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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Juste un peu de courage pour faire les premiers pas, et puis s’étendre
dans l’eau fraîche et se laisser emporter, rouler par elle jusqu’aux portes de
l’infini.
    Fiora
ferma les yeux pour mieux savourer l’idée qu’elle se faisait de cette façon de
quitter le monde et ne s’aperçut pas que, à force de s’imaginer dans l’anéantissement
fatal, elle finissait par s’endormir...
    Une
angoisse subite la réveilla et la dressa assise sur son lit, le cœur battant et
la sueur au front. La chambre était obscure, mais le vent s’était levé et le
battant de la fenêtre tapait contre le mur. Fiora rejeta le drap qu’elle avait
gardé serré contre elle et voulut se lever pour aller refermer. Elle n’eut pas
le temps de mettre les pieds à terre : le choc étouffant d’une couverture
s’abattit sur elle et, aussitôt, elle sentit que des bras l’encerclaient et s’efforçaient
de la maintenir tandis qu’une corde se resserrait sur ses bras. Elle se
débattit avec une énergie sauvage, hurla :
    – Au
secours ! ... A l’aide ! ... Haaaaa !
    Cherchant
sa gorge à tâtons, des doigts étouffèrent ses cris, mais d’autres leur
faisaient écho. Elle entendit hurler Marcelline et aussi Léonarde qui suppliait
le ou les agresseurs de libérer Fiora. Il y eut aussi un bruit de lutte suivi d’un
gémissement de douleur, puis une voix hargneuse :
    – Tenez-vous
tranquille ou je saigne le gamin comme un poulet !
    – Non !
hurla Léonarde ! Pas l’enfant, pas l’enfant... pour l’amour de Dieu !
    – Laissez
Dieu tranquille et dites à l’homme qu’il aille enfermer ses chiens s’il ne veut
pas qu’on les égorge. On va l’accompagner pour qu’il ne s’égare pas...
    A
travers l’épaisseur de la couverture, Fiora entendit encore la voix aiguë de
Péronnelle qui hurlait des paroles sans suite et, comme la pression qui la
maîtrisait semblait s’être relâchée, elle essaya de se débarrasser de l’épaisse
étoffe.
    Elle
voulut crier de nouveau mais, au premier son, les doigts qui avaient lâché sa
gorge se resserrèrent, étranglant le cri. Elle suffoqua, cependant qu’un voile
rouge tombait devant ses yeux. Avec un brutal désespoir, elle pensa qu’elle
allait mourir là, étranglée par un quelconque bandit, bien que la voix qu’elle
avait entendue menacer avec un léger accent étranger ne lui fût pas tout à fait
inconnue. C’était trop bête de finir ainsi ! Elle trouva tout juste la
force d’un dernier gémissement avant de sombrer dans une totale inconscience.
     
    Le
froid de l’eau qu’on lui jetait au visage ranima Fiora. Elle toussa et voulut
porter les mains à son cou qui la brûlait, mais les liens qui lui maintenaient
les bras écartés l’en empêchèrent. Ouvrant péniblement les yeux, elle vit qu’elle
se trouvait dans une petite pièce obscure et entièrement faite de planches qui
lui donnaient assez l’air d’une boîte. Une chandelle posée sur un tonneau
coulait et fumait en dégageant une odeur âcre et, découpée dans l’un des côtés,
une petite ouverture carrée laissait passer un peu de brume. Elle était couchée
sur une paillasse, toujours vêtue de la chemise dans laquelle elle dormait, et
une couverture – peut-être celle dans laquelle on l’avait ficelée – recouvrait
le tout.
    L’eau
coulait le long de ses joues et de son cou, mouillant désagréablement ses
cheveux. Elle tourna la tête pour voir d’où elle lui était venue et poussa un
cri de frayeur en essayant de se reculer le plus loin possible dans le lit qui
la supportait : ce qu’elle découvrit n’avait pas de visage, mais un long
bec blanc et de gros yeux globuleux entourés d’une large bande rouge...
    – Qui
êtes-vous ? Que voulez-vous ?
    – Causer,
ma belle, simplement causer. Nous avons une longue route à faire ensemble. Elle
sera ce que tu décideras : relativement agréable... ou très pénible. De
toute façon, tu seras gardée étroitement et je ne te laisserai pas la moindre
chance d’évasion.
    – Encore
une fois, qui êtes-vous et où m’avez-vous amenée ? On dirait que nous
sommes dans un bateau ?
    En
effet, le cadre de bois qui retenait sa paillasse bougeait légèrement et l’on
entendait au-dehors un friselis léger qui pouvait être celui de l’eau glissant
contre une coque.
    – Bien
deviné ! Nous sommes, en effet, sur une barge qui descend la Loire, une
honnête barge de marchand sur laquelle personne n’aura

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