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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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lui.
    – Fais-les
attendre dans la salle du Perroquet dont tu feras fermer les portes
soigneusement. Ah ! j’oubliais : fais prévenir le cardinal
camerlingue [x] mais qu’il vienne seul ! Donne-moi ton bras, Rodrigo !
    Borgia
se fit d’autant moins prier que ce préambule l’avait alléché et qu’il grillait
de curiosité. Dès qu’il était question d’une femme, et surtout d’une inconnue,
l’appétit proverbial du beau cardinal espagnol se manifestait. Toujours « merveilleusement
disposé à l’amour », il entretenait, outre une maîtresse en titre dont il
avait deux enfants, de nombreuses courtisanes qui contribuaient à l’agrément du
somptueux palais qu’il possédait à la Zecca. Flairant d’autre part une odeur de
mystère car Montesecco, l’homme de main du pape, avait disparu du Vatican
depuis plusieurs mois, il eût porté Sa Sainteté dans ses bras si Celle-ci en
eût manifesté l’intention.
    Hélas,
à sa grande déception, une fois arrivé dans ses appartements, Sixte IV le
remercia benoîtement de son aide, puis lui donna sa bénédiction et un
rendez-vous pour le lendemain.
     
    Dire
que Fiora était fatiguée relevait de l’euphémisme. Jamais elle n’avait connu
pareille lassitude, même après la naissance de cet enfant à qui elle n’osait
plus penser pour ne pas sombrer dans le désespoir, même dans cette vie
épuisante qu’elle avait connue l’an passé en suivant les pas du Téméraire.
    Durant
des semaines, la caraque avait tracé son chemin difficile au long des côtes de
France, d’Espagne et du Portugal, emportée par les tempêtes d’équinoxe où la
prisonnière avait pensé périr cent fois. En passant les anciennes colonnes d’Hercule,
on n’avait dû qu’à un brouillard soudain d’échapper à un pirate maure et c’est
seulement une fois entré en Méditerranée que le courageux navire avait connu un
peu de calme. Mais l’automne était là, et il avait fallu lutter contre un grain
furieux qui s’était levé au large de la Corse et l’avait jeté à la côte,
heureusement assez près de Civita Vecchia pour qu’il pût entrer au port en
évitant le naufrage.
    Tout
ce temps, Fiora l’avait passé enfermée dans sa cabine sans voir quiconque,
sinon Domingo qui veillait sur elle avec une constance qui avait fini par la
toucher. Il lui apportait à manger, lavait son linge et même lui racontait les
menus faits qui se passaient sur le bateau. Bien sûr, il avait soigné le mal de
mer qui l’avait laissée sans forces au fond de sa couchette, souhaitant
éperdument que cet infernal vaisseau s’engloutît corps et biens pour que cesse
son supplice. Mais, après deux bonnes semaines, les nausées s’étaient retirées
et Fiora, qui n’avait guère pu avaler pendant tout ce temps que des tisanes de
menthe froides et sucrées, put s’alimenter un peu mieux. Les bouillies de
céréales et la viande séchée n’étaient pas vraiment susceptibles d’ouvrir l’appétit,
mais il fallait vivre. Une courte escale que l’on fit à Cadix permit d’embarquer
des vivres frais, des œufs et des oranges, et de poursuivre le voyage sans trop
de dommages. Fiora d’ailleurs n’était pas seule victime du mal de mer.
Montesecco en avait souffert sévèrement et, de ce fait, n’avait visité sa
prisonnière que deux fois. Ce dont elle ne s’était pas plainte.
    A
fréquenter quotidiennement le grand Nubien, Fiora avait fini par apprendre de
lui certaines choses. D’abord que, s’il jouissait de la confiance du pape, il n’en
était pas moins un esclave attaché à sa maison particulière. Le Saint-Père
appréciait sa force, sa sagesse et son goût du silence. S’il l’avait envoyé
avec Montesecco, c’était pour être bien certain que la prisonnière aurait une
chance d’arriver à destination sans avoir été trop molestée.
    – C’est
étrange, dit alors la jeune femme. Lorsque tu m’as sauvée de lui sur la barge,
il venait de me menacer, si je ne lui obéissais pas en tout, de m’attacher à
fond de cale et de me livrer à ses hommes qui étaient au nombre de dix dont un
Tartare et un Noir. Y a-t-il un autre Noir que toi ?
    – Non.
Je suis le seul et c’était pure vantardise. Il voulait te terrifier dès le
premier abord.
    – Pourquoi,
alors, te laisse-t-il t’occuper seul de moi ? Il ne craint pas que...
    Pour
la première fois, la jeune femme entendit rire Domingo. Un rire à sa taille qui
fit vibrer les petits carreaux de

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