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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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l’idée de nous chercher,
en admettant que l’on coure après nous !
    Le ton
sarcastique de l’homme-oiseau passa comme une râpe sur les nerfs tendus de Fiora :
    – Ceux
de ma maison ? Qu’en avez-vous fait ? Mon enfant n’est pas...
    – Mort ?
Pour qui me prenez-vous ? Quant à ceux de votre maison, comme vous dites,
à l’exception d’un jeune énergumène aux cheveux filasse qu’un de mes hommes a
blessé, ils se portent aussi bien que l’on peut se porter quand on est ficelé
comme saucissons. J’espère pour eux qu’au jour quelqu’un viendra les délivrer.
    – Florent
est blessé ? Est-ce grave ?
    – Ne
m’en demandez pas trop ! Je n’en sais rien. Et si j’ai un conseil à vous
donner, c’est d’oublier tous ces gens. Il passera beaucoup de temps avant que
vous ne les revoyiez... si même vous les revoyez un jour !
    Fiora
se tordit pour essayer de libérer une de ses mains, mais réussit seulement à se
faire mal. L’homme au masque – car c’était tout juste l’un de ces masques dont
s’affublent les médecins en temps de peste – se pencha sur elle :
    – Si
vous êtes prête à vous tenir tranquille, je libérerai vos mains. D’ailleurs, je
vous l’ai dit, vous serez surveillée sans arrêt.
    – Alors,
pourquoi m’avoir attachée ?
    – Pour
que vous compreniez mieux ce que vous risquez !
    Enlevant
d’une main la couverture qui couvrait la jeune femme, il tira une dague de l’autre
main et fendit la chemise depuis le haut jusqu’en bas. Le tissu soyeux glissa
de chaque côté, révélant le corps de Fiora dans son entière nudité.
Instinctivement, elle ferma les paupières en les serrant très fort pour ne plus
rien voir : ce qui était une réaction infantile. Elle ne voyait rien, en
effet, mais elle sentit... Elle sentit les doigts durs de l’homme autour de ses
seins puis le long de son ventre et plus bas encore, se livrant à une
indiscrète exploration. Elle se tordit pour échapper à ces mains qui prenaient
possession d’elle et hurla :
    – Laissez-moi !
Je vous défends de me toucher.
    – Tais-toi,
sinon ce sera le bâillon ! Tu es belle, la fille, mais ça je le savais
déjà. Alors j’ai décidé ceci, car je dois te livrer vivante et en aussi bon
état que possible : ou bien tu te montres soumise, tranquille, et tu ne
seras qu’enfermée chez moi. Ou bien tu me causes des ennuis et tu vivras
enchaînée sur la caraque qui nous attend à Nantes et chaque soir je te livrerai
à mes hommes. Ils sont dix dont un Tartare et un nègre du Soudan. Mais, bien
sûr, je passerai le premier... et par tous les diables de l’enfer, je me
demande bien pourquoi je m’en priverais ! A moi l’étrenne !
    Il
arracha le masque qui avait dû servir à effrayer les gens du manoir et Fiora,
sans véritable surprise car elle s’y attendait plus ou moins depuis quelques instants,
reconnut l’étranger du parvis Saint-Martin, celui que Florent avait vu rôder
autour de la maison. Elle l’avait trouvé laid et inquiétant lors de leur
première rencontre, mais cette fois son visage enflammé par la lubricité lui
parut l’image même du démon. Comprenant qu’il allait la violer sans plus
attendre en dépit de ce qu’il avait dit, elle poussa un long hurlement qui dut
résonner d’une rive à l’autre du fleuve. Furieux, il lui appliqua sur la bouche
une main brutale qu’elle mordit. A son tour il cria puis, de toutes ses forces,
il la gifla à plusieurs reprises, ajustant ses coups pour qu’ils fassent le
plus mal possible.
    La
tête de Fiora allait et venait. Elle ne criait plus mais gémissait, et des
larmes de douleur coulaient sur sa figure qui devenait brûlante. Et puis,
quelque chose se passa. Quelqu’un entra dans la cabine et empoigna son
tourmenteur. A demi assommée, elle ne vit rien d’abord qu’une ombre qui lui
parut gigantesque à travers ses larmes. Puis de cette ombre vint une voix
extraordinaire. Profonde comme la mer, elle avait l’épaisseur onctueuse d’un
baume.
    – Le
maître a dit : vivante et en bonne santé ! Pas de blessures, pas de
mauvais traitements, sinon il ne paie pas. Et regarde ! elle saigne !
    – Elle
m’a mordu, la garce ! Elle a crié, crié...
    – Domingo
a entendu. Laisse-le faire et pense à la récompense ! Cette femme vaut
beaucoup d’or. Va !
    La
porte grinça de nouveau pour saluer la sortie de l’étranger. Fiora vit alors
que ce qu’elle avait pris pour une ombre était

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