une toile d’un gris pisseux
étaient tirés.
    Fiora
déposée sur un divan dans la chambre la plus reculée, la Juive alla prendre
dans un coffre une tunique de soie jaune puis, se tournant vers l’Infessura :
    – Laisse-nous,
à présent, homme libre ! Tu reviendras, toi aussi, quand tu voudras.
Khatoun partira après toi !
    – C’est
la seconde fois que tu me sauves, dit Fiora en tendant sa main valide à
Stefano. Comment pourrais-je te remercier ?
    – Je
ne suis pas Borgia pour demander un paiement. Il me suffit de savoir que nous
sommes amis.
    – C’est
peu de chose !
    – Crois-tu ?
Pour moi, entrer en amitié c’est comme entrer en religion. Cela crée des
obligations et un lien véritable. L’amitié, vois-tu, c’est l’amour sans ailes.
C’est moins exaltant peut-être, mais tellement plus solide.
    Un
moment plus tard, couchée dans ce lit étranger moelleux comme un cocon, Fiora
attendait le sommeil que lui avait promis Anna en lui faisant avaler un gobelet
de lait additionné de quelques gouttes d’une liqueur inconnue. Et pourtant, il
tardait à venir. Peut-être parce que la jeune femme ne parvenait pas à
surmonter sa déception. Bien sûr, elle venait d’échapper à de graves dangers,
bien sûr elle était à l’abri, toutefois elle n’avait fait que passer d’une
chambre fastueuse à une autre, luxueuse sans doute, mais qui ne semblait pas
devoir donner davantage sur le grand air et sur la liberté. Elle aurait cent
fois préféré achever cette nuit au creux de quelque mur croulant, dans quelque
maison en ruine, car le jour levant aurait vu s’ouvrir pour elle les portes de
cette Rome qu’elle haïssait de tout son cœur. La route de Florence, un instant
entrevue, s’était évanouie comme un mirage.
    La
drogue commençait à agir. Le corps douloureux de l’éternelle fugitive se
détendit en même temps que s’apaisait son cœur. En dépit de son sort précaire,
ne faisait-elle pas preuve d’ingratitude envers la chance qui avait mis sur sa
route Stefano Infessura et ses chiens et, surtout, qui lui avait permis, ce
soir, de retrouver Khatoun ? C’était l’enfance, l’adolescence heureuse qui
venaient de reparaître devant Fiora sous l’apparence de la petite Tartare, que
Léonarde comparait si volontiers à un chaton à cause de son minois
triangulaire, de son goût du lait et des pâtisseries, et de cette façon qu’elle
avait de se rouler en boule au creux des coussins de soie qui composaient son
lit. C’était aussi le dévouement et l’horrible souvenir de la maison de la
Virago, le bordeau des rives de l’Arno d’où Khatoun,

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