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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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une sorte de colosse noir dont
le visage et les mains se distinguaient mal des vêtements sombres et du turban
couleur lie-de-vin qu’il portait. Quand il approcha du lit, la flamme de la
chandelle révéla le blanc laiteux des gros yeux bruns et celui, éclatant, des
dents qui apparaissaient entre les lèvres semblables à deux bourrelets de cuir
rougeâtre. Il considéra un instant la jeune femme liée à sa paillasse, comme la
victime expiatoire de quelque monstrueux sacrifice, et haussa les épaules. Les
yeux de Fiora n’étaient plus qu’une interrogation angoissée. Elle tremblait à
la fois de froid et de peur, car ce sombre visage n’avait rien de rassurant,
pourtant ses mains avaient beaucoup de douceur quand il ramena sur elle les
deux morceaux de la chemise et, ramassant la couverture, l’en recouvrit. Puis,
tirant de la grande ceinture qui lui drapait le ventre un long poignard à
manche courbe, il coupa les liens des poignets. Fiora soupira de soulagement et
frotta ses chairs meurtries avant de glisser ses bras au chaud de l’épais tissu
laineux.
    – Merci,
murmura-t-elle, et merci aussi pour ce que vous avez fait il y a un instant. Me
direz-vous qui vous êtes et quel...
    – Ne
parle pas ! Dors !
    – Comment
pourrais-je dormir dans la situation où je me trouve ? Ne comprenez-vous
pas...
    – Tu
vas dormir. Avec ça.
    Le
Noir tira de sa tunique une petite boîte d’argent d’où il sortit une pilule
brune qu’il mit dans la bouche de la jeune femme. Puis, prenant un pot d’eau
posé dans un coin, il lui en fit boire une gorgée.
    – Dors !
répéta-t-il, Domingo reste ici.
    La
drogue devait être puissante car à peine l’eût-elle avalée que Fiora sentit son
corps se détendre sous l’influence d’une torpeur qui n’était pas désagréable.
Avant de fermer les yeux, elle eut le temps de voir le Noir s’asseoir en tailleur
près de l’étroite ouverture par où entrait l’air et faire glisser entre ses
doigts les grains d’un court chapelet d’ambre.
    Quand
elle rouvrit les yeux après un temps impossible à évaluer, l’étroite cellule de
bois était éclairée par un rayon de soleil rouge et horizontal qui annonçait le
couchant. L’homme noir avait disparu et Fiora vit qu’elle était seule. En se
redressant, elle découvrit des habits posés sur ses pieds et se hâta de les
revêtir. Il y avait une chemise et des caleçons d’une toile de Flandre d’assez
belle qualité, une robe de tiretaine grenat avec une ceinture de cuir tressé et
des manches lacées, enfin des bas et des chaussures qu’elle reconnut pour être
celles qu’elle avait ôtées la veille en se couchant. C’était loin d’être
élégant, mais ainsi vêtue Fiora se sentit mieux, et surtout plus en sécurité.
Un voile de tête et un grand manteau noir à capuche complétaient l’équipement.
Elle les laissa de côté pour le moment et s’approcha de l’ouverture qui
laissait entrer la lumière pour aspirer l’air tiède déjà chargé de senteurs
marines.
    La
barge avançait toujours, poussée par les longues rames dont elle pouvait
entendre le clapot régulier et aidée par le courant du fleuve. Une rive
couverte de hautes herbes et bordée de roseaux défilait lentement à la hauteur
de ses yeux. Elle était toute proche et Fiora fut saisie de l’envie
irrésistible de la toucher, de la rejoindre. Il fallait qu’elle trouve un moyen
de quitter ce bateau et d’échapper à ces ennemis inconnus qui l’emmenaient Dieu
sait où. Peut-être en Afrique ? L’homme, hier, avait parlé d’une caraque
attendant à Nantes et le Noir Domingo avait dit qu’elle valait beaucoup d’or.
Se pouvait-il que ces gens l’eussent enlevée pour la vendre comme esclave à
quelque Sarrasin ?
    Pour
évaluer ses chances, elle alla près de la porte. Elle était fermée à clef, bien
sûr, mais ne semblait pas très solide. Elle avait cet aspect fragile, un peu
branlant des battants qui ne tiennent que par un loquet. Peut-être serait-il
possible de le soulever en introduisant un objet long et mince dans la rainure ?
Et Fiora commença une inspection minutieuse de sa prison, dans l’espoir de
trouver ce qu’il fallait pour s’en servir quand la nuit serait venue.
    Évidemment,
elle ne savait pas sur quoi donnait cette porte ni ce qu’elle trouverait
derrière. Le faux marchand avait bien parlé de dix hommes, mais Fiora avait
besoin de cette activité qui lui permettait de rêver sa prochaine

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