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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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elle, Démétrios demander au sculpteur ce qu’était devenu le
vieux Jacopo, le patriarche des Pazzi, et s’il avait été pris, lui aussi.
    – Non.
Il a réussi à s’enfuir avec quelques hommes, mais Petrucci a envoyé à sa
poursuite. Eh bien, en voilà vingt-six d’expédiés, si j’ai bien compté ! Il
est temps pour moi de regagner mon atelier.
    – Ce
qui m’étonne, fit Démétrios en riant, c’est que tu l’aies quitté ?
    – Que
faire d’autre ? Tous mes élèves se sont enfuis comme une volée de moineaux
aux premiers tintements de la Vacca et je me suis retrouvé tout seul avec ma
glaise et mes pinceaux. J’ai fait comme eux, mais à présent je retourne car j’ai
à faire.
    – Toujours
la statue du Colleone ?
    – Bien
sûr. Je crois néanmoins tenir le sujet définitif mais, ajouta-t-il en se
tournant vers Fiora, je crois que je trouverai du temps pour toi, belle Fiora.
J’ai dans la tête un bronze représentant Artémis et aucun de mes modèles n’est
digne de m’inspirer la déesse. Il faudra que j’en parle au seigneur Lorenzo.
    Il s’éloigna,
fendant la foule comme un petit bateau têtu qui a décidé de franchir une barre
dangereuse. Les trois autres le suivirent des yeux, puis Démétrios glissa son
bras sous celui de Fiora.
    – Tu
avais oublié, n’est-ce pas, ce qu’était Florence ? fit-il devinant ce qui
se passait dans sa tête. Les pires scènes de massacre n’y empêcheront jamais un
artiste de penser d’abord à son œuvre. Quant à toi, tu vois qu’en dépit de ce
qui s’est passé, tu n’as jamais cessé de lui appartenir. Pour le Verrocchio,
ces trois ans n’ont pas compté.
    – Je
crois que tu as raison. Il m’a parlé comme si nous nous étions rencontrés hier.
Pourtant, au milieu de ce drame...
    – Ceux
d’ici aiment le drame, surtout quand ils peuvent y jouer un rôle. Mais le sang
lavé, les corps dispersés, ils retourneront comme si de rien n’était à leur
commerce, leurs amours, leurs livres, leurs collections et chanteront la
douceur de vivre d’un cœur aussi sincère qu’ils ont mis d’ardeur à se changer
en loups pour hurler à la mort...
    – Cette
fois, cela pourrait durer plus longtemps, dit Esteban. Ils auront du mal à
oublier Giuliano.
    – Sans
doute, mais ils n’en aimeront Lorenzo que plus ardemment.
    Un
moment plus tard, cheminant vers Fiesole au pas paisible des mules que l’on
avait retrouvées dans l’étroite écurie de la taverne des mariniers, Fiora
pensait que Démétrios n’avait pas entièrement raison. Que les gens de Florence
fussent versatiles, oublieux et vite emportés vers les excès de l’enthousiasme
ou de la cruauté, elle le savait depuis longtemps, mais aujourd’hui, elle avait
cherché vainement, au milieu de cette fureur dont elle avait failli être la
victime jadis, le visage familier de la ville qu’elle aimait.
    Peut-être
l’avait-elle trop idéalisée au cours de ces longs regrets qu’elle lui avait
donnés ? Peut-être aussi ces trois années, en la marquant de traces
indélébiles, l’avaient-elles vieillie ? Ou bien était-ce simplement parce
que, même si elle s’était toujours voulue florentine jusqu’au bout des ongles,
elle ne l’était pas vraiment ?
    Pourtant,
une chose était certaine : tout le sang des Pazzi et de leurs alliés qu’elle
avait vu couler ne lui suffisait pas parce qu’il en manquait un : celui de
Hieronyma. Tant que ce monstre respirerait sous le même soleil qu’elle, Fiora
savait qu’elle n’aurait ni trêve ni repos.
    Alors ?
N’était-il pas typiquement florentin, ce goût de la vengeance qu’elle avait
toujours porté en elle ?
     

CHAPITRE XIII LORENZO
     
     
     
    Debout
derrière la fenêtre de son ancienne chambre d’où elle avait tant de fois,
jadis, admiré ses jardins en terrasses et, plus bas, le captivant panorama de
sa ville qui ressemblait à un bouquet de toutes les roses ceinturé par le ruban
d’argent de l’Arno, Fiora cherchait à retrouver son âme d’antan. D’ordinaire et
quand arrivait la nuit, le bouquet devenait tapis en camaïeu de gris et de
bleu, piqué ici et là d’une minuscule étoile, l’un des rares feux allumés dans
les rues.
    Ce
soir, tout était changé. Ce soir, Florence qui refusait de s’endormir
rougeoyait d’une vie violente et instinctive comme celle d’un creuset de
fondeur. Jadis, du haut de la tour de Démétrios, Fiora l’avait déjà vue prendre
son mauvais visage

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