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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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sur la place où il s’écrasa. La foule s’écarta,
avec quelque chose qui ressemblait à un soupir de volupté...
    Sur le
balcon, la scène se renouvelait et un autre corps poignardé était jeté à la
foule tandis qu’entre les créneaux, la bannière de Cesare Petruccci,
gonfalonier de justice, était déployée pour indiquer que force restait à la loi
et que c’était à présent l’heure des représailles...
    Démétrios
n’eut pas le temps de demander une fois de plus ce que tout cela signifiait,
occupé qu’il était à se débarrasser d’un gamin qui, sous prétexte de se hisser
sur une fenêtre de la maison à laquelle il était appuyé avec Fiora, l’escaladait
bravement. Une aide lui vint en la personne d’Esteban qui, l’ayant aperçu,
avait joué vigoureusement des coudes et des pieds pour le rejoindre. Empoignant
le garçon qu’il accrocha braillant et gigotant à l’un des porte-torches de
ladite maison, le Castillan allait tirer son maître après lui pour le sortir de
là quand il reconnut Fiora.
    – Oh !
C’est pas vrai ? ... Je rêve !
    – Eh
non, mon cher Esteban, c’est bien moi !
    – Por
Dios !
    Emporté
par sa joie, Esteban prit la jeune femme dans ses bras et l’embrassa sur les
deux joues. Mais déjà le mouvement de la foule les repoussait contre le mur,
bouchant le fragile passage qu’il avait réussi à se faire pour rejoindre son
maître.
    – Impossible
de bouger, mon garçon ! soupira le Grec. Il faut rester là. Si encore nous
savions pourquoi ?
    – Oh,
moi je sais... C’est une véritable histoire de fous. Il expliqua de son mieux.
Tandis qu’une partie des conjurés assaillaient les Médicis dans la cathédrale,
une autre, avec à sa tête l’archevêque de Pise Salviati, avait reçu pour
mission de s’emparer de la Seigneurie. Quand les cloches sonnèrent pour l’Élévation,
ces gens crurent que les deux frères étaient morts et ils coururent s’enfermer
dans le palais des prieurs, ignorant que les portes en question ne pouvaient s’ouvrir
que de l’extérieur pour qui n’en possédait pas les clefs. Ils se retrouvèrent
donc enfermés avec tous ceux que contenait le palais. Salviati, alors, demanda
Petrucci, qui était à table et que cette visite importunait. Il reçut fort mal
le prélat guerrier et celui-ci s’embrouilla dans un discours confus. Semblant
ne pas tenir en place, il toussait très fort à chaque instant comme pour donner
un signal.
    Au
même moment, le vieux Jacopo Pazzi, croyant que ses affaires allaient au mieux,
déboucha sur la place avec quelques hommes en criant « Liberté ! Liberté ! ».
Le gonfalonier qui regardait déjà Salviati d’un œil méfiant comprit tout de
suite de quoi il retournait et, comme l’un des conjurés arrivait chez lui,
venant tranquillement aux nouvelles, il l’attrapa par les cheveux et le fit
tournoyer plusieurs fois sur lui-même, sous l’œil ahuri de l’archevêque, avant
de l’envoyer tout droit dans les bras d’un garde en glapissant l’ordre de l’arrêter.
Et, là-dessus, de crier « Aux armes ! A l’aide ! » avec
tant de force que les huit prieurs et tout le personnel de la Seigneurie
accoururent. Puis, comme les gardes seuls avaient des armes et que Petrucci se
croyait en face d’une révolution, tout le monde se précipita aux cuisines pour
y prendre des couteaux, des broches et des hachoirs avant de remonter dans la
tour pour s’y retrancher et attendre les événements.
    Pendant
ce temps, les quelques conjurés enfermés dans la Seigneurie tournaient en rond
à la recherche d’une impossible issue. Ils comprirent que tout était perdu,
quand arrivèrent les archers et les serviteurs des Médicis qui escortaient les
prisonniers faits à la cathédrale. Les prieurs, soulagés d’un grand poids,
redescendirent enfin de leur tour pour se constituer en tribunal.
    – A
présent, Petrucci règle ses comptes en même temps que ceux de monseigneur
Lorenzo ! conclut Esteban en désignant ce qui se passait sur le balcon.
    On
pouvait dire que sa justice était expéditive, et Fiora frissonna en se
souvenant de la hargne avec laquelle le gonfalonier de justice l’avait traitée
au moment du scandale causé par Hieronyma. Puis elle détourna la tête pour ne
plus voir, écœurée par le spectacle.
    A
peine les hommes précipités du balcon touchaient-ils terre que la foule les
mettait en pièces et hissait sur des piques, des fourches ou même des

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