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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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rien
faire. J’aimerais pourtant les sauver.
    – Sauver
qui ? Les Médicis ? Vous, un Pazzi. Vous ne les haïssez donc pas ?
    – Giuliano
m’importe peu, c’est une belle tête vide, mais j’aime bien Lorenzo. Il est très
laid...
    – C’est
pour cela que vous l’aimez ?
    – Par
grâce, ne me croyez pas mesquin à ce point ! fit Carlo tristement. Il est
laid, je le répète, mais quelle intelligence ! Et quel charme ! Et
puis, il a essayé de m’aider. Il avait en effet auprès de lui un médecin grec
dont on disait des choses étonnantes.
    – Démétrios
Lascaris ! murmura Fiora en qui ce nom remua quelque chose.
    – Vous
le connaissez donc ? Lorenzo voulait qu’il s’occupe de moi, mais ma chère
famille s’y est opposée. Oh oui ! je voudrais pouvoir empêcher ce crime,
mais je suis prisonnier de mon personnage : je n’ai pas d’argent ni aucun
moyen à ma disposition, pas même un valet fidèle, et je ne peux même pas monter
à cheval ! Rien que sur une mule... et pas trop vite !
    – Mais
moi, je peux !
    Sautant
à bas de son lit, Fiora enfila une robe de chambre posée sur une chaise, vint
prendre Carlo par la main et le fit asseoir auprès d’elle sur le coffre qui
tenait tout le devant du lit. Un espoir fou faisait battre son cœur à coups
redoublés.
    – Aidez-moi,
demain, à quitter cette maison. J’irai à Florence et ferai échouer leurs
projets !
    – Comment
puis-je vous aider ? Je vous l’ai dit : je ne peux rien vous donner.
Quand ils vont partir, demain, ils vont emmener tous les chevaux et les plus vigoureux
de nos serviteurs.
    – Quelqu’un
me donnera ce qu’il faut. Après leur départ, je sais que la comtesse Riario va
demander ma visite. Conduisez-moi chez elle en visite de cérémonie... le reste
la regarde.
    – Vous
voulez dire que... la femme de Girolamo désire que l’on sauve les Médicis ?
    – Elle
aime Giuliano mais, bien sûr, elle doit prendre de grandes précautions...
    Brusquement,
Carlo posa une main sur celles de Fiora et mit un doigt sur sa bouche. Puis, se
penchant vers son oreille, il chuchota :
    – Pleurez !
Gémissez aussi fort que vous le pourrez ! Il désigna la porte que quelqu’un
essayait d’ouvrir tout doucement. Hieronyma sans doute, car Pazzi devait être
trop ivre pour prendre tant de précautions. Aussitôt, Fiora se mit à gémir, à
pousser de gros sanglots. Elle s’arrêtait, puis recommençait, suppliait qu’on
la laisse en paix, le tout avec un naturel qui arracha à Carlo un rire
silencieux. Par instants, c’était un faible cri, comme si on la faisait
souffrir, puis repartaient les sanglots, les plaintes et les supplications.
Carlo, de son côté, émettait des grognements d’une férocité tout à fait
convaincante. Cela dura un bon moment, pour la plus grande joie des
protagonistes qui s’amusèrent franchement à ce jeu. Puis, sur un dernier cri,
Fiora se tut comme si Carlo l’avait assommée. Celui-ci marmonna encore deux ou
trois mots indistincts puis ce fut le silence... un silence qui permit d’entendre
nettement le bruit de pas prudents qui s’éloignaient et le froissement d’une
robe de soie.
    – Ouf !
souffla Carlo. Nous l’avons échappé belle !
    – Nous
chuchotions, mais heureusement que vous avez de bonnes oreilles.
    – Elles
m’ont déjà rendu grand service ! A présent, je crois que vous devriez
dormir. Vous en avez certainement besoin.
    – Et
vous ?
    – Moi,
je vais m’installer dans ce fauteuil avec des coussins.
    Ledit
fauteuil était raide comme la justice et il n’y avait que deux coussins, et
encore très petits. Fiora hésita un instant, puis proposa :
    – Pourquoi
ne pas vous étendre sur le lit, auprès de moi ? Nous sommes amis à
présent, et vous m’avez promis...
    – Cette
promesse, croyez-le bien, ne me coûte guère. Vous êtes extrêmement belle, ma
chère Fiora, mais je n’aime que les garçons !
    La
surprise mit dans les yeux de Fiora des points d’interrogation qui firent
sourire Carlo, d’un sourire un peu amer cependant :
    – Cela
n’a jamais choqué personne, pas même mes partenaires que mon oncle paie
généreusement à la condition formelle qu’ils se montrent discrets.
    Cette
étrange déclaration causa tant de joie à Fiora que, spontanément, elle se
pencha vers Carlo et l’embrassa fraternellement.
    – Vous
êtes décidément un époux selon mon cœur, Carlo, et je ne remercierai jamais
assez le ciel de

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