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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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n’oseras pas, je pense, porter la main sur
un prince de l’Eglise ?
    – Moi ?
Jamais... Après tout, tu es libre, comme tu le dis. Va ton chemin ! Voici
les portes grandes ouvertes...
    Le
jeune prélat regarda tour à tour le visage sarcastique du Médicis, le corps
hissé sur ses cariatides humaines, les masques figés des gardes vêtus de fer
et, plus loin, la foule, la foule qui grondait et qui même, hors les murs de l’église,
hurlait déjà sa condamnation : A mort les Pazzi ! A mort les Riario !
et même « A mort le pape ! »
    Malgré
la chaleur il frissonna sous sa pourpre, baissa la tête et murmura, vaincu sans
avoir combattu :
    – Je
m’en remets à toi, seigneur Lorenzo !
    Sans
ajouter un mot, celui-ci lui fit signe de le suivre, tandis qu’il allait
prendre place devant le cadavre et marchait vers la sortie. La foule se tut et
s’ouvrit devant lui. Sous le porche, quand le corps de Giuliano apparut, le
soleil fit étinceler l’or de ses vêtements et une fois encore ce fut le
silence. Les cloches du campanile se mirent à tinter en glas et le battement
funèbre tomba sur la ville qui semblait retenir sa respiration.
    Soudain,
d’un seul élan et comme si un mot d’ordre mystérieux avait couru ses rangs, la
foule se déchaîna : un monstrueux hurlement monta à l’assaut du ciel. Une
clameur immense qui semblait jaillir des entrailles mêmes de la terre. Le
cortège funèbre fut enlevé, entraîné par un raz de marée qui l’emporta et qui,
dans sa fureur, changea cette heure de deuil en une heure de triomphe, le mort
en un vainqueur acclamé follement et le malheureux cardinal légat, toujours
soutenu par ses chanoines, en un vaincu traîné au char glorieux et auquel
manquaient seulement les chaînes et les fers.
    – Viens !
dit Démétrios à Fiora. Il est grand temps que tu prennes un peu de repos.
    – Où
m’emmènes-tu ? Au palais Médicis ?
    – Non.
Nous ne pourrions même pas l’aborder dans l’état actuel des choses. D’ailleurs,
Esteban m’attend avec nos mules à cette taverne de mariniers, près de la
Seigneurie, qu’il affectionne toujours.
    – Mais
mon compagnon ? Je ne peux l’abandonner.
    – Il
est parti avec Lorenzo et ses amis. Quand je t’aurai ramenée à Fiesole, je
redescendrai au palais et m’enquerrai de lui. En même temps, je dirai que tu es
revenue.
    – Lorenzo
le sait. Il m’a vue quand je lui ai donné mon épée.
    – Raison
de plus pour que je lui parle ce soir. Allons à présent !
     
    Quand
ils sortirent de l’église, clignant un peu de l’œil dans l’aveuglante lumière,
la place était vide, mais, quand ils se dirigèrent vers la Seigneurie, ils
virent que toute la ville n’avait pas suivi le cortège des Médicis et qu’une
foule nombreuse encombrait les abords du vieux palais.
    – Nous
n’allons jamais pouvoir traverser, gémit Démétrios. Et pourtant, il le faut
bien si nous voulons rejoindre Esteban.
    En
effet, une mer humaine, une mer en furie, hurlante et déchaînée, battait les
puissantes murailles de la Seigneurie. Certains tentaient follement d’escalader
les pierres cyclopéennes dont était construite la base, dans l’espoir insensé d’atteindre
les fenêtres percées bien trop haut pour cela. D’autres s’écorchaient les mains
aux larges clous de la porte bardée de fer devant laquelle les gardes des
prieurs, vêtus de vert, faisaient de leur mieux pour les repousser. Toutes les
bouches se distendaient sur des cris féroces et, juché sur le Marzocco, le lion
de pierre symbole de la république, un énergumène échevelé poussait des
clameurs sauvages en agitant son bonnet. Naturellement, la Vacca tonnait
par-dessus tout ce vacarme, du haut de sa tour vertigineuse au sommet de
laquelle flottait l’étendard au Lys rouge.
    – C’est
invraisemblable ! dit Démétrios qui regardait sans comprendre. Qu’est-ce
que ces gens font ici à hurler à la mort ?
    La fin
de sa question se perdit dans une énorme clameur de joie : la fenêtre
principale du palais, celle donnant sur un balcon de fer, venait de s’ouvrir et
deux soldats en tunique verte parurent, traînant un homme ligoté qui hurlait de
terreur. La foule se tut, attendant la suite. Ce fut rapide. L’un des hommes d’armes
plongea une dague dans la poitrine de la victime puis, tandis qu’il retirait l’arme,
son compagnon saisit le corps fléchissant, l’éleva à bout de bras dans un
effort herculéen et le jeta

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