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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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mais beaucoup
plus rude pour une jeune femme qui, pendant plus de six mois, avait vécu une
existence cloîtrée. Elle serait obligée de s’arrêter pour prendre un minimum de
repos. Hieronyma, elle, voyageait dans une confortable litière qui ne s’arrêterait
que le temps de changer les chevaux. Elle la troquerait pour une mule avant San
Miniato, et quitterait le cortège aux portes de Florence pour gagner
directement Montughi, la villa du vieux Jacopo Pazzi.
    Cette
idée-là rendait Fiora enragée et lui faisait considérer avec dédain les
douleurs qu’il lui faudrait subir. Se souvenant de sa chère Léonarde et des
innombrables cataplasmes de chandelle dont elle avait usé durant les campagnes
du Téméraire, elle se surprit même à rire toute seule, avec la gaieté de son
âge que sa liberté nouvelle lui rendait...
     
    A
Viterbe, ville papale où elle arriva dans la matinée du mercredi elle avait
déjà vingt lieues dans les reins et tout son corps réclamait désespérément un
peu de repos. Son cheval aussi, qu’elle échangea contre un nouveau à l’auberge
dell’Angelo, regrettant beaucoup de ne pas pouvoir y demander une chambre. C’était
l’un des relais Pazzi et il valait mieux ne pas s’y attarder. Fidèle à son rôle
de retardataire pressé, elle se contenta d’acheter un fromage, une miche de
pain, un pichet de vin clairet et quelques chandelles, puis reprit héroïquement
sa route.
    Une
fois hors de la ville, elle avisa un bâtiment en ruine où poussaient le lierre,
les orties et la mélisse, y fit entrer sa monture qu’elle attacha à une solive
et s’installa pour manger, boire et prendre un repos de trois heures. Elle ne
craignait pas de dépasser ce délai qu’elle se fixait à elle-même car elle
possédait la faculté précieuse de s’éveiller quand elle le voulait. Trois
heures plus tard, en effet, elle sortait de son sommeil, mangeait et buvait
encore un peu, puis décidait de reprendre son voyage. La pluie avait cessé
depuis le lever du jour et, si le temps restait gris et froid, il était tout de
même beaucoup plus supportable. Hélas, la route, elle, se faisait plus
accidentée, moins droite et, bientôt, le galop ne fut plus possible aussi
souvent. Cahin-caha, néanmoins, le voyage de Fiora se poursuivit sans trop de
peine grâce à la brillante organisation de Francesco Pazzi et de Montesecco.
Son tabard armorié faisait merveille.
    Après
San Quirico d’Orcia, le chemin était tracé au long des doux vallonnements de l’Ombrie,
dessinant un calme paysage piqué de cyprès comme les avait aimés le vieux
maître Giotto et comme Fiora elle-même les aimait : la campagne commençait
à ressembler à sa chère Toscane.
    Au bas
d’une côte, la route dessina soudain un coude garni de chaque côté par un
bosquet touffu et, comme la cavalière s’y élançait, elle faillit donner tête la
première dans une charrette chargée de fagots qui tenait toute la largeur du
chemin. Le cheval freina si brutalement que Fiora, en dépit de son habileté,
faillit passer par-dessus sa tête. A grand-peine elle se maintint en selle,
mais sa monture, effrayée, se cabra, l’écume aux lèvres : de l’abri des
bouquets d’arbres des hommes dépenaillés, mais armés jusqu’aux dents,
surgirent. L’un d’eux jeta une étoffe noire sur la tête de l’animal tandis que
les autres se rangeaient autour en pointant des arquebuses.
    – Des
brigands ! pesta Fiora entre ses dents. Il ne me manquait plus que ça !
    Aveuglé,
le cheval se calma. L’un des bandits avait saisi la bride et la tenait
fermement. Cependant, un homme qui devait être le chef – le seul qui n’eût pas
d’arquebuse – se détachait du cercle, un poing sur la hanche et le nez en
bataille. Un nez impressionnant. Le personnage était du genre trapu. Il avait
une taille plutôt courte, des épaules et des mains énormes. Une barbe poivre et
sel assortie aux cheveux mangeait la plus grande partie de sa figure et, dans
cette superbe exubérance pileuse, ses yeux bruns brillaient d’un éclat moqueur.
Son costume se composait d’un pourpoint de buffle, truffé de nombreuses taches,
sur lequel deux ou trois morceaux d’armure faisaient de leur mieux pour lui
donner une tournure noble qui eût été risible sans l’interminable colichemarde
qui lui battait les jarrets et retroussait élégamment par-derrière un lambeau
de manteau rouge. Un bonnet de feutre crasseux, enjolivé d’une plume

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