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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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bâtons
épointés ces affreux débris pour les promener par la ville...
    – Allons-nous-en !
supplia Fiora. Ce n’est pas supportable !
    – Je
voudrais vous emmener, fit Esteban, mais il faut rester encore. Vous voyez bien
que nous ne pouvons pas traverser cette populace qui est déjà ivre de sang et
qui va l’être de vin !
    En
effet, des pichets dégoulinants commençaient à naviguer au-dessus des têtes. On
se les passait pour encourager à l’ouvrage ceux qui dépeçaient les corps, non
sans prélever une gorgée ou deux au passage.
    Un
nouvel acte du drame se préparait. Trois hommes étroitement ligotés venaient d’apparaître
sur le balcon. L’un d’eux était vêtu d’une longue robe violette.
    – L’archevêque
Salviati ! murmura Démétrios. Vont-ils donc, lui aussi, l’égorger sans
jugement ?
    Mais
il n’était plus question de poignard. Les trois condamnés – les deux autres
étaient le frère de l’archevêque et un certain Bracciolini – furent pendus par
les pieds au balcon de fer. C’était alors un mode d’exécution fort prisé à
Florence, parce qu’il permettait au peuple de jouir d’une longue agonie. Et la
foule hurla de joie en voyant la robe du prélat se retourner jusqu’aux cuisses
et envelopper le reste du corps. Mais comme, justement, elle cachait le visage,
il y eut une poussée en avant pour mieux voir, en même temps que certains
réclamaient que l’on remontât Salviati pour le pendre à nouveau par le cou...
Esteban décida de profiter de ce que lui et ses compagnons se trouvaient moins
serrés. Il empoigna Fiora par le bras et l’entraîna à sa suite. Démétrios
fermait la marche. Dans sa hâte de soustraire Fiora à la dangereuse cohue,
Esteban s’en alla heurter violemment un homme d’une quarantaine d’années qui,
avec sa taille courte et épaisse, sa grosse tête couverte de cheveux noirs
courts et frisés, avait tout l’air d’un paysan. Mais il possédait un haut front
intelligent, des yeux sombres particulièrement perçants et ses habits, bien qu’émaillés
de nombreuses taches, étaient faits de beau tissu. Les bras croisés, il
regardait le spectacle avec une parfaite impassibilité quand Esteban manqua le
jeter à terre et reçut, en échange, un coup de poing asséné avec une rapidité
fulgurante.
    – De
tous les ruffians malappris ! commença-t-il, prêt à poursuivre le combat,
quand Démétrios le reconnut :
    – Excuse
mon serviteur, ser Andrea ! S’il t’a bousculé c’est parce que nous avons
hâte de quitter cet endroit.
    – Pourquoi ?
Trouverais-tu par hasard, médecin, que le traitement est trop rude pour ces
assassins ? Pour ma part...
    Il n’acheva
pas sa phrase. Son regard venait de s’arrêter sur Fiora et se chargea d’une
douceur inattendue. La jeune femme, elle, aussi l’avait reconnu. C’était le
Verrocchio, le sculpteur le plus célèbre de Florence, un peintre de talent
aussi et un fervent ami des Médicis. Il n’avait pas changé depuis la fameuse « giostra »
du 23 janvier 1475 dont il avait été le génial maître d’œuvre... et où, pour la
première fois, elle avait aperçu Philippe de Selongey.
    – Ce
jour devrait te réjouir, Fiora Beltrami, car ce sont les ennemis de ton père
que l’on exécute. Pourtant je te trouve bien pâle ?
    – Je
viens d’arriver, ser Andrea, et je ne m’attendais guère à tomber dans un bain
de sang...
    – Celui
de Giuliano ne se paiera jamais assez cher ! Tiens, regarde ! C’est
le tour de Francesco Pazzi. On l’a pris en chemise, sur le lit d’une femme...
    C’était
lui, en effet. Sous les cordes qui le liaient et les traces de sang qui avait
coulé de ses blessures, il était nu, mais il n’avait rien perdu de sa hargne.
Les huées de la foule couvraient les imprécations dont il abreuvait ses
bourreaux. Le peuple, exaspéré, sachant qu’il avait lui-même frappé Giuliano,
réclamait qu’il lui soit livré. Un instant plus tard, lié par les chevilles, il
se balançait à côté de Salviati, trop haut pour être atteint par autre chose
que des projectiles. Les pierres alors se mirent à pleuvoir sur lui...
    Cette
fois, Fiora ne détourna pas les yeux. Le sort de cet homme dont la main,
quelques jours plus tôt, touchait la sienne pour la mener à la chambre
nuptiale, lui était indifférent. En le regardant subir son supplice, elle n’avait
qu’une pensée : où donc pouvait être Hieronyma ?
    Elle
entendit, derrière

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