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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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l’autre
côté, une autre église, dédiée à saint Mathias, servait de paroisse à la
population du château et de chapelle au petit couvent enfermé dans ses murs. On
se serait cru sur la place d’un village, mais ce village s’achevait par des
douves larges et profondes, enjambées par un grand pont-levis qui donnait accès
à la cour d’honneur, centre du véritable château.
    Celui-ci,
que l’on découvrait à gauche en entrant, se composait d’un grand logis orné d’une
galerie aux arcades joliment sculptées supportant une terrasse plantée de
statues sur laquelle ouvraient de hautes fenêtres à double meneau. D’élégantes
lucarnes aux gables fleuronnés animaient le grand toit d’ardoises et
couronnaient superbement ce logis royal qui n’avait en vérité aucun rapport
avec les descriptions sinistres qu’en donnaient les ennemis du roi. Une tour
octogone coiffée d’une haute poivrière enfermait l’escalier et, face aux
fenêtres du logis, s’ouvraient largement les jardins et les vergers toujours
admirablement entretenus, car l’eau leur était fournie, comme à tout le
château, par des tuyaux de plomb ou de poterie reliés à la fontaine de la
Carre. Néanmoins, dans cette cour comme dans la précédente, il y avait un puits
et un abreuvoir [vi] .
    L’endroit,
contrairement à celui qui précédait, était tranquille, silencieux et presque
désert. Le roi, quand il était au Plessis, tenait avant tout à s’assurer le
calme nécessaire à la réflexion. Seuls deux archers étaient en poste au bas de
l’escalier et Fiora, qui cherchait Mortimer, s’apprêtait à leur demander s’ils
savaient où il était quand elle vit apparaître Etienne Le Loup qui se disposait
à traverser la cour. Reconnaissant la jeune femme, il vint vers elle et la
salua courtoisement :
    – Notre
sire est parti pour la chasse tôt ce matin, donna Fiora. Vous ne risquez pas de
le rencontrer ici.
    – Je
sais. Je l’ai entendu partir, mais je pense que l’heure n’est pas éloignée de
son retour, et c’est ce retour que je suis venue attendre pour le saluer et
prendre nouvelles de sa santé.
    – Si
l’on tient compte de la vie épuisante qu’il a menée ces derniers mois, elle est
excellente. D’ailleurs, vous voyez qu’à peine arrivé il s’est lancé à la
chasse. Il en a été fort privé tous ces temps. Mais je ne saurais trop vous
conseiller de rentrer chez vous, car le roi ne rentrera pas ce soir.
    – Est-il
donc parti si loin ?
    – Encore
assez. Il chasse en forêt de Loches. Il passera donc cette nuit au château de
cette ville. Peut-être même y restera-t-il plusieurs jours si les piqueux ont
fait bon ouvrage.
    Loches !
Le nom sonna sinistrement dans la mémoire de Fiora. C’était vers cette forteresse
que l’on emmenait l’autre jour Matthieu de Prame prisonnier de sa cage, et
peut-être le roi, sous couleur de chasse, n’y allait-il que pour l’interroger ?
D’autres captifs, elle le savait, y étaient enfermés, à commencer par Fray
Ignacio Ortega, le moine castillan qui l’avait poursuivie de sa haine et qu’elle
avait empêché, de justesse, à Senlis, de tuer Louis XI. On l’avait envoyé à
Loches, lui aussi, pour expier son forfait dans une autre cage. Il y avait
encore un cardinal dont Fiora avait oublié le nom, mais il semblait que le roi
eût fait de Loches le lieu de prédilection de ses redoutables justices. Les
hommes y étaient traités comme des fauves, moins bien sans doute, et si Fiora
ne s’attendrissait guère sur le sort du moine espagnol, son cœur se serrait au
souvenir du jeune écuyer, enchaîné et misérable sous les rires et les injures d’une
foule rendue plus cruelle encore par les libations d’un jour de fête.
    – Il
faut que je parle au roi ! dit-elle enfin. Le mieux serait peut-être que
je me rende à Loches, moi aussi ?
    Elle
vit les yeux ronds du chambellan devenir presque ovales à force de stupeur. Il
bredouilla :
    – Aller...
à Loches ?
    Mais
il n’eut pas le temps de continuer et se plia en deux pour un profond salut,
cependant qu’une voix jeune et douce prenait sa suite :
    – Ce
serait folie si vous voulez bien me permettre cet avis, Madame. Le roi ne
reçoit jamais personne quand il va là-bas car c’est le séjour des prisonniers
politiques et quiconque ose enfreindre sa défense encourt sa colère. Souhaitez-vous
connaître sa colère ?
    La
voix appartenait à une enfant, une toute jeune fille qui

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