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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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n’apprécie
pas. Ne brusquez rien et profitez de ce répit obligé pour réfléchir encore !
    – J’ai
déjà beaucoup réfléchi, Madame.
    – Alors,
c’est de Dieu qu’il faut prendre conseil. Moi, je prierai pour vous.
    Sans
laisser à Fiora le temps de la remercier, la petite princesse allait s’éloigner
d’un pas inégal qui serra le cœur de son interlocutrice, quand, soudain, elle
se ravisa :
    – Je
comptais rentrer à Linières demain, pourtant je vais rester ici encore quelques
jours si vous me promettez de ne rien précipiter.
    – Votre
Altesse consentirait-elle à m’aider ?
    – Je
vous l’ai dit : j’ai peu de pouvoirs, mais je voudrais mettre ce peu à
votre service. Rentrez chez vous et surtout n’en bougez pas avant que je vous
envoie chercher. C’est promis ?
    – C’est
promis... mais je ne sais comment vous dire...
    – Non !
Ne me remerciez pas. C’est moi qui, au contraire, devrais le faire.
    Comme
Fiora visiblement ne comprenait pas, Jeanne ajouta avec ce beau sourire qui
faisait oublier sa laideur :
    – Vous
venez de me prouver que l’on pouvait être à la fois belle comme le jour et
profondément malheureuse. Quand j’aurai envie de me plaindre, je penserai à
vous !
    Elle
posa un instant sa main menue, fragile comme une patte d’oiseau, sur celle de
Fiora que sa révérence agenouilla presque puis, prenant le bras de Mme de
Linières, elle se dirigea vers la basse-cour, saluée comme il convenait par les
gardes des portes. Fiora la vit se rendre à la chapelle vouée à Notre-Dame de
Cléry où elle entra.
    – Quand
on pense à une princesse, dit Florent qui la suivait des yeux, on imagine
toujours une grande et belle dame, superbement habillée et parée de toutes les
grâces.
    Je n’imaginais
pas que le roi pût avoir une fille aussi affreuse.
    – Taisez-vous
donc ! Vous ne savez pas ce que vous dites ! Affreuse ? avec ce
regard lumineux, avec ce sourire qui semble contenir toute la douceur du monde ?
Je suis bien sûre que Dieu, lui, n’est pas de votre avis ! Rentrons !
    Comme
elles avaient assisté à son départ, Léonarde et Péronnelle guettaient son
retour. Quand elles apprirent que Fiora n’avait pu rencontrer le roi, elles
eurent toutes les peines du monde à cacher leur soulagement. Quelques jours, ce
n’était pas grand-chose, mais c’était toujours un répit. Et que cette rencontre
avec la jeune duchesse d’Orléans était donc réconfortante ! Fiora avait
promis de remettre sa démarche jusqu’à ce qu’elle l’y autorisât, en quelque
sorte. Léonarde reprit courage.
    – Quelque
chose me dit que nous n’allons pas quitter cette chère maison avant longtemps,
confia-t-elle à Péronnelle. J’espère beaucoup que notre sire saura convaincre
donna Fiora de ne pas s’éloigner et que nous allons passer ensemble le plus
délicieux des hivers.
    – Vous
croyez ?
    – Oui,
je le crois. Ce que je craignais par-dessus tout, c’était que notre jeune
châtelaine ne tombe sur le roi comme la foudre et ne s’attire son ressentiment.
Je pense à présent que les choses devraient se passer au mieux, et que nous
resterons tous ensemble.
    Ces
quelques phrases pleines d’espérance, la pauvre Léonarde devait y penser
souvent, au cœur des interminables nuits sans sommeil qui allaient être son lot
durant ce même hiver qu’elle avait espéré si doux.
     
    Sous
les rideaux de brocatelle fleurie qui enveloppaient son lit, Fiora sommeillait.
Une grande fatigue s’était emparée d’elle à son retour du Plessis. Après avoir
accepté de Péronnelle une écuelle de bouillon de légumes, elle avait regardé
Marcelline donner le sein au petit Philippe, puis elle s’était retirée chez
elle, sans accepter qu’on l’aidât à se dévêtir. Une fois de plus, elle était
aux prises avec ce grand désir de solitude qui désolait tant Léonarde, la seule
idée de parler, d’écouter, de répondre lui étant presque insupportable. Il lui
semblait être un fétu de paille, un bouchon emporté sur les eaux tumultueuses
du destin sans qu’il soit accordé à sa volonté propre la moindre chance de s’exprimer.
Il n’y avait rien d’autre à faire qu’essayer de trouver un peu de repos et,
jetant ses vêtements autour d’elle sans se soucier de l’endroit où ils
tombaient, elle alla se glisser dans ses draps frais qui fleuraient bon l’iris
et laissa son corps s’y détendre jusqu’à ce que la nuit, s’insinuant entre

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